« Maman », l’interpelle-t-il tendrement. Ce surnom assez révélateur, témoigne de toute l'importance qu'occupe Amsata Sadio dite «Maman» dans la vie de Youssoupha Mané, son époux, tétraplégique depuis 19 ans. Dans leur lointaine demeure plutôt proprette, posée à l'angle de la Cité Comico de Yeumbeul, le bonhomme, fourré dans un caftan marron qui nous accueille, est cloué sur un fauteuil roulant. Sa femme, dévouée, à ses côtés depuis 25 ans, l'assiste en Tout. Résignée à son destin de femme traquée par la fatalité et soumise, elle s'occupe jour et nuit, sans faillir, ni faiblir, de son homme, atteint de paralysie totale.
Ce «gros» bébé qu'elle adore, chérit et qui lui a donné 3 bouts de bois de Dieu. En cette journée du 08 mars dédiée à la femme, L'Obs s'est penchée sur le quotidien de ces femmes souvent reléguées aux oubliettes, mais qui mènent, à leur façon, leur combat «Je me nomme Amsata Sadio. Je suis femme au foyer et je suis âgée de 43 ans. J'ai arrêté mes humanités en classe de Cm2. Je suis l'épouse de Youssoupha Mané, qui, aujourd'hui, est tétraplégique.
Avec mon mari, on se connaît depuis l'enfance. En fait, nous avons grandi dans la même maison. Il m'a épousée alors que j'avais 16 ans. Nous sommes originaires de la Casamance. Moi, je suis de Sédhiou et lui d'un petit village près de Sédhiou. Nous avons 3 enfants, tous des garçons. Depuis avril 1993, mon mari est paralysé. Il revenait d'une mission au Libéria en janvier 1992 et on l'avait affecté à Kaolack. Mais quand il partait en mission au Libéria, il m'a demandé d'aller l'attendre au village auprès de sa famille. En femme soumise, je me suis pliée à sa décision.
A la fin de sa mission, Il a bénéficié d'une permission de 03 jours avant d'être affecté à Kaolack
C'était la dernière fois que je le voyais maitre de tous ses membres(sic). Quatre mois plus tard, je le retrouvais paralysé. «Jamais au grand jamais, je n'abandonnerai mon époux» Il m'a précédé à Kaolack. Je devais le rejoindre par la suite. Mais au dernier moment, il a été décidé qu’il serait affecté en Casamance dans la zone d'Effok (Village de la Casamance). C'est au lendemain de son départ pour la Casamance que j'ai rejoint la base de mon mari à Kaolack.
J'y suis allée en compagnie de son petit-frère. C'est une fois sur place que j'ai su que mon mari avait été affecté en Casamance. Une semaine après, il a été grièvement blessé. C'était exactement le 18 avril 1993. Il était chauffeur dans l’Armée. Son contingent a été attaqué par les rebelles. Il a reçu une balle au cou. Quand son grand-frère, qui est amputé d'une jambe suite à un diabète sévère, m'a annoncé la nouvelle, j'ai senti le sol se dérober sous mes pieds. Et pourtant, il a partagé notre dîner, mais il a fait comme si de rien n'était. Par la suite, il nous a convoqués dans le salon pour nous annoncer la nouvelle.
J'ai poussé un hurlement de bête blessée. J'en ai oublié de me retenir devant mes enfants car, je ne voulais pas qu'ils l'apprennent ainsi. Ils m'ont suivi dans mes hurlements ameutant tout le voisinage. Mon beau-frère a chercher à me rassurer, en me disant que mon mari n'était pas mort, mais juste blessé. Evacué à l'hôpital Principal de Dakar, je l’y ai rejoint le lendemain matin, en compagnie de son petit-frère.
Une fois à Dakar, je me suis rendue au quartier Khar-Yallah de Grand-Yoff où je logeais dans une famille de Sarakholés. Je dirais au passage que ce sont des gens d'une bonté inouïe que je ne me lasserai jamais de remercier. La maîtresse de maison m'a toujours exhorté à garder le courage et à avoir foi en Dieu. Par la suite, je suis allée loger pour quelque temps chez ma grande sœur au quartier Usine Bene Tally.
C'est en sa compagnie que je me suis rendue au chevet de mon mari. Il était dans le coma et portait une minerve au cou. Il était incapable de bouger. Et quand on lui rendait visite, on se contentait juste de le regarder à travers la baie vitrée. A cet instant précis, j'ignorais qu'il était paralysé. Je ne pouvais le savoir, car il était tout le temps allongé et les médecins ne voulaient rien me dire. Il est resté 03 jours dans le coma. Pour être plus proche de lui, j'ai pris une chambre en location à Grand-Yoff, près du Monument.
Je faisais la navette tous les jours entre l'hôpital et la chambre, avec mes enfants. L'un que je portais au dos et l'autre que je tenais par le bras. Je prenais le car rapide jusqu'à Sandaga et le reste du trajet qui menait à l'hôpital, je l'effectuais à pied. Je restais à son chevet jusqu'à 17 heures et je rentrais. Entretemps, il avait recouvert l'usage de sa voix, mais ses membres restaient inanimés. Je pleurais beaucoup mais, je m'en suis toujours remise à la volonté divine. Jamais l'idée de se séparer de moi ne lui a traversé l'esprit. Moi non plus, je n'ai jamais pensé l'abandonner car, aujourd'hui, je le considère comme mon grand-fière et vice-versa.
Quand sa famille a été mise au courant de l'accident et qu'elle a su que j'étais à son chevet, elle était rassurée et savait qu'elle pouvait dormir tranquille car, jamais au grand jamais, je n'abandonnerai leur fils, parce qu'il est paralysé (son mari, présent au moment de l'entretien, verse de chaudes larmes et appelle leur fils pour les essuyer). Certains pensaient que j'allais le faire, mais aujourd'hui, l'avenir leur a prouvé le contraire. Je resterai avec lui jusqu'à ce que la mort nous sépare. Sa grande sœur est venue de la Gambie pour me suppléer. J’ai résilié mon bail de location à Grand-Yoff pour retourner auprès de cette famille Sarakholé de Khar-Yalla qui m'a toujours soutenue.
Un jour, alors que je m'apprêtais à me faire des tresses, cette maman Sarakholé m'a dit ceci : «Quand une femme traverse de pareilles situations, elle doit être comme une femme en deuil. Ton mari est malade, tu ne dois pas te faire belle pour attirer l'attention des autres hommes sur toi». C'est ainsi que j'ai arrêté de me faire des tresses avec des mèches jusqu'au jour où on a enfin accordé à mon mari la permission de venir passer la Tabaski en famille. Cela, après un long périple entre l'hôpital, Principal, l’Uasso (hôpital militaire de Ouakam) et le camp Leclerc où il effectuait ses séances de kinésithérapie. C'est durant cette fête que j’ai recommencé à me tresser avec des mèches.
Il a été balloté entre les hôpitaux de 1993 à 1995. Pendant tout le temps qu'il était alité, nous survivions grâce à sa solde et sa pension de retraite. Ma mère était venue m'assister et en partant, elle a emmené mes enfants en Casamance afin de m'alléger un peu. Mais en partant, elle m'a prié de me conformer aux désirs de mon mari et de rester digne dans l'épreuve. Hormis sa solde et sa pension, l’Armée ne nous a octroyé aucune indemnité. Il avait sa pension de retraite, sa pension d'ancienneté et d'invalidité. On s'est serré la ceinture et on faisait de l'épargne avec sa pension d’invalidité qui lui a permis de s'acheter ce terrain en 2008 à 1,5 millions.
J'avais également souscrit à une assurance-vie à Alico (société d'assurance). Avec sa blessure, on m'a payé tous mes droits qui s'élevaient à 1,8 million Cfa. C'est avec cet apport et les frais d'assurance de l’Armée que nous avons commencé à construire cette maison. Nous l'avons finalement achevé quand mon mari à contracté un prêt d'1,5 million Cfa à la banque.
Cette maison, nous l'avons acquise à la sueur de notre front. On avait même eu une audience avec le chef d'Etat Abdoulaye Wade qui nous avait promis, à nous autres grands blessés de guerre, des maisons mais, jusqu'au jour où je vous parle, on n'a encore rien vu. Mes enfants ont vécu normalement la situation et ils ont un cursus scolaire correct. Notre benjamin vit actuellement à Kolda avec un de mes frères. C'est moi qui m'occupe personnellement de mon mari. Je l'aide à prendre son bain, je l’habille, je l'aide à manger et tout. C'est comme s'occuper d'un gros bébé. Je représente tout pour lui. Je suis ses jambes, ses mains et ses bras.
C'est très difficile parfois, mais c'est mon devoir et je n'ai jamais perdu espoir. Je ne cède jamais au découragement. Je prie le ciel de m'accorder la force de m'occuper encore et toujours de mon mari. Jusqu'à mon dernier souffle. Je ne cède pas à l'appel des sirènes et aucune richesse ne vaut mon mari. Je me contente de ce que j'ai.
39 Commentaires
Jja
En Mars, 2012 (20:47 PM)Mam Diarra
En Mars, 2012 (20:50 PM)Kane
En Mars, 2012 (20:57 PM)Anonyme
En Mars, 2012 (20:59 PM)Beee
En Mars, 2012 (21:09 PM)Anna30
En Mars, 2012 (21:16 PM)Quiz
En Mars, 2012 (21:29 PM)Les Grandes Dames
En Mars, 2012 (21:34 PM)Senegalese
En Mars, 2012 (21:43 PM)C'est cela le resultat de la gestion facheuse de wade, a la place des neccessiteux il offre des maisons et des millions a des genres comme yawou diaal et j' en passe.
Brave Dame
En Mars, 2012 (21:59 PM)Wahoo
En Mars, 2012 (22:18 PM)Miss
En Mars, 2012 (22:27 PM)Ok
En Mars, 2012 (22:32 PM)Tu seras récompensé par ALLAH
Fa
En Mars, 2012 (23:37 PM)Ness
En Mars, 2012 (00:01 AM)Fem
En Mars, 2012 (00:26 AM)Je Parviens Pas à Retenir Mes
En Mars, 2012 (00:46 AM)Mane Khanaa
En Mars, 2012 (01:10 AM)Samy
En Mars, 2012 (04:31 AM)Aicha1989
En Mars, 2012 (06:07 AM)Loli
En Mars, 2012 (08:16 AM)Khalat2
En Mars, 2012 (08:27 AM)Aide Et Assistance
En Mars, 2012 (08:55 AM)Ystry
En Mars, 2012 (09:02 AM)Manga
En Mars, 2012 (09:12 AM)Ma Astou
En Mars, 2012 (10:11 AM)kel brave femme, machallah ke Dieu t'accompagne et t'assiste. amen
Amine
En Mars, 2012 (11:27 AM)Sn
En Mars, 2012 (11:28 AM)"Cette maison, nous l'avons acquise à la sueur de notre front. On avait même eu une audience avec le chef d'Etat Abdoulaye Wade qui nous avait promis, à nous autres grands blessés de guerre, des maisonsen mais, jusqu'au jour où je vous parle, on n'a encore rien vu".voleurs
Voila une raison parmi des milliers pour ne pas voter Wade et son regime corrompu de voleurs
Fiere De Toi
En Mars, 2012 (11:32 AM)Yes
En Mars, 2012 (11:40 AM)Marie Sarr
En Mars, 2012 (11:44 AM)Temoin
En Mars, 2012 (12:53 PM)Demdik
En Mars, 2012 (13:10 PM)Tine
En Mars, 2012 (23:22 PM)Gilou
En Mars, 2012 (12:22 PM)Teluxxx
En Mars, 2012 (14:18 PM)Alia
En Mars, 2012 (09:08 AM)Aicha90
En Mars, 2012 (12:48 PM)Allahu Akbar!!rares sont tes valeurs ma soeur.kAllahswt te retribue tout ceci par Al Jannah et fasse que nous ayons pareilles valeurs ou plus inchAllah.
SAW a dit dans un haith sahih:
"Si je devais demandais à une créature de se prosterner devant une autre,je demanderai à la femme de se prosterner devant son mari."
Dans un autre Il SAW dit:
"la femme ne réussirait pas à payer son époux meme si elle lui léchait tout le corps alors quil est couvert de plaies"
Juste pour vous dire l'importance qu'on doit accorder à nos époux.
De meme SAW dit ceci (aux hommes):
"Le meilleur d'entre vous est le meilleur envers les siens (ses épouses et sa famille en généra), et je suis le meilleur envers les miens".
Alors vous musulmans maltraitant vos épouses,qu'avez vous à ne pas essayer de faire comme celui dont aucune épouse ne s'est jamais plainte!!!
kALLAHswt nous accorde les meilleurs époux et que l'on soit les meilleures pour eux aussi inch car encore une fois SAW disait:"la meilleure richesse qu'un homme peut posséder ici bas c'est d'avoir une bonne épouse."
Quel religion pour donner à la femme toute son importance et bien la protéger de toute nuisance que ISLAM???
nagnou hame sougnou bopp mes chères soeurs!!!
wslm wr wb.
Fa
En Avril, 2012 (16:37 PM)Participer à la Discussion