Les eaux de la vérité submergent leur barque de toute part et comme d’habitude, ils divagueront dans les affluents de la désinformation, pensant y trouver un calme mais ignorant sans doute que leurs mensonges les y mèneront en perdition. Face aux propos du président Idrissa Seck sur la morosité économique, la crise du secteur universitaire ou encore le népotisme dans les affaires de la cité, ils ont opposé le fantomatique protocole de Rebeuss et les fonds politiques.
Le disque est certes rayé mais attardons nous sur les fonds politiques, que la vérité les submerge, qu’ils boivent ses eaux jusqu’à la lie ; depuis qu’ils n’ont pas compris que «Le mensonge n'est bon à rien, puisqu'il ne trompe qu'une fois» pour reprendre Napoléon.
Un État qui se doit d’endiguer une instabilité politique
sous régionale qui peut à tout moment faire tâche d’huile sur son territoire,
un État qui doit faire face à une rébellion armée qui menace sa souveraineté,
un État qui doit compter sur de puissantes familles maraboutiques, véritables
régulateurs socio-économiques, il n’en fallait pas plus pour légitimer la
présence des fonds politiques au Sénégal. Légitimés, les fonds sont alloués au
chef d’État qui les utilise de manière discrétionnaire sans avoir à en rendre
compte et ceci au moyen d’actes législatifs bénis par le peuple, par le
truchement de ses représentants. Le mal est ainsi dans la loi. Le président
«peut les brûler s’il le souhaite» et la faute incombe à toute une Nation.
C’est dans ce contexte que ces fonds furent très souvent dévoyés et c’est ce
dévoiement des fonds que le parti au pouvoir, dont «les statuts n’interdisent
pas d’accueillir des personnes ayant détourné l’argent du contribuable» (1),
tente de maintenir comme une épée de Damoclès sur la tête du président Idrissa
Seck. Cela n’a que trop duré.
On est en 2005 lorsque le président Idrissa Seck est attaqué
sur «sa gestion de la plus violente des manières, jeté en prison au moyen d’une
sordide accusation d’atteinte à la sureté de l’État». Le président Macky Sall, premier ministre à
l’époque et ses affidés balisent la théorie du coup d’État rampant, pensant
bénéficier des retombées de la liquidation du fils spirituel. Ce dernier les avait
pourtant prévenus, sa liquidation ne procédait que d’une volonté d’asseoir une
dévolution monarchique du pouvoir. Totalement blanchi de cette accusation ainsi
que de son pendant des chantiers de Thiès, le président Idrissa Seck se voit
étouffer par l’affaire des fonds politiques qu’il aurait soi-disant subtilisés.
Sa réponse fut pourtant sans équivoque et n’a pas subi de variation. Il en a
fait ce que Wade lui a demandé d’en faire et il détient même la comptabilité alors
qu’aucun dispositif règlementaire ne l’y oblige, permettant ainsi de retracer
tous les bénéficiaires des fonds.(2) Il s’en est servi aussi, non sans l’accord
du dépositaire des fonds, le président Wade, dans son rôle de régulateur social
à titre de chef du gouvernement pour venir en aide au personnel militaire, aux autorités
religieuses et aux sénégalais en situation de détresse dont des parents et
amis.(3) Il s’est simplement appliqué son code, le Saint Coran.(4)
Certains s’offusqueront du fait qu’il en ait fait profiter à
sa famille et à ses amis mais cette posture ne peut que rencontrer notre
étonnement quand on sait que ses parents et amis sont des sénégalais qui
peuvent bel et bien se trouver en situation de détresse. C’est ainsi que las de
ce faux procès qu’on lui intente, il assena : «le président peut les (fonds
politiques) bruler s’il le souhaite». (5) Il a raison et la faute incombe à
toute une Nation comme dit un peu plus haut.
Notre étonnement redouble lorsqu’il ne cède pas à la
consternation quand le peuple porte à la magistrature suprême celui qui disait
en 2011, s’être enrichi personnellement grâce aux fonds politiques, (6) sans
que cela n’ait soulevé un quelconque tollé ; même pas une once d’étonnement sur
le visage des journalistes qui l’interrogeaient. Il a fallu attendre la
déclaration de patrimoine du président Macky Sall estimé à près de 8 milliards
pour que le peuple soit en émoi ; émoi passager vu que par «un décret d’avance
ne tenant même pas compte du prorata temporis, le président Macky Sall
s’octroyait unilatéralement des fonds politiques d’un montant de 10 663 908 000
francs cfa» sans que le débat ne soit soulevé. L’honorable député Thierno
Bocoum était pourtant sorti au vitriol le 30 novembre 2013 pour alerter la
Nation (7) ; en vain.
La posture des journalistes ainsi que de la société civile
reste consternante. Comment dans une démocratie qui se respecte, un candidat à
la présidentielle peut-il déclarer s’être enrichi illicitement grâce aux fonds
politiques sans que le débat ne soit posé ? Comment dans un pays qui se veut
vitrine de la démocratie en Afrique, peut-on voir une augmentation
substantielle des fonds politiques ne tenant pas compte du prorata temporis,
sans que le débat ne soit posé ?
«Dans un pays où règne ostensiblement le dogme de la
souveraineté du peuple la censure n'est pas seulement un danger, mais encore
une grande absurdité» disait l’auteur De la démocratie en Amérique. Il
n’appartient certainement pas à la presse de s’autocensurer. Il ne lui
appartient surtout pas de tenter de salir l’image du président Idrissa Seck qui
avec courage et responsabilité, maintiendra qu’aucun franc du Sénégal ne sera
retrouvé dans son patrimoine. Que cette presse exige plutôt un jugement du
président Idrissa Seck pour enrichissement illicite si ses soupçons sont
avérés! Que cette presse nous avance la plus petite preuve de cet
enrichissement illicite, preuve que le parti au pouvoir devrait pouvoir leur
montrer. Il est vrai, pour reprendre Erasme que «L'esprit de l'homme est ainsi
fait que le mensonge a cent fois plus de prise sur lui que la vérité», mais je
me refuse de le croire, le peuple sénégalais ne se laissera pas berner
indéfiniment.
Face donc à des problématiques intéressant la population et
qu’ils sont incapables de prendre en charge, ils convoquent ainsi l’utilisation
des fonds politiques dont leur chef est, ironie du sort, le symbole du
dévoiement. Il urge aujourd’hui d’encadrer les fonds politiques et le rôle
pourrait être confié à un conseil de sages qui en vérifierait la comptabilité,
composé de parlementaires notamment de l’opposition et d’éminents membres de la
société civile qui seraient tous soumis au secret d’État. Aussi, faudrait-il
penser à confier les fonds servant à lutter contre l’espionnage à l’état major
de l’armée. Enfin, aucun enrichissement personnel ne devrait pouvoir être
justifié par les fonds politiques. Ceci permettrait très certainement une
gestion plus rationnelle desdits fonds.
Cependant, c’est au peuple qu’il incombe de mener le combat.
Car si procès il doit y avoir, l’ouverture de la séance sera sans équivoque la
suivante : Affaire des fonds politiques, faites entrer l’accusé : le Sénégal,
oui le Sénégal ! Car non, Idrissa Seck ne sera pas l’agneau du sacrifice!
Djiby Salif Kane - Membre de Rewmi Canada
Notes
(1)Propos de Moustapha Cissé Lô, responsable politique de l’APR et 2e l’assemblée nationale, suite à la transhumance d’Awa Ndiaye, dans l’émission face to face du dimanche 13 avril 2014 disponible sur carrapide.com/yamatele/100066/face-2-face-du-dimanche-13-avril-2014-recoit-moustapha-cisse-lo-tfm
(2)Émission du grand jury du 29 octobre 2006, disponible sur www.archipo.com/archipo/lecteur_audio_archipo.php?s=262
(3)Idem Idrissa seck disait ceci : « Je ne me suis pas
enrichi à la faveur du pouvoir. Les seules ressources que mon passage au
pouvoir a mises à ma disposition et qui renforcent mes moyens d’intervention
politique et sociale, ce sont les fonds politiques que le Président de la
République lui-même m’a discrétionnairement alloués».
(4)Saint Coran, sourate 2, verset 177.
(5)Idem
(6)Propos de Macky Sall dans l’émission Et si on en parlait disponible sur www.youtube.com/watch?v=PTVAMhD4emI
10 Commentaires
Nvelle Vision
En Mai, 2014 (14:32 PM)Nams
En Mai, 2014 (14:39 PM)La Tombe
En Mai, 2014 (15:29 PM)Lakhar
En Mai, 2014 (15:32 PM)Atypico
En Mai, 2014 (16:24 PM)Bebs
En Mai, 2014 (17:13 PM)idrissa a toujours cru qu`il etait plus malin que tous les senegalais reuni et au final il s`est brule les ailes idrissa ne peut pas etre l`agneau du sacrifice, il a joue avec le feu et c brule tout seul comme un grand.
Médusé
En Mai, 2014 (17:24 PM)True
En Mai, 2014 (18:54 PM)Billu
En Mai, 2014 (23:34 PM)Geni
En Juin, 2014 (23:11 PM)Participer à la Discussion