Pris dans le piège du « démocratisme », le Sénégal, tout au moins une partie des Sénégalais, est aujourd’hui tombée dans le piège du manque de rigueur morale et des excès en tout. Une atmosphère artificielle de surchauffe sociale, pour faire monter la tension, est savamment entretenue. Il ne manque pas, hélas, d’occasion pour l’alimenter, l’entretenir et la faire perdurer. C’est, nous dit-on, la manière d’être dans une Démocratie, de vivre en démocrate. Une malencontreuse altercation avec les services de l’ordre, à l’occasion d’une manifestation sportive très populaire et passionnément suivie, où le Sénégal s’est couvert de gloire, au lieu de donner lieu à des échanges aimables, fournira l’occasion à des affrontements déplorables.
La montée du coût de la vie, consécutive à la hausse vertigineuse du coût du brut mondialement subie, la rareté des denrées de première nécessité tel le riz et d’autres désagréments qui sont la marque des temps que nous vivons fournissent l’occasion rêvée tant attendue pour organiser des marches d’insubordination et de volonté affichée de faire partir, par la force s’il faut, l’actuel président de la République de ses fonctions de chef de l’Etat. Tout semble permis, autorisé, comme si le Sénégal était un pays inorganisé, sans règlements, sans lois. Arrêtons, s’il vous plaît ! Et vivons démocratiquement notre « opposition » comme cela se vit dans tous les pays civilisés, c’est-à-dire sans haine, sans vociférations injurieuses, sans excès.
La presse, répétons-le au risque d’ennuyer, est une donnée essentielle dans la vie de nos sociétés démocratiques actuelles. Mais, elle doit exercer son rôle, jeter son regard critique sur la nation et la société avec beaucoup de mesure, d’intelligence critique et de juste milieu. Ce pouvoir, qui n’en est pas un légalement constitué après une consultation populaire et des élections, se doit d’être modeste en faisant preuve d’humilité.
Quand on a la prétention de s’adresser tous les jours aux milliers de professeurs, de magistrats, d’ingénieurs, de médecins, quand on est lu par les milliers de philosophes, d’intellectuels de très haut niveau que compte le Sénégal, on fait preuve d’humilité et on se débarrasse de l’arrogance et des matraquages médiatiques qui décrédibilisent plus qu’ils ne convainquent ou font respecter.
Il en est de même d’une certaine opposition, plus nostalgique de la jouissance d’un pouvoir qu’elle a perdu par incompétence, manque de visions et de rigueur et, surtout, mépris du corps électoral. Car comment comprendre ce refus de prendre part à des élections législatives et présidentielles prévues par la Constitution et se réfugier, après, dans on ne sait quelles « assises » prétendument nationales ? La volonté populaire aurait-elle déserté les bureaux de vote et les urnes pour se réfugier dans la seule rue ?
Au moment où le monde se révèle incapable, au Japon, de trouver ne serait-ce qu’une ébauche de solution à ses problèmes, où l’aide tant promise par le G-8 est toujours attendue, désespérément, depuis des années, ayons le courage de comprendre, enfin, que la solution de nos problèmes est entre nos mains.
Sans rompre avec l’esprit de l’indispensable solidarité avec les peuples du monde, singulièrement avec les peuples avancés, renouons avec la foi en nous-mêmes, avec confiance et abnégation dans l’effort, dans le travail et l’esprit de sacrifice de nos enfants. Il se fait tard.
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