
Il n’est pas toujours facile d’exprimer un sentiment même s’il a été longuement muri. Très souvent cependant, la volonté divine nous fait croiser une source d’inspiration qui a su exprimer le même sentiment de manière plus éloquente. Cette source a été pour nous, Mamadou Dia, un digne fils du Sénégal, combattant de la première heure pour un développement harmonieux sur la base de nos valeurs intrinsèques d’autonomie et de liberté. Ce défi de développement est plus que jamais d’actualité et interpelle tous les citoyens sénégalais. C’est dans ce cadre que le Mouvement pour la Renaissance la Liberté et le Développement (MRLD Moom Sa Bopp/Mënël Sa Bopp), sponsorisé par le Dr. Abdourahmane SARR, a l’intention de mener une campagne citoyenne, un plaidoyer pour des solutions à la problématique du développement des communautés de base du Sénégal à l’horizon des échéances de février 2012. Ceci, afin que le débat de fond soit posé au centre des enjeux électoraux. Les extraits ci-dessous d’une lettre du Président Mamadou Dia, « Message du Prisonnier à M. Le Président L.S. Senghor », datée du 30 Mai 1972, qu’il nous plait de rappeler, traduisent bien la nature de notre engagement citoyen et de notre appel à ceux qui s’engageront aux côtés du MRLD. Ce que disait le Président Dia sur les conditions de sa libération est toujours d’actualité et interpelle tous les mouvements citoyens:
“Je suis convaincu du fait que tout tourne autour de la renonciation à la politique qui m’est demandée…Je crois qu’il faut distinguer la politique en tant qu’intégration dans la cité, dans la communauté humaine, et la politique en tant que déploiement d’une technologie de conquête du pouvoir. Je me place sous l’angle le plus profondément significatif à mes yeux, et je rencontre là des raisons politiques et morales….On peut renoncer à des droits, mais comment renoncer à des devoirs?…La constitution sénégalaise me semble exclure la possibilité pour un citoyen de faire acte de renonciation volontaire à sa qualité de citoyen participant aux préoccupations de la politique de la cité. Ceci n’existe nulle part là où il y a démocratie véritable….Parler du développement implique, de quelque bout qu’on prenne les problèmes, cette dimension politique. Qu’on le veuille ou non, c’est le mouvement naturel de tout être humain au milieu de ses semblables, respirant l’air du temps….Je peux ajouter que l’engagement de s’exclure du politique serait la traduction d’un comportement a-national ou antinational. Ce serait dire que le destin de mon pays n’entre pas dans mes préoccupations, ne me regarde pas. Ce serait dire que je me mets au ban de la société sénégalaise, que je ne me considère plus comme un fils du Sénégal….Cette exclusion volontaire et délibérée aurait d’autant moins de sens que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes dans l’Afrique d’aujourd’hui, et notre pays, comme tous les autres, doit affronter des problèmes nouveaux et aigus, qui exigent la mobilisation des énergies de tous. Ceci me conduit à dire qu’un engagement de s’exclure soi-même tournerait le dos à toute perspective de concertation et de coopération nationale…
J’aurais pu m’en tenir à ces déclarations et refuser de faire connaitre ce que je souhaiterais faire demain…D’abord il faut qu’il soit clair que je n’entends de nulle façon me mettre à entreprendre la conquête du pouvoir. Le pouvoir n’a jamais été pour moi une obsession…Il faut tout de même prendre en compte le fait que j’ai 61 ans…J’ai toujours réfléchi, dans ma vie, sur le développement qui prime tous autres objectifs. Dans cette perspective, ce que j’appelle une période de développement s’étend sur l’espace de 15 à 20 ans. Assumer le pouvoir veut dire que l’on considère cet espace pour l’action comme le champ probable qui s’ouvre à celui qui s’engage dans les responsabilités…Mais je tiens à préciser que cette appréciation réaliste n’a pas à prendre la forme d’un engagement invalidant l’idée d’une hypothèse alternative. Ce n’est pas un choix, c’est une constatation faite en fonction d’un intérêt supérieur qui est celui de la nation. Si la démocratie sénégalaise exprime librement une hypothèse différente de mon analyse, je ne pourrais pas dire non sans examen sérieux des raisons invoquées. Mais le dernier mot doit toujours appartenir à la démocratie…c’est un principe intangible auquel on ne peut apposer des arrangements particuliers…
Un second problème important est celui de la relève du pouvoir par les jeunes générations, et je ne veux pas l’éluder…Je tiens à préciser qu’à mes yeux la relève est chose trop importante pour ne point poser ses exigences. Elle ne peut consister à gouverner par personnes interposées ou à dresser les générations les unes contre les autres…Je pense, pour ma part, que les jeunes doivent réaliser, et que les anciens doivent, sinon réaliser, du moins leur prêter appui dans tous les domaines du possible. La relève ne se fera pas sans le concours des anciens…
La voie de recherche action me semble claire…Il s’agit de montrer la relation nécessaire entre la participation effective au pouvoir des communautés de base, l’expression de ce pouvoir dans la communauté nationale, établissant ainsi solidement la problématique de la construction des communautés internationales. Sans cette solidarisation des problèmes aux trois niveaux, il me semble qu’il est impossible d’avancer…”
Pour avancer donc, nous du MRLD partageons la nécessité de réaliser le développement par la base à travers des mécanismes adaptés. Une économie locale dynamique source de satisfaction des besoins en biens et services privés et publics dans des valeurs d’autonomie et de liberté est impossible sans l’accès au crédit. Faciliter l’accès au crédit dans les communautés de base par le biais de monnaies complémentaires locales et la participation citoyenne pour rendre possible la satisfaction des besoins traduisent la nature de notre engagement.
MRLD, Moom Sa Bopp/Mënël Sa Bopp (www.mrld.org)
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