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Revisitons notre histoire

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Revisitons notre histoire

Revisitons notre histoire Sous diverses appellations, des peuples ont occupé l’espace qu’on appelle Fouta-Toro (aujourd’hui réduit aux départements de podor et Matam, de part et d’autre du fleuve Sénégal). Au cours de l’histoire il a fait partie de divers empires et ensembles étatiques. Divers régimes politiques ou dynastie s’y sont succédé. En 1512, sous la conduite de Koly Tenguela, le Fouta a connu le premier Etat hégémonique peul. Après plus de deux siècles de stabilité, les conditions de dévolution du pouvoir n’étant plus respectées, l’anarchie s’est progressivement installée. Pour conquérir le pouvoir ou s’y accrocher, les protagonistes ont cherché des alliés extérieurs. Ainsi, les Maures ennemis séculaires du Fouta, se sont trouvés impliqués dans sa vie politique, moyennant tributs et licence de tout faire. Cette situation dura des décennies. C’est dans ce contexte qu’émergeât une nouvelle classe sociale, les Torodo (intellectuels et agriculteurs) dont est issu Thierno Souleymane Bâl. Nationaliste et patriote, il décida de libérer son pays et son peuple.

Ainsi donc, lorsque T.S. Bâl mûrit son idée, il rencontra tous les érudits du Fouta, dont ses anciens condisciples de l’université de Pir, mais aussi les leaders d’opinion, les forces de progrès. Bien qu’initiateur, il n’a pas écarté l’idée qu’un autre que lui puisse diriger le pays une fois la victoire acquise. C’est cette culture démocratique qui lui a permis de mobiliser son peuple et de faire face à deux forces terribles : le régime ceddo des Denyanké (vieux de trois siècles) et les ennemis Maures vivant essentiellement de razzias et de rapts. 

C’est dans ce contexte, et à la veille de l’épreuve (1776), qu’il fit cette profession de foi : « Habitants du Fouta, vous avez promis de suivre l’homme qui vous ouvrirait la porte par laquelle vous pourrez vous dégager du joug des Déniankôbé et mettre fin à la tyrannie des Maures. Il vous faut vous ceindre les reins pour faire triompher la cause de Dieu, pour que celui-ci vous accorde la victoire. (……)… Je ne sais pas si je trouverai la mort ou pas dans ce combat. Mais si je meurs, prenez pour chef un Imâm savant, scrupuleux et honnête, qui n’aime pas le pouvoir pour le pouvoir. Après l’avoir élu, si vous le voyez s’enrichir outre mesure, destituez le, enlevez lui ses biens mal acquis. S’il refuse sa révocation, combattez-le et chassez-le afin qu’il ne laisse point à ses descendants un trône héréditaire. (…). Ne laissez pas le trône comme monopole d’une même tribu, car si vous le faites, il se transformera en bien héréditaire. Que quiconque le mérite devienne votre Roi. Ne tuez ni enfants, ni vieillards. Que nul d’entre vous ne mette à nu une femme ; si on le fait, se sera un scandale pire que le meurtre. » (Traduction de Amar Samb). T. S. Bâl mourut sur le champ de bataille en combattant les maures. Mais la victoire fut totale. La deuxième phase de cette révolution, et sûrement la plus délicate, consistait à designer l’homme à même de mettre en pratique les idées de T. S. Bâl. Alfa Amar Seydi Buso, à la tête d’une commission, fut mandaté par les sages du Fouta pour trouver l’homme le mieux indiqué pour assurer les fonctions d’Almamy. Après avoir rendu visite à un potentiel élu, il aurait dit : « cet homme est trop fin pour être almamy. Sa finesse peut le pousser à faire entorse à la loi divine. » Du second, il dit : « Vide, ce sac pèse déjà trop lourd, qu’en sera-t-il lorsqu’on l’aura rempli de quelque chose ? » . C’est après avoir visité tous les érudits du Fouta, d’Est en Ouest, qu’Amar Seydi Buso porta son choix sur Abdoul Kader Kane qui repoussa son offre. 

Pour le contraindre d’accepter, « tous les notables du Fouta l’assignèrent devant le tribunal d’Elimaan Neega. Le verdict lui imposa d’accepter la fonction. Elimaan Neega lui conseilla de se soumettre s’il n’avait pour seul souci d’être en conformité avec la loi divine. Si malgré tout cella il persistait dans son refus, ceux qui la lui confiaient étaient en droit de mettre fin à ses jours. » . Patriote, intègre, respectant l’esprit et la lettre de son serment, Abdoul Kadir Kane régna pendant trente ans. Il mourut le 04 avril 1807 sur le champ d’honneur, trahi par des intrigants. En quittant ce bas monde, il ne laissa que le champ de culture qu’il avait hérité de ses parents. Oh Dieu, quel exemple ! En 2011, un patriote, un homme d’envergure intellectuelle et morale (comme l’ont été Abdoul Aziz Sy Dabakh, Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop, Valdiodio Ndiaye etc) pourrait ainsi reproduire cette profession de foi de T. S. Bâl. « Après trois siècles de présence étrangère sur notre sol, après des années de lutte pour l’émancipation, après des obstacles de toutes sortes, notre pays, à l’instar de toutes les colonies françaises, a accédé à l’indépendance juridique en 1960.Senghor , Dia, Abdou Diouf, ont bâtit un état, un administration modernes. Nous connaissons les réalisations qui ont été faites dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures, de l’agriculture, dans un pays sans grandes ressources naturelles. Certes, nous avons connu un cycle de sécheresse assez long, l’ajustement structurel. Mais nous aurions pu faire mieux dans un régime démocratique et pluriel, utilisant toutes les compétences tous les talents dont regorge le pays. L’hégémonie, la pensée unique l’autoritarisme et l’arbitraire engendrent la routine, l’usure et tous les abus et déviations imaginables. On ne développe plus le pays, on l’administre en ayant à l’esprit la préservation d’intérêts de groupe. C’est ce qui est arrivé au PS qui regorgeait pourtant de cadres politiques et techniques qui n’ont pas pu exprimer leurs expertises, car c’est le système qui prévalait.

De 1960 à 2000, des Sénégalais ont lutté pour le pluralisme politique et la démocratie facteur de changement réel. Tant qu’il le pouvait, Senghor a retardé cette évolution inévitable. Diouf, en 1981, a franchi le pas ; mais les forces hostiles au changement pesaient encore lourd. Et le PS n’as pas vu le changement venir ; comme entre 1945 et 1955 Lamine Gueye et la S.F.I.O. n’ont pas perçu que Senghor et Mamadou Dia symbolisaient l’évolution. Saint Louis et les quatre communes ne déterminaient plus la politique du Sénégal. En 2000, le Sénégal franchissait une autre étape de son histoire. Sous l’impulsion du pôle de gauche, la C.A. 2000 et le FAL portaient au pouvoir Abdoulaye Wade. Quelles que soient ses compétences, et fougues, ses réalisations, Abdoulaye Wade n’a pas répondu aux attentes des Sénégalais qui l’ont élu en 2000. Au- delà de toute polémique, nous retenons que le pays n’est plus dirigé selon la constitution (vidée de son contenu de 2001) et le programme sur la base du quel il a été élu. Ses orientations ne sont pas les priorités du moment. Les sensibilités religieuses, confrériques, ethniques, les équilibres régionaux sont piétinés au quotidien et au plus haut niveau de l’Etat. Or, ce sont là les fondements d’une nation moderne. 

 Le contentieux de l’élection présidentielle de 2007 a donné naissance au Front Siggil Sénégaal qui, lui-même a engendré les assises nationales. Un projet de société, une charte de bonne gouvernance, un projet de constitution sont nés de ces assises. Comme les patriotes du Fouta en 1776, Benno Siggil Sénégaal dont les leaders sont acteurs majeurs de toutes les luttes politiques et démocratiques (dans l’opposition comme dans le pouvoir) que le Sénégal a connues depuis 1958, est à la recherche du candidat idéal. Comme en 1776, elle sillonne le pays à la recherche d’un T. S. Bâl de notre époque». Des patriotes pourraient objecter : « qu’est ce qui nous garantit que, l’homme une fois élu, ne fera pas comme Abdoulaye Wade de 2001 à nos jours ? ». En effet, Sophocle (496-406 av J.C) dit : « on ne peut connaître l’âme, les sentiments, les intentions d’un homme avant qu’ont l’ait vu exercer le pouvoir et donner des lois. » C’est ce que dit en terme plus imagé l’écrivain Ivoirien Amadou Kourouma « Prévenir la trahison, débusquer le faux ami, Le jaloux parent, le traitre avant qu’il inocule son venin est une opération aussi complexe que de nettoyer l’anus d’une hyène». Comme garantie, B.S.S, ne peut que se prévaloir de son expérience, de sa perspicacité, de son patriotisme, de sa loyauté, de sa bonne foi et de sa détermination. On ne nous reprochera pas d’avoir choisi le peuple comme acteur et allié.

Cheihk Baba Sall      [email protected]

 



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