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[ Opinion ] Maître Souleymane Ndéné NDIAYE, entre Foires, Bazars et l'Histoire

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[ Opinion ] Maître Souleymane Ndéné NDIAYE, entre Foires, Bazars et l'Histoire

Non la situation de Sénégal n'est pas mauvaise, elle est catastrophique. Tel est le constat que le Premier Ministre doit dresser pour son grand discours de politique générale de jeudi prochain. Une déclaration de plus que les sénégalais suivront avec autant de dédain que de mépris car étant habitués à ce show qui ne les sortira pas de la mélancolie ni de l'inquiétude dont se languit le pays. A moins que monsieur Souleymane Ndéné Ndiaye ne surprenne le peuple par un discours qui va séduire par un style nouveau et qu'il parvienne à nous arracher de la sinistrose ambiante et de l'anxiété face à l'avenir du Sénégal. Il faut se rendre à l'évidence: une situation qui ne dit pas son nom existe dans notre pays. C'est bien le sentiment de bazars que donne ce régime de l'alternance ce qui loin de nous réjouir a fini par nous inquiéter. Houleuse et mouvementée, l'histoire de notre pays démontre que c'est à chaud que des réformes et bouleversements d'ampleur sont en effet nécessaires pour revoir l'architecture des pouvoirs, leurs fonctionnements, et leurs manières de s'équilibrer les uns des autres. A froid c'est compliqué comme le prouvent les états d'âmes des parlementaires de la majorité justes soucieux de leurs existences et qui ne cessent de nous démontrer une mauvaise foi éhontée. Le contexte doit évoluer, le Sénégal est comme frappé de sclérose institutionnelle. Des propositions genres nouvelles doivent être retenues et mises en oeuvre pour contribuer enfin à la séparation des pouvoirs. Le parlement retrouverait ainsi sa dignité et l'exécutif serait moins soumis à la tentation du hold-up des institutions dans lequel le président WADE s'est voluptueusement coulé après l'avoir si longtemps attaqué. Pourtant Wade devrait savoir que la fonction présidentielle a ceci de cruel qu'à la surexposition liée à l'occupation du Palais succède un désert médiatique frôlant la mort politique pure et simple.
Mais l'exercice de réalisme et de transparence devra se doubler d'un message d'espoir afin de ne pas amplifier la crise de confiance qui alimente actuellement le plongeon de l'électorat libéral. Autre difficulté du premier ministre: arriver à concilier la mise en oeuvre des innombrables promesses qui n'engagent que ceux qui y croient et la gestion serrée des finances publiques, tout en parvenant à prouver que les sommes colossales englouties dans le train de vie de l'Etat, des grands projets, du plan "jaxaay", des nombreuses agences etc..., n'ont pas servies simplement à alimenter le tonneau des Danaïdes. On le voit, il y a des exercices plus faciles pour un nouveau nommé, qui aussi étonnante fût sa nomination, doit maintenant se colleter un héritage désastreux à un point tel qu'il risque d'y laisser rapidement sa popularité. Donc c'est le moment de sortir de l'ombre et de trouver cette place qui reste à inventer dans cette alternance. Avec un chef nommé Wade, brasseur de foule, qui ferraille au 1er degré, rédige les feuilles de route et se répand avec jubilation, son second, fût-il appelé Premier Ministre, est relégué en spectateur et en récupérateur de pots cassés. Avec les urgences du pays les deux hommes courent. Cela les rapproche. Mais il est rare que dans un marathon un coureur en attende un autre. Une impression ambivalente qui est à la mesure de chaque chef de gouvernement de Wade: volontariste, prenant les problèmes à travers le corps, mais promettant plus qu'il ne tienne, l'étroitesse de ses marges le condamnant au verbe et à la gesticulation plutôt qu'à la concrétisation des promesses électorales. Pareil que ses prédécesseurs? Un Wade petit style? Un châtelin de bitty camouflé sous les oripeaux de chateaubriand? Un moteur de 2cv dans une carcasse d'un airbus A380? Si ce n'est trop tard, il doit se requinquer et se donner un appétit nécessaire pour avaler le sandwich "King Size", suivi d'un super "Big-Mac" servis par le Président Wade pour l'aider à honorer son contrat avec le peuple qui le mènera à 2012. Mais avec un Sénégal anémié, miné et au trente-sizième dessous, il a la malchance d'être attendu au tournant comme tous les nouveaux venus du trône de Saint-pierre. Tout ce Bazar est un véritable révélateur des contradictions qui minent la société sénégalaise, et de la crise d'identité qui la ronge. Dans ce jeu dangereux auquel se livrent les politiques, j'ai bien peur que ce soit là le vrai visage du Sénégal; un pays qui a peur, en manque d'ambitions, incapable d'assumer son histoire et qui se referme sur lui-même. Une reprise en main de notre destin serait de nature à panser bien des plaies et à revigorer quelques plans de carrières. Une économie qui tourne est le gage d'une situation politique apaisée. Que naisse cette confiance entre le l'Etat et le peuple. Que les sénégalais retrouvent leur fierté nationale, leur union autour de l'essentiel. A moins que des mesures fortes et des promesses réalisables utiles au peuple soient annoncées. Pour terminer le raisonnement est le suivant: Puisque la crise est là dans un pays qui va mal, dirigé par un parti qui va très mal, que le Premier ministre fasse recours aux lumières de la raison pour établir devant les députés l'état des lieux du pays dans sa pure vérité et par conséquence, obliger le camp libéral à prendre ses responsabilités. Mais de grâce, que tous soient pénétrés de sens collectifs et rompus aux exigences du dialogue social et économique. C'est un minimum de méthode qui doit prévaloir dans un pays qui traverse des turbulences. Cela n'a rien de romantique. Mais le réalisme nous évitera peut-être de bien plus grandes déconvenues demain.
Heureusement, je l'espère, que les sénégalais refuseront d'être les receleurs de pratiques indignes et qu'ils se porteront massivement à travers les urnes sur des hommes qui, à l'incurie du pouvoir en place, opposeront l'efficacité d'un réseau associatif  offrant aux plus nécessiteux -qui ne manquent pas- santé, écoles, transports, logement etc... et coup de pouce pour boucler les fins de mois. La vérité: faute à l'argent, faute de vigilance, il n'existe plus chez les politiques un modèle de politicien sénégalais. Sinon un modèle socialement périmé. La valeur d'un individu n'est pas déterminé par ce qu'il pense de lui-même mais de la façon dont les autres l'évaluent. Alors écoutons-le et attendons de voir.
 

Mamadou Oumar WANE
Technicien de mesures Cabinet Audits Qualité Clients Réseaux Télécoms- France
Conseiller en communication
[email protected]



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