
On la croyait révolue, l’époque de la transhumance politique. Parce que la rupture prônée par le nouveau régime s’accommode mal du nomadisme politicien, de la transhumance et du débauchage politique.
Hier ce fut le parti de Me Wade au pouvoir, qui puisait dans les rangs de Rewmi. Aujourd’hui c’est Macky Sall et l’Apr, son parti, qui tentent de « dépeupler » la formation politique du maire de Thiès jadis affecté, en 2007, par la démission de son numéro 2, Awa Guèye Kébé. « Je suis au courant de ses démarches et je m'attends à tout », déclarait un Idrissa Seck affecté mais pas très surpris de la démission, quelques jours plus tard, de l’ex-présidente des femmes de Rewmi. Les amarres rompues, Awa Guèye s’était par la suite évertuée à « ne travailler que pour la réélection de Wade ». Une mission qui s’est avéré être un échec, étant donné que Wade ne sera pas réélu en 2012.
2007 passé, rebelote pour 2013. Le pouvoir, entre temps, a changé de camp, de mains. Alors que les pratiques, elles, demeurent. La transhumance politique ou plutôt le nomadisme politicien, plus que jamais d’actualité dans le landerneau politique. On maudit ceux qu’on a chéris hier, on s’empresse de se jeter dans les bras de ses ennemis de circonstance, on les embrasse sur les lèves.
En route vers les Locales, l’Apr fait feu de tout bois et pêche en eaux troubles, jusque dans les flottes « alliées » de Bby. L’Alliance aspire à la massification, elle jette ses filets et multiplie les tentations en direction d’une formation politique cible : le Rewmi. Dans son viseur, deux dames et pas des moindres, se laisseront tenter.
Démissionnaire de Rewmi en avril dernier, Marie Mbengue, ex-présidente départementale du Parti d’Idrissa Seck à Kébémer, justifie sa décision en s’attaquant à son ex-mentor, Idrissa Seck qui selon elle, « décide seul, ne consulte personne, ne respecte personne, n’a aucune considération pour ses militants». Un discours qui rappelle la dernière transhumance politique enregistrée il y a quelques jours : celle de la notaire qui ne peut plus se taire, Nafisssatou Diop qui a failli provoquer un séisme en retournant sa veste. A l’origine de ce désamour, « Idrissa Seck a toujours agi seul et décidé seul », selon Nafissatou, qui embouche, ainsi, la même trompette que Marie Mbengue.
Curieusement, Diop la notaire s’était rudement attaquée, un mois plus tôt, à Macky Sall. A l’en croire, l’actuel chef de l’Etat « n’est pas suffisamment préparé pour diriger le Sénégal ». Mais Nafi ne se contentera pas que de critiquer le président Sall, d’une manière aussi ouverte, aussi sincère. Elle s’en prend vertement à ses communicants nichés à la présidence de la République, une communication où la « no-taire » note une cacophonie, « trop de désordre ».
Quid de la mise à l’écart de son désormais ex-mentor, Idrissa Seck zappé lors du dîner offert au palais en l’honneur du président Obama ? Nafi, alors chargée de presse à Rewmi, dira de Macky Sall qu’il avait « raté l’occasion de magnifier la démocratie sénégalaise ». Ces accusations assez préoccupantes n’empêcheront pas Nafissatou de se retrouver, un mois plus tard, à la table du « Macky ». Confortant ainsi, l’entreprise de débauchage et l’appel à la transhumance, mis en place par le parti présidentiel. Lequel aimerait porter le coup de grâce à un allié affaibli, mais bien inscrit dans la liste des formations politiques d’opposition.
Pourtant, ces opérations de débauchage politique, tout en ciblant le Rewmi, ménagent temporairement ces autres alliés que sont le Ps ou l’Afp. Pour combien de temps encore ? En attendant de savoir, si les "Apé-rewmistes", Oumar Guèye et Pape Diouf, annoncés à l’Apr, franchiront le pas, comme Nafissatou. Et qui sait, demain, cette déstabilisation progressive de Rewmi, devenue la tête de Turc de l’Apr, pourrait s’étendre aux autres formations politiques alliées. La bataille de la mairie de Dakar, qui aura bien lieu, donnera le la d’un désamour, prélude d’un divorce inévitable…
Par Momar Mbaye
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