Le 4 novembre 2008, avec l’élection de Barack Obama comme président des Etats Unis, restera comme des empreintes digitales sur la mémoire de beaucoup à travers le monde. La fierté a été universelle et les manifestations a travers le monde l’ont démontré. Les Etats Unis ont pu encore, si besoin en était, démontrer au reste du monde que tout peuple est appelé à évoluer positivement, pour sa survie dans l’espace global, même si des considérations socio-économiques doivent être reléguées au second plan. Quand j’écoutais le discours de Barack Obama , les larmes aux yeux (parce qu’en tant que noirs nous venions de briser une barrière) au soir de sa victoire, je me suis posé la question « Qu’est ce que les sénégalais peuvent apprendre de cette victoire ? ». Deux réponses me sont venues automatiquement à l’esprit. La première leçon est la capacité d’Obama de faire fi à cette considération, nous savions infondée, qu’un noir ne serait jamais président des Etats Unis, ou pas de sitôt. La deuxième est qu’il a pu faire face à une génération vieillissante et s’imposer.
Un noir ne sera pas président des Etats Unis de sitôt
Ce qui m’a fasciné chez Obama c’est son audace. Il ne s’est jamais dit que je n’ai pas de chance parce que je suis noir. Il a su se dire je suis américain en premier et en tant que tel j’ai les mêmes chances que n’importe qui convoitant la présidence américaine. Il ne s’est pas déclaré vaincu avant le combat. Certains me diront comment ceci peut-il être une leçon pour le sénégalais ? Je sais que pour les élections qui se sont passées avant 2000, et même au premier tour en 2000, beaucoup de sénégalais ne votaient pas parce qu’ils se disaient qu’ils connaissaient les résultats des élections d’avance. Aujourd’hui sur un plan économique beaucoup de sénégalais avec qui j’ai parlé me disent que le Sénégal ne va jamais changer. Les régimes sont là pour se remplir les poches. C’est comme un gâteau : si tu peux prendre ta part il faut le faire et laisser la place au suivant. Comment on peut avoir un esprit aussi limité et ne jamais se demander comment on peut arriver à avoir une administration moins corrompue ? Comment on peut arriver à avoir une bonne éducation pour nos enfants ? Comment on peut avoir de bons soins de santé pour les populations ? Etc. En regardant ce qu’Obama vient d’accomplir, on peut dire que la réponse a ces questions repose sur l’audace des sénégalais a vouloir changer le statu quo. Il faut reconnaitre que le Sénégal avait agit en 2000, et je continue à croire que les sénégalais agiront encore. Obama a su prouver aux sénégalais que rien n’est figé, tout est appelé a changer- ceci est l’essence même de la vie. Je me rappelle lors des dernières élections présidentielles au Sénégal, je demandais a un ami s’il avait voté et sa réponse a été « c’est une perte de temps ». Quand je lui ai demandé pourquoi, il me répondit « le vieux va gagner ». Je me suis demandé comment on peut démissionner de ses responsabilités civiques en reposant ceci sur des prédictions. Avoir de l’audace c’est ce qu’il faut aux sénégalais qui continuent à croire que le Sénégal ne va jamais changer. Ceci à la limite est un appel patriotique. Les sénégalais doivent savoir qu’un Sénégal autre que celui que va nous léguer Abdoulaye Wade est possible. Un Sénégal où la séparation des pouvoir est une réalité ou la démocratie n’est pas un habit qu’on porte si on s’adresse aux étrangers ou qu’on met dans la valise s’il est temps de la pratiquer. Le peuple doit savoir qu’il est le seul dépositaire du pouvoir.
Obama trait d’union entre la veille et la nouvelle génération
Quand Wade dit « J’ai pas encore trouvé quelqu’un qui peut me remplacer » je dis qu’il a raison. Certains répliqueront que c’est une insulte sur 11 millions de sénégalais. Bien ! Revenons-en à Barack Obama qui a 47 ans et qui faisait face a McCain qui a 72 ans. Quand Barack a délivré son fameux discours en 2004 lors de la convention des démocrates, beaucoup d’entre eux ont vu en lui la nouvelle génération de leaders qui devraient prendre la relève pour diriger le parti démocratique américain. Quand il a décidé d’être candidat, les vieux comme Ted Kennedy et John Kerry l’ont soutenu dés le début pour dire qu’il représentait l’avenir. Nos opposants réunis dans la coalition Front Siggil Sénégal, á l’exception de certains, sont là depuis l’indépendance du pays en 1960. La majorité devrait être à la retraite ou au moins faire partie des sages de leur parti. Sont-ils à blâmer ? Je pense que non. Vu que c’est une tradition politique au Sénégal qui dit que si tu crées un parti, c’est ton bien. Le paradoxe de cette théorie est que l’on veut que ce parti soit composé du commun des sénégalais. Les fondateurs de partis politiques oublient qu’un parti est comme une société privée et que si tu achètes des actions, tu deviens propriétaire. En achetant une carte de membre chaque militant peut aspirer à devenir chef de ce parti. Hélas ces règles élémentaires de vie de parti sont magistralement ignorées par nos dirigeants politiques sénégalais. Ce manque de démocratie au sein des partis d’opposition n’a pas de différence avec le manque de démocratie à la tête de l’état. A mon avis la seule manière de corriger cette vieille pensée qui dit que tu dois rester secrétaire général de « ton » parti politique jusqu’à la fin de tes jours doit venir de la nouvelle génération. Cette génération qui est née après l’indépendance. Donc je dis que Wade a raison s’il dit qu’il n y a personne. Devant lui il voit une veille génération, et autour de lui des gens qui sont accusés d’une mauvaise gestion ou qui ont démontré leurs limites dans la gestion des affaires publiques. Il est temps pour une relève, et si ces vieux opposants aiment le Sénégal, ils doivent céder leur place. Je suis sûr que si les responsables des jeunes dans ces différents partis politiques accédaient à la tête de ces partis, on aurait une différente opposition au Sénégal. Une opposition qui se soucierait de réveiller et d’éduquer les populations, une opposition qui voyagerait a l’intérieur du Sénégal et qui ne se donne pas rendez-vous chez Dansokho pour prendre le thé. Les Etats Unis savent saisir l’opportunité, si elle se présente, pour faire avancer le bien être commun. Mais au Sénégal, l’histoire nous a montré que pour nos politiciens le bien être individuel est plus important.
Le Sénégal a raté deux fois dans son histoire des chances de décoller économiquement, politiquement, et socialement. Le premier rendez vous raté c’est quand Senghor a pris le pouvoir des mains de Mamadou Dia. Beaucoup d’historiens sont tombés d’accord que Dia avait commencé á inculquer une discipline de travail et de gestion au peuple qui devait, si on l’avait poursuivi, nous aurait, peut être, évité cette situation d’incertitude que nous vivons actuellement. Le deuxième rendez vous raté, a mon avis, c’est l’alternance. Beaucoup de sénégalais avaient cru qu’en mettant Mr Wade au pouvoir les choses allaient changer dans le bons sens. Beaucoup de sénégalais s’accorderont avec moi que le Sénégal est en train de vivre les heures les plus sombres depuis l’indépendance. On voit une dégradation dans tous les domaines. Je pense que notre pays ne mérite pas un troisième faux pas qui sera inscrit dans son histoire. Le Sénégal devra démarrer sa quatrième république pas en tant qu’une monarchie mais une REPUBLIQUE oú le peuple fait son choix.
Amadou Toure Texas, USA [email protected]
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