Douze longues années se sont écoulées depuis le 19 mars 2000, date de l’accession triomphale du Président Wade à la tête de notre pays. Après 26 ans d’opposition, le plus célèbre opposant politique d’Afrique remportait des élections démocratiques pour la première fois, dans un continent caractérisé par des coups d’état et des conférences nationales qui étaient de mode à l’époque.
Un immense espoir et une joie intense avaient traversé le cœur des Sénégalais et des Africains en ce jour historique. Nous avions tous cru au Grand Soir, au Grand Changement, le SOPI dans sa traduction magique en wolof, après 40 ans de régime socialiste caractérisé sous Diouf par la gabegie, la corruption, l’arrogance… Bref, toutes les tares que des régimes s’éternisant au pouvoir, se couvrent, au détriment de leurs peuples.
Un détail important était passé presqu’inaperçu chez la plupart des observateurs de l’époque, dans l’euphorie de la victoire, une sorte de mauvais casting, suite à la mise en place du premier gouvernement de l’alternance dirigé par Moustapha Niasse. En effet, après cinq mois seulement d’exercice pour ne pas dire d’échauffement, malgré l’immensité du travail qui les attendait, Wade avait accordé des vacances à ses Ministres au mois d’Aout 2000. C’était la première maladresse du nouveau pouvoir qui contrastait avec le slogan accrocheur de Wade « travailler, beaucoup travailler, encore travailler, toujours travailler ».
Ce n’était pas le meilleur signal de changement de mentalités envoyé au Sénégalais longtemps installés dans une sous productivité notoire formalisée par une journée continue décrétée par les socialistes.
Le prochain Gouvernement de l’ère Macky, ne devrait pas prendre des vacances au bout de quelques mois. Même les salariés lambda n’ont droit à des congés qu’au bout de 12 mois de travail continu et mérité.
Le 25 mars 2012, le peuple a balayé Wade, très tôt le matin, en allant massivement aux urnes, « tuant le match » de cette finale. Cependant, nous pensons qu’il ne s’agit pas d’un plébiscite pour le nouveau Président Macky Sall, malgré son raz de marée victorieux. Les Sénégalais ont sanctionné leur héros d’hier par un référendum spécial sous forme de revanche contre les Juges constitutionnels en leur montrant qu’ils n’étaient que des délégataires du peuple souverain.
Le visage que montre Macky à la télévision fait ressortir qu’il semble avoir compris le message de son peuple en colère contre un régime médiocre, arrogant et assassin. Paix aux victimes restées sur le champ de la révolte.
Il sait que les chantiers qui l’attendent sont énormes. Il doit miser sur le court terme, car tout est urgent et à refaire. Son prédécesseur qui se définit comme un disciple Keynes, n’a pas apparemment retenu la célèbre phrase de ce très grand économiste « en longue période, nous serons tous morts ».
Ces chantiers sont certes vastes mais simples à identifier. Ils se concentrent essentiellement sur la restauration des fondamentaux d’une agriculture fondée sur les cultures vivrières (plus de 50 ans après notre indépendance, le paysan sénégalais continue d’acheter son riz et son mil sur le marché comme un citadin ordinaire), l’éducation en agonie malgré les milliards injectés (40% du budget national officiellement annoncé) et dont l’audit s’avère nécessaire, la santé car l’écrasante majorité de la population en est exclue et ne bénéficie d’aucune couverture sociale, etc.…
Last but not least, les autres défis importants du nouveau Président doivent être orientés vers les priorités suivantes :
Ramener la Paix en Casamance, cette belle région meurtrie par un conflit fratricide incompréhensible. Les bébés nés en 1982, date de son éclatement, sont devenus de grands et solides gaillards de 30 ans.
Le désenclavement économique de cette zone est une priorité. Les sommes gaspillées par l’OCI, le Fesman, le monument de la renaissance (doit on déboulonner cette horreur poussiéreuse qui nous surplombe ?) auraient pu largement contribuer à l’achat d’un deuxième, voire d’un troisième bateau et même la construction de voies routière ou ferroviaire afin de contourner la Gambie ;
La reconstruction de L’Etat grandement endommagée par le type de management informel de l’ancien Président qui a désacralisé tous ses symboles ;
Redorer le blason de la Diplomatie traditionnelle sénégalaise jadis rayonnante imprimée par Senghor, poursuivie par Diouf mais ruinée par Wade avec des actes antipatriotiques, frisant la trahison tels que le combat contre les candidatures sénégalaises de Moussa Touré à l’UEMOA et Jacques Diouf à la FAO ;
Restaurer la laïcité de l’Etat dans ce pays multi religieux, métissé et multiethnique. Le Président de la République peut se prosterner dans l’intimité avec le guide religieux de son choix (musulman, chrétien ou coutumier) mais ne doit pas faire « coucher la République » incarnant tous les citoyens, devant les caméras des télévisions ;
Enfin, le Président Macky dont déjà le profil semble rassurer sur ce qui suit, doit lutter de toutes ses forces contre les vices que procurera le pouvoir aux hommes qu’il choisira tels que le manque d’humilité, l’arrogance et l’absence de vertus à travers le mensonge, certains scandales largement commentés dans les médias, sous le règne de Wade ( affaires de mœurs, mauvaise gestion des deniers publics) . Ces maux ont largement contribué à la chute de l’ancien régime qui a fait pire que le régime socialiste dans ce domaine.
L’intégrité sous toutes ses formes, devra être son crédo avec ses collaborateurs.
Nous avons tenu et tenté très modestement, de manière sincère et citoyenne à faire ces recommandations, au seuil de cette nouvelle alternance politique historique qui, nous l’espérons de toutes nos forces, permettront de rattraper les douze années de développement perdues pour ce pays, à cause d’un idéal trahi par un homme qui nous avait promis une rupture dans la gestion de la cité.
L’espoir est permis car à cette heure tardive, en ce jour du 27 mars, où nous bouclons ce papier, une surprenante pluie hors saison est en train de tomber sur la ville.
Cheikh Mamoudou Niang
Un ancien acteur du Sopi du 19 mars 2000
BP 5405 Dakar- Fann
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2 Commentaires
You
En Avril, 2012 (09:59 AM)Deugsengal
En Avril, 2012 (10:03 AM)SI UNE LICENCE DOIT ETRE OCTROYée cela doit se faire dans les règles de l'art.VOUS QUI ETIEZ SI PROMPTS A CRITIQUER WADE j'ESPERE QUE VOUS N'ALLEZ PAS DEVENIR AVEUGLE DEVANT MAKY.
L'honneteté voudrait qu'on dise la vérité à tout le monde à wade et aux autres:si un millitant fait un achat de consciences la presse en fait l'echos TFM, Youssou ndour reclame des billetins de wade pour le concert(achat de consciences) c'est silence total: moralité si nous voulant avoir des dirigeants justes intégres cessons cette hypocrisie intellectuelle,evitons de mentir(l'arriver des mercenaires,des armes débarquées au port de dakar,des urnes fictives,des feticheurs indiens avec des photo d'indien lamda)
une chose est sÜr SI on ne suit pas Dieu on suit satan.
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