
À quelques jours du XVe Sommet de la Francophonie, organisé à Dakar, pour un coût estimé à presque 59 milliards de FCFA (chiffres officiels), une mobilisation exceptionnelle a été rendue pour accueillir des personnes qui vont soi-disant "admirer" la capitale. Malheureusement, ils ne vont pas l'admirer: ces « mecs » vont voir que la ville est sale malgré les efforts fournis. Le monde entier sait que Dakar est salle. On a l’habitude de voir des gens pisser dans les rues, des vaches qui se promènent tranquillement pour brouter les mauvaises herbes, des chiens enragés, des ordures inimaginables, j'en passe.
L’autoroute à péage fermé les 29 et 30 novembre? Pour assurer la sécurité des chefs d'Etat? De qui se moque-t-on?
Maintenant revenons à la francophonie :
Chers amis, vous souvenez-vous de cette phrase?
«Africains, Africaines, la France compte aujourd'hui sur vous pour ensauvager sa langue.»
Ou alors celle-là ?
«Une réserve naturelle, peuplée de bougnoules et de nègres dont on attend qu'ils épicent, pimentent, et mieux, saillissent la langue de Vaugelas.»
N’ayons pas peur des mots, la francophonie est une supercherie du colonisateur, un nazisme linguistique ! La France aurait fait don de ses principes universels mais également de sa langue, laissée comme offrande aux peuples qu'elle a occupés. Objectif? Maintenir sa présence en Afrique avec un rôle paternaliste. Je peux pousser la réflexion plus loin mais cet article ne suffira pas.
La vérité de la question est que l'Occident en général, et la France en particulier ne peut pas se faire sans l'Afrique; surtout que la crise économique causée par la corruption du système financier occidental est morbide en même temps menaçant. L’Afrique est indispensable sur la viabilité économique de nombreux pays de l'OTAN compte tenu de leurs importants intérêts économiques. La guerre menée par les Etats-Unis d'Amérique et de ses alliés de l'OTAN contre la Libye et la Côte d'Ivoire pour le pétrole explique tout. L’incursion militaire soutenue par l'Occident dans l'Est du Congo pour piller les minéraux et accentuer des conflits entre Rwandais et Ougandais est un autre fait.
Des références? J’en ai plein mais je résume rapidement :
En fait, en 2008, l’ancien président Jacques Chirac a reconnu que «sans l'Afrique, la France va glisser vers le bas dans le rang de troisième puissance. Maintenant, la France est le cinquième pouvoir économique plus forte dans le monde (grâce à l'Afrique), mais le Brésil, une tiers-puissance mondiale, qui vient dépasser la Grande-Bretagne que la sixième puissance économique mondiale est également, s'apprête bientôt laisser la France en rade et devenir la puissance économique la plus forte.
En 1957 déjà, François Mitterrand prophétisait que «sans l’Afrique, la France ne sera pas d'histoire au 21e siècle»
Jacques Godfrain, ancien ministre français des Affaires étrangères déclare: " Un petit pays, la France, qui a une petite quantité de force, nous pouvons déplacer une planète grâce à nos relations avec 15 ou 20 pays africains ...». Ce qui est compatible avec la politique de la «Françafrique», qui vise à perpétuer une «relation spéciale» particulière avec ses anciennes colonies africaines.
Alors, pourquoi l'Afrique est si importante pour la France? Voici trois raisons:
1°) Le maintien des colonies en dehors des influences américaines, des pays asiatiques et de la Russie.
2°) Assurer un accès permanent à des ressources stratégiques bénéficiant d'un monopole privilégié pour atteindre ses objectifs,
3°) Maintenir son pouvoir sur ses anciennes colonies, maintenir au pouvoir des dictateurs qui se mettront à genoux aux ordres de l'Élysée. En gros la France doit poursuivre une politique globale qui serait économique, politique et culturelle.
En ce 21e siècle, il est de notre ferme conviction, que l'Afrique n'a pas besoin de tous ces résidus du colonialisme, appelés le Commonwealth, la francophonie, ou alors la lusophonie...
Nous entrevoyons deux raisons pour lesquelles l'Afrique doit tourner le dos à la Francophonie notamment:
La France ne respecte pas l'Afrique... « Ce n’est pas moi qui le dit, mais plutôt eux… »
En fait la France considère encore des pays africains comme ses colonies. Souvenez-vous du discours de Dakar. «L’Afrique n'a pas d'histoire et l'homme africain n'est pas pleinement entré dans l'histoire '. Sarkozy a pris une feuille du philosophe français Victor Hugo, qui, à un banquet d'Etat du 18 mai 1879 dit exactement la même: «l'Afrique n'a pas d'histoire ... au XIXe siècle, l'homme blanc a humanisé l'homme noir ». Au XXe siècle, l'Europe va créer un nouveau monde de l'Afrique en la connectant au monde civilisé. » Si vous niez que l'Afrique est le berceau de l'humanité, et que les Africains sont les bâtisseurs de la civilisation egypto-nubienne, tout comme les premiers colons européens qui ont nié les Peaux-Rouges, vous nierez aussi que la francophonie fait partie de la France- Afrique.
Ahhh La France Afrique! Parlons-en !
Avant d'aller à Kinshasa, François Hollande a proclamé la fin de la «Françafrique» et à Dakar il a appelé à «un nouveau partenariat entre la France et l'Afrique fondée sur le respect, la clarté, la solidarité ainsi que de nouvelles relations économiques qui favorisent l'Afrique….
Ironie du sort ! Hollande défend la résolution de l'ONU sur le Mali... Laissez Hollande commencer par le démantèlement du dispositif colonial CFA et nous croirons en lui.
Certains auteurs ont vu la politique africaine traditionnelle de la France comme étant équivalente à la doctrine Monroe américain. Bien que différents dans leurs fins, mais les deux doctrines justifient, essentiellement par des arguments historiques et géographiques, le contrôle exclusif par la France et les Etats-Unis (Amérique latine dans ce cas) de ce qu'ils considèrent comme leur «arrière-cour privée» (arrière-cours). Cela se reflète dans un certain nombre d'expressions françaises utilisées pour décrire les pays africains francophones, comme domaine réservé (domaine privé), chasse-gardée (terre de chasse exclusif) ou pré-carré (préserver naturelle), qui servent de "boucliers dormants «aux grandes puissances. C’est pourquoi, la présence à la barre d'anciennes colonies d'une direction indépendante, fondée sur des principes, immuables de la France est considérée comme un obstacle en tant que tel. L'installation de pions faibles, dépendants qui sont au service des puissances occidentales se poursuit à ce jour. (Inutile de donner des exemples)
«Relations spéciales» = favoriser les intérêts des français !
Si vous regardez l'intégration économique entre les pays qui partagent le franc (CFA) comme monnaie commune, vous remarquerez que le Trésor français tient des milliards de dollars appartenant aux Etats africains des pays francophones de l'Afrique qui sont investis dans la Bourse française ou du Stock Exchange. Les Africains déposent l'équivalent de 65 % de leurs réserves annuelles dans ces comptes comme une question d'accords post-coloniaux. Je ne vais pas étaler les accords secrets dans cet article mais par exemple pour qu’un pays puisse avoir un partenariat avec l’Afrique CFA, il faudrait la permission de la France.
Dénoncer, mais proposer des alternatives !
La voie à suivre pour l'Afrique est d'être unis et de suivre le modèle chinois ou sud-américain. La voie chinoise parce que nous devons compter sur nous-mêmes au lieu de continuer à dépendre de nos anciens colonisateurs, protéger notre souveraineté et exiger une nouvelle relation avec eux sur la base de nos propres termes, sur le respect mutuel et la coopération gagnant-gagnant. Nous devons faire que la France et d'autres pays occidentaux cessent de "couper la même branche d'arbre sur laquelle ils sont assis» (proverbe africain).
Le modèle sud-américain parce qu'ils ont atteint leur propre consensus au lieu de faire confiance au Commonwealth, à la Francophonie, à la Lusophonie, comme le dit, Noam Chomsky : « pour la première fois en 500 ans, l'Amérique du Sud a pris des mesures efficaces pour se libérer de la domination occidentale, une autre perte grave pour l'Amérique. Ils ont également pu se débarrasser de toutes les bases militaires américaines et des contrôles du FMI».
La CELAC, (La Communauté d'États latino-américains et caraïbes), une organisation nouvellement formée, comprend tous les pays de l'hémisphère en dehors des États-Unis et au Canada.
Cela dit, nous sommes d'accord d'utiliser la langue française comme moyen de solidifier nos relations avec les autres pays francophones, d'utiliser la langue française comme moyen de communication mais tout en gardant à l'esprit que c'est un résidu colonial qui sera juste une arme pour réveiller les consciences, une arme pour briser un tabou, un complexe, je me réjouis d'écrire cet article en français qui pourra être lu dans tout l'espace francophone sans pour autant l'ensauvager!
« On n’essaye pas de défendre le français pour défendre le français. On essaye de défendre le français pour apporter une forme de diversité linguistique, culturelle et conceptuelle comme partie intégrante de notre héritage colonial. » Oui je veux faire partie de ces artistes qui, par ma plume, tentera de « panafricaniser » le français.
Neega Mass
Artiste et chroniquer panafricain
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