« Les mallettes de la présidence », ou le dernier feuilleton du célèbre metteur en scène, Mame Abdoulaye, mérite-t-il d’être porté à l’écran ? A l’instar du « This is it » posthume de Michael Jackson, la sortie de la nouvelle comédie signée Papi Wade, s’est faite en simultanée, pas dans les salles de cinéma, mais dans les rédactions du monde entier.
Une mallette peut toujours en cacher une autre
Abdoulaye Wade, on aime ou on n’aime pas, mais il ne laisse personne indifférent. Son attitude, sans hypocrisie, suscite parfois l’admiration, voire la fascination. A sa place, d’autres auraient pris le large, tout simplement, jeté l’éponge et quitté le navire en détresse, mais cela ne lui frôle pas l’esprit. De Wade, il ne faut pas s’attendre à une démission, ou à un mea-culpa, ce n’est pas dans sa nature, toujours indifférent et inébranlable. Il a toujours été ordonnateur, mais ni coupable ni comptable, car monsieur ne se trompe pas. Entre son fils et lui, on se demande lequel prend le plus de coups en ce moment. Pour ce qui est de Moustapha Guirassy, ministre de la Communication et porte parole du gouvernement, il doit avoir du mal à dormir, depuis sa sortie malheureuse et très regrettable, précédant son désaveu, en public, par le président de la République, qui a préféré réceptionner la patate chaude pour ensuite la projeter, avec violence, dans l’œsophage d’un « pauvre colonel ». Guirassy a raison, sur un point : « aucun fait de corruption en rapport avec l'affaire Segura ne peut être imputé au gouvernement », mais à la présidence de la République, puisque c’est d’elle qu’il s’agit. Les Sénégalais se rappellent encore montant estimé entre 50 et 200 millions de francs CFA, remis à Thierno Zidane Lo (alors ministre de l’Environnement) rien que pour acheter les faveurs du groupe de presse que dirige Madiambal Diagne.
En matière de générosité avec l’argent du contribuable, Mame Abdoulaye n’a pas d’égal. Lors des événements de Chicago liés à sa visite le 25 juillet 2008, des citoyens sénégalais établis aux Etats-Unis, se sont succédé à l’antenne de radio Seneweb, pour confirmer que des responsables libéraux sillonnaient l’Amérique avec des « mallettes » remplies de billets de banque, pour offrir entre 300 et 600 dollars à ceux qui souhaitaient aller accueillir le président Wade à Chicago, une ville qui n’était que la première étape du tourisme présidentiel. Osons espérer que ce n’est pas ainsi, à chaque fois que Mame Abdoulaye emprunte les airs, avec sa cour inséparable et pléthorique. Rappelez-vous aussi, les 3 millions de Francs offerts à Aminata Tall en guise de diakhal, et l’autre « diakhal présidentiel » de 5 millions de nos Francs remis gracieusement à l’imam ratib de Kébémer, çà donne à certains, l’envie de perdre un proche rien que pour bénéficier des largesses de Mame Abdoulaye. La « Segura-gate », n’est donc que la partie émergée de l’iceberg, « un cadeau pour acheter de petits cadeaux ». Les mallettes de la présidence, loin d’être de la fiction, sont une triste réalité, car ces gens se pavanent toujours avec des billets de banque. Cheikh Diallo, conseiller de Karim Wade, en sait quelque chose, puisque c’est lui qui les porte lors des déplacements du rejeton des urnes. Ajoutez-y les deux avions affrétés récemment avec une centaine de personnes à bord, accompagnant le Président au Brésil, pour les préparatifs du Fesman dont rien ne garantit l’organisation prochaine…Ne me demandez pas le montant des frais de séjour, c’est indécent. Les Sénégalais qui pensaient avoir eu leur dose après les feuilletons « Idy et les Chantiers de Thiès », « El Malick et la casse de Korogho », « Macky le blanchisseur », et «Karim et les Madoff de l’Anoci », ont eu droit à un bonus, même s’ils n’arrivent pas à ranger aux oubliettes, la tentative avortée du fils du Président, qui, alors simple conseiller, pensait s’offrir le Groupe Futurs Médias, moyennant 500 millions de Francs CFA. Youssou Ndour et sa télé peuvent encore attendre. Rimka avait, à sa façon, anticipé sur cette histoire de « mallette », lors de son arrestation en France par la (PAF) Police Aux Frontières en 2003 pour une histoire de trafic de devises. Les négociations qui ont suivi et le silence d’Idrissa Seck à ce sujet, en disent long.
Le Prix « Segura »
Wade voulait un Nobel à tout prix, le FMI vient de lui décerner le prix « Segura », dédié à ceux qui font des efforts « considérables » dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent. La floraison des banques à Dakar, à côté des « barber shop » et simples commerces qui poussent comme des champignons dans la capitale, tout en payant un loyer exorbitant, dix fois supérieur à leurs revenus, sans mentionner les passagers de l’avion présidentiel qui ne sont pas fouillés à l’aéroport, entre autres, expliquent pourquoi l’économie sénégalaise se trouve renflouée par des devises dont tout le monde connaît la provenance. L’affaire « Segura », comme la santé préoccupante de Mme Wade, qui est entrée dans une phase inquiétante, laisse Mame Abdoulaye et son fils presque indifférents. Les deux continuent de vaquer à leurs occupations, appliquant à la lettre leur manuel de politiciens et travaillant sur leur prochain « best-seller ». Vous comprendrez aisément comment un concours de circonstances lié à l’absence de la « Présidente »- a précipité les retours d’Aminata Tall et d’Idrissa Seck aux côtés du Président. Qui va à la chasse, perd sa place. Viviane Wade en est certaine.
Momar Mbaye
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