
Au Sénégal, chaque jour, un nouveau dossier puant fait son apparition. Le peuple spectateur incrédule, dépité, ne sait plus à quel saint se vouer.
Une actualité chassant l’autre, hier la police était mouillée dans des affaires sordides de corruptions dont personne ne connaît précisément le dénouement.
Aujourd’hui, un ex colonel de la gendarmerie s’est pris d’une envie soudaine de publier un livre dont les propos sont d’une extrême gravité.
Dans cet ouvrage, l’ex colonel Abdoulaye Aziz N’daw balance tout en 2 tomes
« Pour l'honneur de la gendarmerie sénégalaise » édition l’Harmattan.
Le colonel accuse son patron de l’époque, le général Abdoulaye Fall de complicité avec les rebelles casamançais. Il décrit « les mensonges, les manipulations, les pots-de-vin, le népotisme » « Des tentatives de chantage et d’extorsion de fonds » qui seraient révélateurs d’agissements sous le précédant régime.
Vérités ou mensonges, informations ou désinformations, manipulations, diffamations, qui croire ?
Dans un pays où l’on aime se servir, dans un pays où l’argent, l’enrichissement par le levier « des nominations et postes » sont au cœur des préoccupations des élites. Il est permis de douter.
Ainsi, dans cette triste affaire, la bonne réponse du gouvernement aurait été de prendre urgemment des mesures provisoires avec suspension des fonctions à l’encontre des intéressés pour vérifications approfondies. Laisser en l’état est une erreur manifeste d’appréciation des autorités.
De la même manière, le mutisme des autorités a pour effet une quasi- homologation implicite des propos du colonel.
Ne rien faire, ne pas restaurer la vérité reviendrait à discréditer de manière durable l’image et la réputation de cette institution.
Par ailleurs, il semblerait que la ligne du gouvernement est de ne pas commenter des ouvrages publiés. C’est une position ahurissante si l’on sait qu’il existe d'honnêtes patriotes dans ce corps qui servent avec honneur et loyauté leur pays dont certains y ont laissé leur vie.
Pendant ce temps, notre colonel est actuellement attaché militaire en Italie, notre général est ambassadeur du Sénégal au Portugal.
Qu’attendent nos autorités pour action ? C’est inadmissible.
Dans cet intervalle, les spéculations vont bon train, les journalistes glosent sur le sujet, les commentateurs anonymes ou pas commentent et puis rien du côté des institutions.
Quelle attitude adopter, nous citoyens, face à ces révélations ?
Il nous faut rester vigilent dans un premier temps. Ensuite, attendons les preuves avant de faire monter la pression.
Dans tous les cas, nous ne pouvons rester spectateur, nous aurons notre part de responsabilité.
Si nous sommes attachés à un état de droit, à la défense des libertés publiques, à la transparence et à la bonne gouvernance, la vérité objective doit être faite sur cette affaire. Ceci devient une impérieuse nécessité.
Une enquête indépendante et détachée de toute récupération politique doit être menée.
Si les propos du colonel sont fondés, les protagonistes doivent être punis de manière énergique et exemplaire.
Néanmoins, il n’est pas exclu de se poser des questions.
1) A qui profite le crime ?
2) Pourquoi faire de telles révélations aujourd’hui ?
Si nous partons du postulat qu’il n’existe pas un secteur ou une institution qui fonctionne correctement au Sénégal.
Si nous partons du postulat que les rêves de 2012 en la nomination du Président Macky Sall se sont vite transformés en désillusions.
Plus personne ne parie sur sa capacité à surprendre dans le sens positif.
Il est évident que nous ne connaissons que la partie visible de l’iceberg et que le cynisme de certaines manœuvres politiques ne surprend que les plus naïfs d’entre nous.
Ce que l’on connaît et que personne ne pourra contester est que l’ennemi du Sénégal c’est ce cancer qui est la corruption.
La corruption nous ronge de l’intérieur, fausse tout, freine l’innovation, empêche l’investissement, décourage le travail, installe des caïds et des cartels.
Qui a lu Machiavel comprend que l’on ne trompe pas ses troupes mais ses ennemis. C'est ainsi que le corrupteur et le corrompu acceptent de facto de choisir notre pays le Sénégal comme ennemi.
Vive l’engagement citoyen, Vive le Sénégal !
Oumar Kane
Juriste / membre du mouvement Y en a marre « Paris »
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