Disons le très clairement, cette contribution ne sera pas axée sur le débat portant sur une prétendue « dévolution monarchique » du pouvoir. Il reste clair, net et précis, qu’Abdoulaye Wade se présentera ou soutiendra le candidat (qu’il s’appelle Idrissa, Karim, Samba…) qu’il voudra et il Mobilisera tous les moyens qui sont à sa disposition. Cela tout le monde le sait, disons même que le monde en est convaincu. Et je ne connais pas un homme politique qui ferait le contraire. Il est vrai que depuis 1981, les sénégalais sont restés marquer, pour ne pas dire traumatisés, par l’article 35 (qui avait permis à Senghor de remettre le pouvoir à Abdou DIOUF). En procédant à une relecture des journaux d’avant alternance, on constate que, ce que l’on dit sur Karim aujourd’hui, on le disait sur Tanor (même s’il y a un fait aggravant, Karim étant le fils du Président).
Et c’est que l’on dira demain de n’importe quel probable dauphin. En effet, tout le monde disait que c’était Tanor le vrai candidat du PS, parce que DIOUF allait lui laisser le pouvoir, 1 à 2 ans après sa réélection. Il serait intéressant qu’un psychanalyste nous difie sur le rapport que les sénégalais entretiennent avec le mot «dauphin ». Donc, nous parlerons de Karim Wade, ses méthodes, sa manière d’être en politique et non pas de ses droits civils (électeur et éligible) garantis par la constitution. Nous utiliserons aussi un langage simple. A l’issue des élections locales du 22 mars, des responsables libéraux nous ont dit, ce n’est pas Karim qui a fait perdre la liste de la Coalition Sopi dans la capitale. Nous, nous savons que Karim n’a pas pu faire gagner la liste de la Coalition Sopi. Et nous disons, quand on ne peut ni faire gagner, ni faire perdre, c’est parce qu’en réalité on n’est pas en mesure de faire la différence. D’autres responsables nous ont dit, que « c’est le PDS qui a gagné le PDS ».
Nous, nous savons qu’un parti c’est pour gagner. Et nous disons, quand un parti devient son propre adversaire, c’est parce qu’en réalité il n’a plus sa raison d’être, ou tout au moins il a trahi sa raison d’être. Mais nous précisons ici, une bonne fois pour toute, que s’il y a une coalition qui arrive en tête à l’issue des élections locales, au plan national, c’est bien la coalition Sopi. A moins qu’arriver en tête ait une signification autre qu’être devant tout le monde. Elle a obtenu le plus de votants, le plus d’élus, et le plus de collectivités locales. Pour en revenir au patron de la génération du concret et concernant toujours la capitale, ses partisans ont tenu à préciser que Karim n’avait pas échoué. Nous, nous savons qu’il n’avait pas gagné non plus. Et nous disons, quand on a ni gagné, ni perdu, c’est parce qu’en réalité on n’a pas joué.
Karim Wade serait alors l’homme politique qui ne fait pas de la politique, l’homme politique qui figure sur une liste et qui ne serait pas candidat. On dirait que Karim Wade veut "sortir" la belle dame, mais il aurait peur de la réponse de celle-ci, et donc, il passe son temps à chercher à la laire mais sans jamais avoir le courage de l’aborder. Cette manière de faire la politique a donné les résultats que l’on sait. Un lamentable échec aux locales du 22 mars, dans la capitale. Karim Wade devrait admettre, qu’on ne peut pas faire de la politique en ayant peur d’afficher ses ambitions. Force est de reconnaître qu’il se comporte comme une sorte de passager clandestin (défini en économie comme l’usager d’un bien ou service qui ne veut pas payer le prix juste). D’ailleurs, bon nombre de ses frères de parti, l’ont invité (subtilement) à descendre dans l’arène et à se mouiller le maillot. Mais jusqu’ici, Karim semble privilégié une autre démarche. En effet, il semble dire à ses frères, laissez moi travailler, les sénégalais (la belle dame) seront séduits et me choisiront. Karim semble oublié qu’un bilan ne peut pas faire gagner des élections, sinon Jospin n’aurait pas perdu en 2002, que Bush ne serait pas réélu en 2004 et dans une certaine mesure, les Sénégalais n’auraient pas sanctionné Abdou DIOUF en 2000 (LOUM avait quand même réalisé des performances remarquables, même si on peut dire que c’était trop tard) ... Une élection, elle est, avant tout, politique. On ne l’a gagne pas avec quelques technocrates, confortablement installés dans des bureaux climatisés, et qui passent leur temps à essayer d’expérimenter des concepts importés.
Malheureusement, ni Karim Wade, ni le PDS, ni le Président de la République ne semblent avoir tiré toutes les leçons des élections locales. Parlons de manière simple. Si le Président admet que le PDS a gagné le PDS, il doit admettre que c’est principalement par indiscipline. Et si les grands responsables sont aussi indisciplinés, au point de faire perdre leur parti une élection, il faut admettre que ces même responsables peuvent donc faire preuve d’une indiscipline caractérisée dans la gestion des responsabilités qui leur sont confiés au niveau de l’Etat. Le principal problème de la majorité, aujourd’hui, c’est l’indiscipline. C’est peut être à ce niveau que l’entrée en politique de Karim Wade devrait servir la majorité : aider le PDS à être plus conscient de ses points faibles, disons à faire plus d’autocritique.
Sadikh DIOP<14>[email protected]
0 Commentaires
Participer à la Discussion