Les daaras, au Sénégal, constituent, depuis l’introduction de l’Islam, le centre d’éducation par excellence. Ils ont formaté des millions de personnes des deux sexes, en les dotant d’une conscience islamique ferme et résolue, d’une vision de Dieu, du monde, de la société, de l’être humain, de la parenté, des relations interpersonnelles, du commerce humain, des activités économiques et de la sociabilité fondés sur des valeurs fortes et un humanisme élevé, tirant leur substance des prescriptions du Coran et de la Sunna du Prophète Muhammad (Psl).
Ils étaient bâtis sur un modèle fondé sur le principe d’une éducation globale qui prend en compte la personne humaine dans toutes ses dimensions. Ils assuraient sa formation, de manière à en faire non seulement un bon croyant, connaissant parfaitement les principes du Saint Coran et de la Sunna, mais aussi un citoyen formé et informé, vertueux et modéré, possédant toutes les vertus de la sociabilité, de la droiture, de l’intégrité, pénétré d’un esprit de justice, respectueux de l’autorité, aussi bien familiale, parentale, sociale, qu’étatique, attaché à une société d’ordre, de paix, de stabilité, de justice, de solidarité et de fraternité.
Les daaras étaient, aussi, l’école du courage héroïque et de l’engagement patriotique, dans laquelle l’apprenant était préparé aux durs labeurs de la vie, à la faim, à la soif, à la sobriété dans l’existence. Il devait apprendre à vivre avec peu, à partager avec d’autres, à faire don de sa personne à sa communauté, à oublier les privilèges qu’il pouvait tenir de son origine sociale. Il se coulait dans le moule d’un modèle social humble, discret, poli, effacé, résistant et stoïque.
Le talibé était préparé à devenir un régulateur social, un ouvrier du développement, un juge et un arbitre, un guide et un leader, prêt à s’impliquer dans toutes les nécessités sociales et dans tous les combats au service de sa communauté.
C’est dans les écoles coraniques qu’ont été formées les figures emblématiques musulmanes de l’Islam africain comme Thierno Souleymane Baal, El Hadji Oumar Foutiyou Tall, El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, Maba Diakhou Bâ, Samory Touré, Mamadou Lamine Dramé, El Hadji Abdoulaye Niasse, Limamoulaye Thiaw qui ont porté haut, avec dignité et courage, le flambeau de la résistance à l’occupation coloniale.
Aujourd’hui, les daaras, à l’inverse de cette image particulièrement positive, semblent plutôt renvoyer systématiquement à l’idée de mendicité avec son corollaire d’aspects négatifs. En effet, chez nombre de maîtres coraniques, beaucoup plus soucieux d’exploiter leurs jeunes talibés que de les former, on a développé une culture de la mendicité que l’Islam interdit, pourtant fortement, avec quelques exceptions. Ces enseignants-là ne doivent pas être encouragés. C’est d’ailleurs cette catégorie, qui n’est qu’une minorité, que ciblent, de manière permanente, les adversaires de l’Islam, pour dénaturer notre religion et alimenter l’islamophobie.
Mais d’un autre côté, comment le maître coranique peut-il subvenir à la nourriture de 100 talibés, s’il n’est pas aidé ? Doit-il les laisser mourir de faim ? Que dirait-on de lui, dans un tel cas de figure ? L’Etat n’a pas le droit de l’abandonner à son sort. Le témoignage du Professeur Iba Der THIAM, ancien ministre de l’éducation nationale est assez édifiant à ce niveau : « Quand j’étais ministre de l’Education nationale en 1983, grande fut ma stupeur de découvrir que Cheikh Mourtada Mbacké, pour ses 300 écoles coraniques, employant 500 enseignants et 125 agents de service, recevait une subvention annuelle de 700 000F, contre 550 millions pour les écoles confessionnelles des religions non islamiques, au nombre d’une centaine, à peu près. »
Au vu de ce qui précède, il est urgent de se pencher sur ce secteur pour lui restituer ses lettres de noblesse et lui assigner une nouvelle mission, fondée sur le développement d’un enseignement de valeur, l’apprentissage d’un métier permettant à l’apprenant de gagner, dignement, sa vie et l’ancrage à des valeurs morales fortes, à la hauteur des principes sacrés de l’Islam. Il faut se concerter avec les acteurs concernés, après avoir répertorié les propositions alternatives pour mettre un terme à la mendicité. Cela demande l’intervention de l’Etat, celle des Mairies, des Conseils régionaux et des Communautés rurales, pour dégager des moyens financiers importants permettant de fournir aux grands daaras des aides en vivres. Les parents d’élèves aisés pourraient eux aussi apporter une contribution volontaire et régulière. Ce travail serait complété par un volet d’éducation, d’information sur les dangers de la rue et de formation sur l’intégration dans les daaras, d’un module économique de culture maraîchère et d’activités de même nature génératrices de revenus.
10 Commentaires
Dongo Dara
En Mars, 2013 (14:31 PM)Très Pertinent
En Mars, 2013 (15:15 PM)Véridique
En Mars, 2013 (15:25 PM)Véridique
En Mars, 2013 (15:28 PM)Utopie
En Mars, 2013 (15:33 PM)Mais que l'on m'explique vivant a tamba comment des enfants peuvent être de 7 h du matin a 7 h du soir dans la rue connaissant 2 sourate pour les plus grand 8 9 ans et ne sachant pas les prononcer corectemement. Comment un enfant de 4 ans peux faire la manche
Pourtant le premier principe est d'apprendre l’alphabet puis les sons arabes.
Beaucoup sont des faux marabouts qui exploite ces enfants pour s'enrichir. Mia sersonne sle denonce et pas s e texte facile de taper sur l'etat. Mais les marabouts pourrais allez cultiver en hivernage avec leur talibes. A koungheul un le fait et ces talibes ont une connaissance de la terre de la mécanique très intéressante et utile dans le futur en plus de la connaissance coranique.
A thies on voit le marabout les déposer devant l’école français avec un 4X4 qui coute plus de 10 millions.
Ayant visite d'autre pays je peux vous dire que la plupart de nos enfants ne connaisse rien et ne save pas prier allez en Guinée vous allez voir l'accompagnement que les parents mettent pour l’étude coranique le soir a leur enfant. Nous considérons que l’enseignement coranique de nos enfants est acquis or c'est a nous de nous invertir pour leur enseigner. Mais il suffit d’écouter les gens a la mosquée le vendredi pour ce rendre compte que même notre enseignement est pas terrible.
Disons nous la vérité arrêtons d’être utopiste et au lieu de regarder la tele soir occupons nous nous aussi avec nos marabout a l'enseignement de nos tête frisée. Que l'etat s'occupe de ces taches regalienne et nous du bien être de notre société.
cordialement
Michel
En Mars, 2013 (17:06 PM)Votre contribution est utile et j'espère que ses destinataires sauront en tirer les riches informations et suggestions. Pour ma part, sachant qu'il ne faut pas trop attendre de notre Etat (lui même malade et peu compétent) je vous demande d'oser aller au delà de cette contribution et d'initier un cadre de réflexion et de partage d'idées qui pourrait permettre de résoudre ce phénomène. Avec une excellente maîtrise de la question, une volonté de trouver des solutions et du temps de réflexion utile, je suis convaincu que votre souhait peut se concrétiser, votre "rêve" de régler ce problème à votre façon (qui pour l'instant est la plus intelligente que j'ai lu) peut se réaliser. Je suis à vos cotés pour vous soutenir et je sais que notre pays regorge de compétence, de gens biens et de gens désintéressés, des gens qui ont une haute éthique, des gens qui croient en Dieu, des gens vertueux et valeureux... comme vous sans nul doute. Encore une fois BRAVO ! J'ai adoré votre texte.
Thiabati
En Mars, 2013 (17:35 PM)Mais, il faut oser faire le tri entre le bon grain et l'ivraie: le daara modèle qui a façonné les hommes et femmes que nous considérons comme nos références religieuses existe toujours et mérite d'être accompagné, soutenu et intégré dans le corpus global de l'éducation. Un important travail doit être fait d'ailleurs pour élargir la vision que nous avons de l'école afin qu'elle soit conforme à nos valeurs, aspirations et mode de vie ainsi que pour requalifier la mission que nous lui assignons.
Mais d'un autre coté, existent ces autres daaras, usines à fabriquer des machines à sous parce que les enfants sont réduits à servir la comptabilité privée d'un businessman ; et dans ce cadre, ne nous leurrons surtout pas, nous sommes tous coupables: nous, individus qui donnons l'argent, nous, agents des forces de l'ordre qui regardons faire, nous, État qui ne protégeons pas ces enfants et qui ne garantissons pas le respect de leurs droits les plus élémentaires. Mais il reste que c'est l’État, le premier qui doit signer la fin de cette traite organisée et donner la voie pour que les autres acteurs puissent contribuer au changement de comportement et amener une renaissance du daara au Sénégal, le daara qui prépare les enfants à devenir des hommes et des femmes de valeur.
Doc Sy (un Cousin)
En Mars, 2013 (18:11 PM)He
En Mars, 2013 (02:22 AM)Anonyme
En Octobre, 2017 (16:11 PM)Participer à la Discussion