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Communique

Après la sortie de Tounkara sur la rédaction du communiqué du conseil des ministres : le Dircab de Latyf réagit

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Après la sortie de Tounkara sur la rédaction du communiqué du conseil des ministres : le Dircab de Latyf réagit

Des bons et mauvais usages dans le langage juridico-administratif : échange  avec  un correcteur public déclaré.

De manière générale, la langue française est connue pour son extrême complexité, comparativement aux autres langues internationales, comme l’anglais. D’après certaines sources historiques, cette spécificité lui vient de son statut de « langue d’élite » au moyen âge, du fait de l’étroitesse de son champ d’utilisation, réservé exclusivement aux « instruits », tandis que la majorité des locuteurs était cantonnée au latin. Cette langue est néanmoins accessible à la compréhension humaine, puisqu’elle fait l’objet d’enseignement et de recherche, selon la formule consacrée par les universitaires.

Depuis un certain temps, un homme respectable et exerçant une noble profession s’invite dans la critique de texte administratif, ce qui relève de ses prérogatives intangibles de citoyen, s’exprimant librement dans un Etat de droit.

Les productions publiques (actes, actions ou opérations…) engagent toute la République et  concernent donc toute la communauté de citoyens. En effet, le « nom de famille » d’une République, est « public », comme composante sémantique et adjectif directeur accompagnant sa manifestation pratique. Ainsi, tout ce qui se rapporte essentiellement à l’Etat ou à son expression est public par nature et par destination. On parlera ainsi d’action publique, d’administration publique, de travaux publics etc.

Toutefois, lorsqu’un citoyen s’exprime publiquement, il doit, en principe, sentir naître, à sa charge, un sentiment de responsabilité. Il doit également et surtout s’assurer de toutes les précautions et vérifications utiles à son action. Cet effort minimal fait souvent défaut, dans la scène des publications libres. Il en est ainsi de la critique portée sur le texte du communiqué du Conseil des Ministres, du 06 août 2013.

Un collaborateur a attiré mon attention sur l’intervention du respectable citoyen, cité supra, qui a considéré comme fautes d’orthographe ou de grammaire, les emplois de majuscules pour Président de la République, Premier Ministre, Conseil des Ministres, Chef de l’Etat.

Les précisions suivantes s’imposent :

  • de principe, le langage juridico-administratif même s’il n’est pas contraire au langage littéraire classique, comporte néanmoins des nuances et spécificités, en rapport avec le symbolisme institutionnel, si cher au Général Charles de Gaulle. Par exemple chez les Juges, on emploie des « attendus », pour distinguer les alinéas dans une décision, ce terme n’a pas d’équivalent dans le langage courant. De même, un texte normatif (décret ou arrêté) comporte des visas (Vu la Constitution…Vu la loi 92…), très différents dans le sens, des visas Schengen intéressant un voyageur ;

  • la source obligatoire qui fonde notre style de rédaction est la Constitution du Sénégal, loi fondamentale qui a mis en majuscule la première lettre de Président de la République, Premier Ministre, Conseil des Ministres, Chef suprême des Armées… (articles 42 à 45 de la Constitution, version publiée dans le site officiel du Gouvernement du Sénégal, voir http://www.gouv.sn/IMG/pdf/Constitution.pdf);

  • c’est la même Constitution qui permet de porter les critiques en français puisque c’est ce texte qui a érigé cette langue en langue officielle. Dès lors, il serait heureux pour notre citoyen respectable de se conformer à l’ensemble du bloc de constitutionnalité, en acceptant l’emploi des majuscules, comme indiqué par ce texte.

  • En tout état de cause, les agents publics n’ont d’autres choix  que de se conformer au style et aux emplois de notre loi fondamentale. Pour un  choix doctrinaire, entre Voltaire des littéraires et Montesquieu des juristes-politiste, ils choisiront Montesquieu.

  • etc.

Par ailleurs, les majuscules ne sont pas destinées à des personnes mais à des institutions que l’on met en relief, à bon droit d’ailleurs, puisqu’on est en République. Le surplus d’observations (les virgules, les points entre les chiffres pour les nombres), nous semble sans intérêt.

La rédaction administrative que les Ecoles d’Administration publique enseignent ne s’accorde pas avec les esprits libres, du fait de sa neutralité essentielle, ses normes et ses symboles.

Pour finir, il est périlleux, à notre avis, pour un être humain, imparfait par nature, de naviguer dans l’absolu, réservé au Bon Dieu. Monsieur le correcteur public, avec le respect dû : les désirs et les perceptions ne sont pas des normes, celles-ci sont beaucoup plus complexes !   


*Cheikh DIENG, Magistrat, Directeur de Cabinet du Ministre de la Promotion de la Bonne Gouvernance, Porte-parole du Gouvernement.             


    

 



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