Au Sénégal, rares sont les familles qui ne dépendent pas de la générosité immanquable d’un proche parti s’installer à l’étranger. Précisément, c’est ce devoir de faire vivre la famille élargie qui a poussé une majorité de Sénégalais à s’expatrier, à la recherche d’un travail et de revenus stables.
Mais pour ces familles qui avaient appris à compter depuis des années sur la loyauté indéfectible de leurs proches, la crise actuelle cause des dégâts irrémédiables ! Déjà soumis par ailleurs aux contraintes du confinement, les ménages doivent endurer une chute des aides adressées par leurs proches à l’étranger. Dans les pays d’accueil, parce que certains ont perdu leur emploi voire leurs clients et d’autres sont priés de rester chez eux à cause du confinement imposé, les transferts d’argent vers le Sénégal ont chuté de 30 à 40% depuis le début de l’épidémie. Et la période tombe très mal ; le Ramadan représentant jusqu’à 20% des sommes annuelles transférées au pays…C’est conscient de cette situation et des conséquences intenables pour les familles que des initiatives louables de professionnels voient le jour en ce mois saint du Ramadan.
C’est le cas de l’opérateur WARI, avec le concours de ses banques partenaires,qui vient de lancer les paiements et envois d'argent via WhatsApp et Messenger (https://www.wari.com/wari-whatsapp?utm_source=seneweb). Principaux avantages : une facilité d’utilisation imbattable et pas besoin de bouger de chez soi tout en promettant par ailleurs des promotions et animations régulières…pour que chacun à l’étranger puisse continuer à aider ses proches au Sénégal malgré la crise.
Jusqu’à la tempête actuelle, les chiffres officiels confirment cette hausse durable des transferts financiers de la diaspora qui ont doublé en moins de 10 ans pour culminer à 2,5 milliards de dollars en 2019. Sauf que ces données, aussi éclairantes soient-elles, ne restituent pas toute la réalité des contributions de la diaspora ! En effet, les apports des migrants et leurs descendants ne peuvent plus continuer à être appréciés au regard des seuls transferts d’argent. Si ces derniers constituent un élément fondamental et structurant de la participation d’une diaspora au pays d’origine, ils ne sont pas tout ! Et il est regrettable aujourd’hui que d’autres apports tout aussi substantiels ne soient pas affectés au compte de la diaspora, minorant ainsi dans l’opinion la valeur économique et patriotique de celle-ci. Parmi ces « oublis », on compte :
- La contribution de la diaspora aux chiffres d’affaires des sociétés sénégalaises publiques et privées : transport aérien, maritime et terrestre ; opérateurs télécoms ; banques et autres institutions financières, immobilier…
- La consommation par la diaspora de services publics liés à l’habitat : eau et électricité…
- Les dépenses sur place des milliers de Sénégalais de l’étranger qui viennent annuellement en vacances au pays : hôtels, restaurants, locations de voiture, services culturels, artisanat, produits alimentaires, produits d’équipement de la maison, santé (pour leur famille)…dons aux œuvres collectives et aides en numéraires versées aux familles
- Les entreprises créées directement par les Sénégalais de l’étranger et/ou par participation au capital (investisseurs) et leur impact direct sur l’emploi et l’économie locale et nationale
- Les recettes fiscales (impôts, taxes d’habitation…), douanières, frais consulaires, taxes aéroport…
- Les consommations de produits sénégalais à l’étranger par la diaspora comme les produits agroalimentaires, artisanat, événements culturels…
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En substance et à la lumière des éléments ci-dessus qui se limitent pour des considérations simplistes aux contributions directes, il est indéniable de considérer l’apport des Sénégalais de l’étranger comme l’un despiliers de l’économie nationale et de la société…
Samir Bouzidi
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