Le réaménagement du gouvernement survenu au Sénégal, le 29 octobre 2012, s'inscrit dans une nouvelle dynamique de gestion de l'Etat qui impose, avant tout, le culte du résultat chiffré. Le Président Macky Sall, propose un style CEO (Chief Executif Officer) à la tête de l'entreprise Sénégal. L'esprit politique fait place à l'esprit managérial du benchmarking. Autrement dit, il procède à un contrôle et à une évaluation de l'exécution des missions, recadre les objectifs, et instaure un leadership de performance. Les prémisses de ce style transparaissaient déjà dès le début de son mandat, en nommant un premier ministre et un ministre de l'économie, tous deux experts financiers reconnus. Ainsi, le premier remaniement traduit un mouvement technocratique qui se justifie par la professionnalisation accrue des ministères qui requièrent une connaissance pointue des dossiers si on veut faire des résultats.
Le constat, aussi amer qu'il puisse être, est qu'on gagne avec les politiques et on gouverne avec les technocrates, avec tout le risque que cela comporte, espérant que les résultats tangibles se mueront en capital politique.
Après 7 mois, le premier gouvernement a à peine pris ses marques, les chantiers ont à peine été mis en route. Mais le Président Sall a montré que ces 7 mois constitue une période probatoire pour tous ses collaborateurs afin que ces derniers démontrent ce qu'ils peuvent apporter comme réponses aux urgences des populations.
Promouvoir la compétence et l'efficacité, avec des résultats probants, voilà pour le moment l'esprit de management qui dicte les choix des femmes et des hommes qui accompagnent le Président Sall dans sa mission de redressement du Sénégal.
Cependant, pour poser les fondements de ce redressement, il faut se focaliser sur l'emploi des jeunes qui, sous l'ère Wade, ont perdu les valeurs cardinales qui structurent le développement : à savoir le travail, la discipline et le patriotisme. En douze ans, la politique de Wade a promu plus la lutte et l'argent facile, et on constate que les programmes d'insertion des jeunes comme le plan REVA (Retour vers l'Agriculture) n'étaient que des serpents de mer. Il s'agit ainsi de restaurer hardiment une culture citoyenne pour opérer un long processus de resocialisation de la jeunesse pour en faire des entrepreneurs suffisamment formée pour croire en eux-mêmes. Deux ministères sont appelés à impulser en synergie ce qu'on pourrait appeler le contrat d'insertion pour migrer de la politique des arènes à celle de la lutte pour l'emploi: le ministère de la Jeunesse et de la promotion des valeurs civiques ainsi que le ministère de la formation professionnelle.
L'éducation nationale doit être recalibrée avec un engagement citoyen de tous les acteurs pour bannir les perturbations du calendrier scolaire et universitaire ainsi que le bannissement du vocable « année blanche » au niveau du supérieur pour un enseignement solide et compétitif. Il n'y a point de doute que pour le supérieur, le président Sall semble avoir pris le taureau par les cornes, en choisissant un homme qui fait l'unanimité pour ses qualités professionnelles. Le Professeur Mary Teuw Niane est une sommité mondiale dans son domaine, admirée par ses pairs. Il a fait de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, une institution respectée et enviée dans la sous-région. Il n'y a aucun doute que le désormais ex recteur de l'UGB ne tardera pas à insuffler une nouvelle dynamique à notre enseignement supérieur.
Le redressement du Sénégal passe également par la sécurité intérieure et une diplomatie visionnaire. En privilégiant l'expérience dans ces deux départements clés, Macky Sall choisit encore une fois le culte du résultat.
Avec le Général Pathé Seck à la tête du ministère de l'intérieur, il pose deux actes politiques forts pour la stabilité et la sécurité du Sénégal. Il envoie un message clair à certaines bandes organisées qui sont tentées de se faire justice elles-mêmes, et manifeste son souci pour la transparence des futures échéances électorales. Avec cette nomination, Macky Sall saisit l'exacte mesure des enjeux sécuritaires à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.
En confiant la diplomatie sénégalaise à un diplomate de carrière, le Président de la république apporte plus de sérénité et de cohésion dans ce corps apolitique qui doit œuvrer pour attirer des investissements au Sénégal. La diplomatie sénégalaise doit également prendre en compte la nouvelle cartographie du terrorisme international, afin de convaincre ses partenaires que l'émergence économique du Sénégal est essentielle pour la stabilité de la sous-région.
Avec ce deuxième gouvernement plus technocratique que politique, le Président Macky Sall imprime son style CEO, plus porté sur le résultat que sur les prébendes politiques.
Moussa Sow
Maître de Conférences en littérature et cinémas africains
The College of New Jersey
<55>[email protected]
17 Commentaires
Vvvvv
En Novembre, 2012 (23:25 PM)Faye
En Novembre, 2012 (01:27 AM)Kelqun
En Novembre, 2012 (09:31 AM)Coplan-bis
En Novembre, 2012 (09:46 AM)Africain221
En Novembre, 2012 (10:40 AM)M Pa
En Novembre, 2012 (12:15 PM)Merci MOUSSA, bon travail.
Dev
En Novembre, 2012 (12:53 PM)Macky Apprenti President
En Novembre, 2012 (13:23 PM)Un Ami Depuis Nice.
En Octobre, 2023 (11:19 AM)Toutes mes condoléances à sa famille.
Mawdo Malick
En Novembre, 2012 (15:54 PM)Babs
En Novembre, 2012 (17:26 PM)Ce réaménagement atteste du fait que l'administration Macky Sall sous la conduite du PM AM means business. Efficience est le maitre mot. C’est la nouvelle méthode de bonne gouvernance.
Comme vous le dites si bien, le redressement du Sénégal passe entre autres par un focus sur l’emploi des jeunes. A ce titre il faut encore rappeler les trois axes prioritaires du « Yoonu Yokkute » repris par la DPG à savoir les Jeunes, les Femmes et le Monde Rural.
Au delà des avancées institutionnelles qui, je n’en doute pas, seront réalisées, ces sont les avancées sur ces trois axes que l’administration Macky Sall sera évaluée au terme du premier mandat. Je dis bien avancées c.a.d. progrès et non résorption de tous les problèmes.
Cela pose aussi la nécessite de la mise sur pied d’instruments de mesure scientifiques. Sinon, ce seront des débats de politiciens à n’en plus finir sans possibilité de déterminer le vrai du faux.
Wasalam
M Sy
En Novembre, 2012 (18:26 PM)ce n'est point faire dans la vantardise que dire les faits. Mais ce ne sont que ceux qui sont devant qui peuvent recevoir un coup de pied dans le derrière. Alors Moussa saches que tes articles a hautes portées ont des consommateurs avertis qui en redemandent.
Wane A
En Novembre, 2012 (04:20 AM)Les jaloux vont maigrir!
Xeme
En Novembre, 2012 (08:53 AM)Strapontin
En Novembre, 2012 (13:47 PM)Ngor V
En Novembre, 2012 (17:20 PM)Ngongo Tarbiyya
En Novembre, 2012 (00:40 AM)Domou Ndounelane
En Novembre, 2012 (04:00 AM)Participer à la Discussion