Dans la lutte contre la pandémie du COVID-19, le chef de guerre, le Président de la République Macky SALL, a vite fait de prendre les mesures qui s'imposent et de les réajuster en fonction des réalités du moment.
Malgré la progression de la pandémie, et l'impuissance devant l’accroissement du nombre de décès, le professionnalisme et la prouesse de nos médecins et du personnel soignant sont à magnifier et à saluer à juste titre.
Mais, la pandémie du COVID-19 a bouleversé tous les systèmes jusqu’ici établis et a fini d'installer des situations économique et sociale atypique, transcendant les frontières terrestres et sectorielles.
Si l’origine de cette situation est la maladie qui pourrait toucher un nombre encore plus important parmi nous, il a été constaté, voire admis que des conséquences désastreuses sont à noter dans tous les secteurs de la vie publique et celle communautaire.
Devant l’incertitude et la méconnaissance réelle de la maladie, des exigences antinomiques s'affrontent et le branle-bas s'installe, dans une communauté aux niveaux de conscience différenciés, accentués par des croyances religieuses et sociales difficilement corruptibles.
Que faire avec les situations sociales nées de la baisse, voire de la disparition d'activités ?
Comment piloter la nécessité de surveillance et de sensibilisation des populations relativement aux mesures-barrières ?
Comment fallait-il affronter l'application de la fermeture des lieux de culte avec la contrebalance du pouvoir temporel ?
Ne cherchons pas loin, c’est l'autorité administrative investi de pouvoirs par le décret 72-636 du……1972, délégué du Président de la République, représentant de chacun des ministres, médiateur et régulateur social qui est obligée d'y faire face!!! Mais avec quels moyens ?
Devant cet imbroglios socio-religieux, elle, retrouve ici son rôle originel et est chargé de mettre de l'ordre dans ce "machin" social et a la lourde charge de contenir toute cette surchauffe sociale pour éviter une implosion destructive et souvent même auto-destructive.
Quand bien même, elle devrait s’attirer les diatribes du peuple qui pourrait ruer droit, de manière inconsciente, vers son auto-destruction, elle devra y faire face.
En toute chose malheur est bon, comme dirait l’autre, la pandémie du covid-19 a eu le mérite de restituer à l’autorité administrative toute ses lettres de noblesses et la propulser au-devant de la scène comme le vrai maître du jeu, appelée à prendre des mesures de protection et de sauvetage de ses administrés.
Elle devient, dès lors, la cheville ouvrière d'un dispositif multisectoriel ou chaque ministère fait d'elle sa porte d'entrée avec parfois des réticences ou conflit "virtuel" de compétence avec certains services déconcentrés qui se trompent souvent sur leur positionnement par rapport à leur Ministère ou Ministre qu'ils pensent parfois représenter.
Il s’y ajoute, la difficulté de gérer certains élus investis certes de la confiance de leurs mandats, mais avec un mode de fonctionnement républicain qu’ils ne devraient jamais éluder.
Cet état de fait me donne l'opportunité de poser la nécessité de repenser l'organisation de notre architecture administrative qui doit opérer sa mue et conférer, réellement, à l'autorité administrative UN POUVOIR DE DIRECTION de tous les services déconcentrés dans sa Circonscription, au-delà des rapports hiérarchiques et fonctionnels qui les lient.
La situation de crise que nous vivons présentement et la gestion de catastrophes telles que les inondations démontrent à suffisance que ce serait bénéfique pour l'État de renforcer expressément le pouvoir de l'autorité administrative.
Pour ce faire, puisqu'on n'est jamais à l'abri de contingences, il est temps pour notre pays de créer le corps des préfets et celui des sous-préfets formés à bonne école et dédiés aux fonctions d'autorités administratives.
J'avais l'habitude de dire, pendant je me suis frotté à l’exercice de la fonction de chef de circonscription administrative, que ce dernier était "chef de tout, mais maître de rien" parce que tout simplement son indépendance vis-à-vis de l'élu et des services déconcentrés ainsi que des intervenants dans sa circonscription est, pour bien des égards, fortement entamée
puisque obligé, le plus clair du temps, à faire recours à leur bienveillance pour mener à bien ses missions.
En clair, la réhabilitation de l'autorité administrative serait une coquille vide si elle ne s'accompagne pas d'un renforcement de ses moyens de tous ordres pour la rendre autonome vis-à-vis de ses administrés.
Les wolofs disent « kou mottali sa dépense motalli sa kaddu », comme pour affirmer que l’exercice de l’autorité sur une personne n’est parfaite que si vous n’êtes obligé de faire appel son aide.
Mieux, on devrait arriver à une déconcentration progressive du budget de l'État (en dehors de celui des secteurs de souveraineté tels que la Défense, la sécurité, les Affaires étrangères…) pour que la territorialisation des politiques publiques soit effective et que la subsidiarité soit de mise dans les interventions de l'État, avec comme corollaire, aussi, le renforcement du contrôle par les organes appropriés pour éviter les abus.
Ce dispositif complété par la décentralisation effective du budget d'investissement au niveau des Collectivités territoriales, toujours sous le contrôle de l'autorité administrative, rendrait, assurément, plus efficace l'action publique.
Aujourd'hui, l'autorité administrative coordonne la lutte, fait surveiller les frontières et les territoires, organise les confinements, les transports intra et interurbains, coordonne la distribution de l'aide alimentaire, réglemente les marchés et le commerce, gère les réalités sociales, bref s'occupe de tout, en faisant appel à des organisations disparates relativement autonomes et souvent plus réceptives aux instructions venant directement de la tutelle au niveau central.
J'ai choisi ce moment pour inviter le peuple sénégalais à rendre un vibrant hommage à ses vaillants fonctionnaires perçus, souvent à tort, comme des privilégiés de la République.
Heureusement, leur formation et leur attachement aux valeurs de la République les amènent à s'acquitter de leurs obligations quoi qu'il advienne.
Si l'Armée est surnommée la Grande Muette, l'Administration territoriale est la Grande Silencieuse qui a beaucoup à dire et peut-être à réclamer mais que l'obligation de réserve et le sacerdoce républicain réduisent au silence dans le Devoir!
Hommage et respect à CET HOMME LÀ dont les promotions de l'ENA des années 2000, plus de 20 ans après, se rappelleront avec enthousiasme et fierté!
Mamadou Diagne Sy MBENGUE
Administrateur civil principal
Ancien préfet
Ancien Président de la Région de Dakar sous délégation spéciale
Ancien Directeur de Cabinet
Maire de la Sainte Ville de Tivaouane et DG de la SN HLM
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