A part les courbatures ou les aphonies ? Qu'aura-t-on retenu
quand les bandes sonores seront recouvertes d'un film de poussière sur
d'obscures étagères de salles d'archives ? Comment nous les femmes sommes
considérées et nous comportons les 364 autres jours qui ne sont pas à nous
? C'est là que commence réellement la distorsion. L'égalité ne doit pas
être 1 jour pour 364 autres. Elle ne doit même pas être le partage de
Salomon : moitié-moitié, mais tous les jours pour tout le monde.
Certes, du point de vue juridique et institutionnel, beaucoup a été fait.
La volonté politique également est là. Avec des raisons plus ou moins
désintéressées (plutôt moins que plus d'ailleurs) mais peu importe, toute
opportunité est bonne à prendre. Mais on aimerait tant « faire sortir les
mesures du papier » et les voir prendre forme dans la vraie vie ! Pour ne
plus entendre, jour après jour, ce qui devrait être pris comme un
compliment : « Derrière tout grand homme il y a une (grande) femme ».
Pourquoi derrière ? Pourquoi pas aux côtés pour une entraide mutuelle ? Je
rêve de voir le premier rang occupé. que par des personnes compétentes,
qui se battent sans entrave, ni psychologique, ni morale, ni
socioculturelles, maintenant par que la question juridique est (presque)
réglée.
Au concept de parité, je préfère celui d'égalité des chances. A chances
égales, la fille sera plus méthodique, plus attentive, plus acharnée même
à l'école, pour peu qu'on lui donne la chance d'y entrer et surtout d'y
rester. Elle n'en apprendra pas moins pour autant à être la parfaite
petite femme d'intérieur, suivant attentivement sa mère, mais pensera
aussi à faire ses devoirs et apprendre ses leçons après avoir balayé la
cour quand ses frères se seront endormis, fatigués d'avoir trop joué au
football.
A chances égales, la jeune diplômée convaincra les recruteurs
par son discours posé mais déterminé, mais aussi ses diplômes brillamment
obtenus dans des domaines aussi variés que la médecine ou philosophie. A
chances égales, elle se battra deux fois plus que ses collègues mâles pour
rendre le fameux plafond de verre une obsolescence du 20ème siècle.
Car l'égalité des droits n'a de sens que si elle se traduire en faits. Et
ceci, personne ne nous l'apportera sur un plateau d'argent.
Sur le long
chemin de l'autodétermination, il faudra passer par la case sacrifices,
travail acharné, réprobation familiale ou sociale, découragement peut
être, mais continuer le chemin quoiqu'il en coûte. Pour créer chez nous
maris, nos frères, nos pères et . nos fils, nous qui avons l'exaltante
responsabilité de les éduquer, une vraie révolution des mentalités pour
pulvériser les carcans pseudo socioculturels.
L'heure est à l'assertivité ou au pire, à s'en donner les moyens, le
revendiquer avec calme et assurance jusqu'au jour où il sera naturel de
dire Madame le Président, Madame le Directeur Général et se l'entendre
dire sans complexe.
Je ne suis pas féministe. Je suis juste une personne qui refuse les règles
dont je ne suis pas convaincue, qu'elles soient phallocratiques ou non.
Un
grand pas sera fait quand on commencera à se considérer non plus comme
hommes ou femmes mais comme personnes, limitées toutes par nos capacités,
nos compétences ou nos incompétences. Comme personnes, à la limite
asexuées.
Alors, messieurs, en ce 8 mars, offrez nous des fleurs, des bijoux, des
poèmes. on les acceptera avec plaisir, pour mieux retourner à nos droits
et responsabilités les 364 autres jours.
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