
Les Africains, ces grands enfants ! Pourrait-on commenter au lendemain de la visite très mouvementée de François Hollande à Dakar. Une « contre-visite » pour réparer, dit-on, les fautes de la France, notamment liées à l’esclavage et à la colonisation. L’occasion aussi d’effacer le discours mémorable d’un autre président, qui estimait que l’Afrique n’était pas assez entrée dans l’histoire.
A-t-on besoin de François Hollande pour savoir que l’Afrique est le berceau de l’humanité ? Ou pour s’apercevoir que l’Afrique est le continent de l’avenir ?
La réponse est non. Et pourtant, on se réjouit d’être les premiers à recevoir en terre africaine, Papa Hollande tout en sourire, fraîchement débarqué du ciel hexagonal, avec dans les mains des friandises par milliers, non sans repartir avec les requêtes des grands comme des petits, un cahier de doléances : visas pour les uns, appuis budgétaires ou contrats pour les autres, tout y passe. François Hollande à Dakar, et l’Afrique s’arrête de respirer, comme dans les rues de la capitale où certains axes routiers sont interdits à la circulation, empêchant populations et riverains de vaquer à leurs occupations. Sécurité oblige !
D’autres ruelles ont profité de la visite du « père » Hollande pour faire peau neuve, un toilettage inhabituel mais à la dimension de l’hôte qui foule le sol dakarois pourtant habitué aux ordures qui ont l’air de ne déranger personne. Parce que nos élus, très peu soucieux de l’insalubrité galopante qui a fini de transformer le visage de la capitale, verraient mal qu’un hôte puisse découvrir, le temps d’une visite, le triste quotidien des populations en proie à la saleté ambiante, ces plaies ouvertes sur le monde que nos autorités chercheraient à dissimuler pendant les quelques heures de visite d’un président qui ne connaît rien de l’Afrique, en dehors d’un bref séjour appuyé d’un discours rédigé pour la circonstance (non par lui) mais par des « Guaino » que certains qualifient de nègres de service.
Mais là n’est pas la question. Demain est un autre jour, le soleil se lèvera sur Dakar qui se souviendra de la visite d’un certain Papa Hollande.
Mais Dakar devra garder son mal en patience et supporter de nouveau le poids de son insalubrité, malgré ce tonitruant remue-ménage de circonstance que l’on ne voit que dans les pays moins avancés comme les nôtres, où tout est question de circonstance, d’opportunisme. Ce, pour démontrer à Papa Hollande qu’on est propres, qu’on ne p… pas comme disait Jacques, le prédécesseur du prédécesseur de Papa Hollande.
Fidèles à nos habitudes, nous les grands enfants, avons dansé une fois de plus : hier devant De Gaulle, ensuite Mitterrand, puis Chirac et dernièrement Sarkozy, aujourd’hui Hollande, qui à son tour s’est amusé à nous jeter des fleurs en même qu’il nous sermonnait, tout en nous rassurant qu’il n’était pas en train de nous donner des leçons, comme l’autre, le nain. Nous, Africains, grands enfants que nous sommes, l’avons cru, avons gobé ses dires en toute fierté et en toute naïveté, comme si ce discours, à lui seul, pouvait changer tel un disciple de Poudlard muni d’une baguette, le sort de tout un continent dont Papa Hollande vient de lister les maux qui freinent son envol.
D’éternels grands enfants, soucieux de leur image auprès du père, qui ce 12 octobre à Dakar, a distribué de bons et de mauvais points, tout en se gardant de fâcher les moins méritants.
Mais une chose est sûre : il faut que l’Afrique cesse d’être le lieu de tournage du grand théâtre de l’Occident, une tribune ouverte à des politiques parfois en manque de popularité ou en quête de reconnaissance, prêts à jouer les humanistes et redorer leur image auprès des leurs, afin de gagner quelques points dans les sondages, ce, au travers de discours fleuve noyés dans des généralités, une manière à eux de soigner leur stature à l’international. Car on imagine mal Macky Sall, en sa qualité de président de la République du Sénégal, centraliser l’attention du Palais Bourbon ou encore du Parlement européen comme l’a fait Hollande ce 12 septembre devant les députés sénégalais à Dakar, à l’heure où l’on parle réciprocité.
Parce que la France et les Français n’aiment pas perdre leur temps, l'Européen d'une manière générale, tout le contraire des élites africaines, qui doivent arrêter d’impliquer leurs populations dans ces visites d’Etat ! On ne change pas l’avenir d’un continent par des discours, à Dakar ou à Kinshasa, la capitale congolaise qui s’apprête à prendre la relève, et jouer à son tour, le rôle de l’idiot utile, le temps d'un week-end.
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