L'émission, Jury du dimanche, du 08 octobre 2022, a sonné la prise de contacte publique entre Ismaela Madior FALL et les Sénégalais. A travers les réponses qu'i a données, dans cette émission et dans l'interview qu'il a accordée au magazine Jeune Afrique n°3117, sur les grandes questions qui interpellent la justice, notamment l'amnestie de Karim wade et Khalifa SALL, le 3 ème mandat, l'affaire Ousmane Sonko- Adji SARR, force est de constater que nous sommes en train d'assister à un changement de manière de conduire ce ministère de souveraineté, hautement stratégique, pour ne pas dire un changement de paradigmes.
Celui qui est affublé de l'étiquette de tailleur de la constitution et qui, pour s'en accommoder soutient, avec un brin d'ironie, qu'en ce cas, il serait un tailleur de haute couture a retrouvé, en revenant au ministère de la justice, un costume taillé à sa juste mesure.
Son intervention tranche, d'emblée, avec ce à quoi nous avait habitué son prédécesseur, maitre Malick SALL, dont le passage à la tete du ministère, marqué par ses dérives langagières, son manque de posture républicaine, ses positions manifestement partisanes dans des affaires pendantes devant les juridictions, sa gestion calamiteuse de la carrière des fonctionnaires de la justice a été vécu, par ces derniers et les justiciables, comme une véritable supplice. Ses agissements étaient sur le point d'amorcer un recul sans précédent de l'Etat de droit et de menacer la cohésion sociale.
Pourtant, aux yeux des fins observateurs, le ton avait été donné dès sa prise de fonction, quand il fanfaronnait, à la face de son prédécesseur, qu'il était venu mettre de l'ordre à la justice. Par cette phrase, on ne peut plus déplacée, il venait de violer tous les codes de bienséance et d'élégance républicaines, voire de respect tout court.
Celui dont le nom était, jusqu'à sa nomination, inconnu du peloton, se croyait ainsi faussement investi d'une mission salvatrice de la justice. Cette justice qui vaut au Sénégal d'etre assis en bonne place au banquet des Etats démocratiques ou règnent le droit pouvait-elle être caractérisée par le désordre au point qu'il faille y remettre de l'ordre et le déclarer ainsi devant les médias du monde entier? La réponse est évidemment non.
Affirmer le contraire relevait déjà, chez Malick Sall, d'une prétention démesurée. Et bien au contraire, avec sa gestion, les dérives se sont multipliées. L'on se rappelle de sa sortie quelques jours après sa nomination, quand il s'est senti obligé de prendre la défense d'Aliou SALL, dans l'affaire Franc TIMIS à BP, et qu'il nous sortait par un ridicule effet de manche, dont lui seul a le secret, son " je ne pense pas qu'un musulman comme Aliou SALL, revenant de la Mecque, pour la Oumra, puisse se fourrer dans ces histoires de corruption". N'est-il pas bien placé, lui Malik, pour savoir que l'enfer est pavé de bonne intentions? Cette sortie malencontreuse n'avait eu pour effet que de donner un avant gout de ses piètres qualités d'avocat qui expliquent, certainement, qu'il eut été inconnu jusqu'à ce que, par la volonté du prince, il se révélât au grand jour. Suite aux manifestations ayant suivi l'arrestation d'Ousmane Sonko, accusé de viols répétés par Adji SARR, avec leur lot de morts, il balançait, à la stupéfaction de tous, que ce sont les lutteurs en manque de déversoirs de leurs longues heures d'entrainement qui étaient sortis dans les rues, manquant de peu d'embraser le pays.
A l'assemblée nationale, lorsque le peuple l'attendait pour des réponses techniques sur des questions éminemment importantes, il versait dans l'invective, en traitant les députés d'illétrés, d'anes et de mécontents. Ces dérives et tant d'autres ont nécessité l'implication de toutes les forces vives et l'intervention du Président de la République, dans une adresse historique à la nation, pour éteindre le feu qui couvait. Mais la plus scandaleuse de ses frasques fut, sans nul doute, sa sortie pour revendiquer la décision d'arreter son ami de toujours, le journaliste Adama GUEYE, certes un opposant au Président, mais non moins celui qui fut le témoin de son mariage avec celle qui allait partager toute sa vie.
Divine Comédie! Ailleurs on s'empresse de défendre un citoyen ordinaire, fut-il le frère du chef de l'Etat, ici on dépose, pieds et points liés, son plus-que-frère, en offrande au Président pour lui témoigner sa loyauté.
Mais de quelle loyauté peut-on s'attendre d 'un collaborateur qui trahit allègrement un lien aussi puissant que l'amitié d'une quarantaine d'années? Car, ceux qui, dans une situation exceptionnelle doivent se résoudre à un tel sacrifice, le font pour un intérêt hautement supérieur, et toujours le cœur meurtri.
Mais s'en glorifier, il fallait être Malik pour oser le faire. Et après vint la défense scélérate du support j'y reviendrai et le diable reconnaitra les siens. Personne ne s'y méprend, car de tout temps et en tout lieu, l'on a su apprécier à sa juste valeur le but ultime d'un sacrifice. Entre un Sérithia Issa DIEYE qui poignarde le Gouverneur Chautemps, au péril de sa vie, pour que l'honneur de son prince Dierry Dior Ndella soit sauve et un Ephialtès, le spartiate qui, pour un bouclier et une cape écarlate, livre le secret des portes chaudes à l'armée perse de Xerxes, scellant ainsi la perte de Sparte, l'on devine aisément lequel des deux inspire Malik. C'est le lieu de lui faire la prière que Léonidas fit au traitre "puissiez vous vivre éternellement" pour que chaque jour, jusqu'à l'extinction du soleil, vous puissiez recroiser le regard d'Adama et de tous vos frères que vous avez vendus.
En ramenant Ismaela Madior FALL au ministère de la justice, le Président de la République a voulu surement reprendre une symphonie inachevée du maestro afin de nous faire oublier l'entracte catastrophique que nous a servi Malik, de déchirer une page honteuse de l'histoire judiciaire du Sénégal, de réconcilier la justice avec les sénégalais, tant Malik avait réussi a creusé entre les deux un fossé sans cesse grandissant. Il est question de recoller deux bouts d'une chaine en prenant le soin d'enlever le maillon pourri. Alors, comme l'a si bien titré une presse de la place" rideau sur un sérial gaffeur" la cacophonie n'avait que trop duré.
Ainsi, tout le monde était heureux de voir cet énergumène définitivement retourné aux abysses d'où il était sorti; ce qui fait que son prompt "recasement" au comité du pétrole et du gaz, en qualité de secrétaire permanent, heurte fortement les acteurs du milieu des hydrocarbures, après ses dérives au ministère de la justice. M. le Président, sachez que vous avez déjà trop fait pour ce monsieur et les sénégalais ne souhaitent pas que vous en fassiez davantage.
A votre décharge M. le Président, le retour d'Ismael Madior FALL aux commandes montre que vous êtes sensible aux attentes de vos concitoyens pour la justice. Nous avons vu dans l'émission Jury du Dimanche et l'interview de jeune Afrique un ministre de la justice qui a une excellente maitrise des sujets, sur lesquelles il a donné des réponses justes qui ont le mérite de réaffirmer le respect des principes qui gouvernent son département, lesquels ont pour nom libertés individuelles, présomption d'innocence et célérité dans le traitement des dossiers. Un ministre de la justice épris de liberté, celle là qui permet l'éclosion de toutes les idées, des majorités comme des minorités, qui pourront se croiser, se rejoindre ou se disjoindre, dans un climat apaisé ou chacun pourra présumer la bonne foi chez l'autre. bref un ministre de la justice qui redonne confiance.
Alors l'avocat au diable et l'Ange à la Justice
C. ANDRE - UCAD
13 Commentaires
Wakhe_deugueu
En Octobre, 2022 (18:10 PM)Que ne nous decoupe une taille-basse pour valider une candidature illegale de Macky.
Karim$
En Octobre, 2022 (18:16 PM)Mamadou Ndiaye
En Octobre, 2022 (18:22 PM)Tidiane
En Octobre, 2022 (18:41 PM)Xeme
En Octobre, 2022 (18:57 PM)Participer à la Discussion