
Franchement nous ne comprenons pas tout ce remue-ménage autour du référendum, chacun y allant « pour le oui ou pour le non ». On nous tympanise à longueur de journée, du côté du pouvoir comme du côté de l’opposition, avec ce sujet comme si une campagne électorale avait débuté avant l’heure, alors même que personne n’explique vraiment pourquoi, il faudrait voter pour le oui ou pour le non. En tout cas, si des arguments dans un sens ou dans l’autre sont avancés, ils ne sont pas audibles ou ne paraissent pas sérieux.
On peut à la limite comprendre les gens du pouvoir qui appellent à voter oui parce que c’est « leur » référendum quoi qu’il en soit !
Mais ces gens de l’opposition à Macky devraient quand même, avant d’appeler à voter non, nous expliquer pourquoi il faudrait le faire. Parce que s’il s’agit juste de voter non pour embêter Macky Sall, ils ont tout faux car le contenu des réformes, bien qu’il puisse être discuté dans le fond, n’est pas à l’avantage de Macky. Au contraire…
Mais en attendant, est-ce que les Sénégalais se rendent compte que voter pour le non juste parce qu’il n’y a pas la réduction du mandat en cours dans le projet desservira plus que cela ne servira la démocratie ? Ben oui, parce que, c’est refuser la réduction non seulement du mandat en cours (ce qui est déjà acquis), mais aussi des mandats qui suivent.
Ceux qui appellent à voter non, expliquent-ils que le non entraînerait un bond en arrière puisqu’un nouveau président ne serait pas lié constitutionnellement pour se limiter à deux mandats ? Rien ne l’empêcherait de vouloir demeurer au pouvoir comme la plupart des Présidents africains ont tendance à le faire.
On ne peut pas appeler à voter non juste pour déplaire à Macky Sall ou pour s’opposer. Un non semblerait, à première vue, plus desservir le peuple qu’il ne l’arrange. Disons-le tout net. Mais nous ne sommes pas en train de dire qu’il faut voter oui ou non, car nous ne nous sommes pas encore déterminés. Nous attendons de voir le texte définitif du référendum qui sera soumis au peuple.
Donc, réfléchissons avant de suivre ceux qui n’ont pas de leçons de démocratie à donner et qui ne donnent pas d’arguments allant dans le sens de l’intérêt général.
Le Mouvement « Y’en a marre » ne devrait pas s’engouffrer dans cette voie sans expliquer lui aussi pourquoi le non serait bénéfique pour la population. C’est bien de s’ériger en sentinelle de la bonne gouvernance, mais une sentinelle éclairée et éclairante, c’est mieux qu’une opposition pour s’opposer ou pour exister. Il est heureux d’ailleurs que « Y’en a marre » ne soit pas tombé dans le piège de s’asseoir à la table du front de l’opposition. Nous ne sommes pas pour une alliance avec ceux qui étaient combattus récemment, car ils n’ont pas changé. Tout dans leur comportement l’indique.
A ces membres de « Y’en à marre », aux côtés de qui nous avons combattu Wade, que nous estimons et que nous défendons car ils sont utiles à la société, nous demandons de prendre garde et de ne pas s’avancer sur un terrain sans s’entourer de toutes les garanties préalables à la bonne maîtrise du sujet et des enjeux. Il convient de faire la part des choses entre le juridisme, la légalité, la morale et l’opposition par automatisme. On ne s’oppose pas pour s’opposer. Laissez cela aux partis politiques. Étudiez le sujet. Prenez conseil auprès des sachants, car, à notre connaissance, aucun de vos leaders n’est spécialiste du droit constitutionnel… Réfléchissez aux conséquences de vos actes et évitez de trop en faire au risque de vous décrédibiliser.
Quant à ces tenants du pouvoir, ils gagneraient à davantage et mieux expliquer le contenu et le sens de la réforme au lieu d’occuper les médias et l’espace public par des meetings avant l’heure et des déclarations décousues et sans grand intérêt, preuves d’une certaine pauvreté argumentaire pour ne pas dire médiocrité. En ce sens, on peut se demander s’il y a une équipe de communication présidentielle capable d’expliquer, de former et de donner des éléments de langages pertinents et compréhensibles du commun des sénégalais aux différents porte paroles du pouvoir au lieu de laisser chacun y aller à sa façon sur un sujet compliqué, délicat et aux multiples enjeux. Les Sénégalais n’ont pas besoin d’invectives ou de querelles de bornes fontaines mais d’une explication claire et compréhensible de l’intérêt à voter oui à ce référendum…
Un référendum qui a trop tardé d’ailleurs. C’est au début du mandat qu’il aurait fallu le faire et crever l’abcès de la possibilité ou non de réduire le mandat en cours. Cela nous aurait peut-être évité ce sentiment de trahison morale ressenti par beaucoup par rapport à la parole donnée et cette campagne électorale permanente puisque le référendum sera suivi des législatives quelques mois après.
Décidément, ce pays, le Sénégal, pays pauvre et très endetté, mérite mieux que la classe politique actuelle.
IBRAHIMA NDIAYE, Mouvement pour le Socialisme et la République
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