
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou a annoncé quelques heures seulement après le vote de la résolution de l’Onu contre l’occupation de colonies palestiniennes, le rappel immédiat de ses ambassadeurs en Nouvelle-Zélande et au Sénégal «pour consultations».
Il a également décidé d'annuler la visite du ministre sénégalais des Affaires étrangères, prévue en janvier, ordonné l'annulation de tous les programmes d'aide au Sénégal, et l'annulation des visites en Israël des ambassadeurs non résidents du Sénégal et de Nouvelle-Zélande. Ces mesures interviennent au moment où l’ancien ambassadeur d’Israël au Sénégal, Gédeon Behar, envoyé spécial de son pays pour l’Afrique effectue une visite dans notre pays pour, dit-il «améliorer les relations» de son pays avec le continent. Lorsqu’il arrivait à Dakar, M. Behar ne savait pas que les relations entre nos deux pays seraient ternies par la position sénégalaise sur l’occupation des colonies palestiniennes.
Or, voilà donc que l’Etat hébreu vient de décider quasiment la rupture des relations diplomatiques avec le Sénégal qui, après le désistement de l’Egypte, a présenté la résolution qui fâche. Que gagne notre pays à se mette à dos l’Etat d’Israël et, du même coup les Etats unis d’Amérique, sponsor officiel de ce pays ? S’il est vrai que le Sénégal a toujours adopté des positions en faveur de la Palestine, les relations entre nos deux pays s’étaient normalisées à la faveur du séjour diplomatique de son excellence Gedeon Behar qui avait si bien intégré le Sénégal qu’il parlait couramment la langue ouoloff.
Aussi c’est avec surprise que l’Etat hébreu a constaté que le Sénégal s’est substitué à l’Egypte pour le faire condamner par une résolution onusienne. Il faudra donc s’attendre, au-delà de la rupture des relations diplomatiques, à de fortes mesures de représailles qui pourraient porter jusque sur les échanges économiques et la coopération agricole qui lie Israël au Sénégal et qui fait bénéficier à notre monde rural d’un appui technique et financier conséquent.
Il faut d’ailleurs reconnaître que depuis un certain temps, le Sénégal prend des positions diplomatiques assez loufoques qui lui attirent l’inimitié de ses amis traditionnels. Comme cette requête déposée à l’Union africaine et portée par le président Macky Sall pour le retour du royaume du Maroc au sein de l’organisation continentale assorti de l’exclusion de la République sahraouie démocratique. Une requête qui a eu pour conséquence d’irriter des pays comme l’Algérie, l’Afrique du sud et le Nigeria qui, du coup ont décidé de barrer la route au candidat sénégalais Abdoulaye Bathily pour le poste de président de la commission de l’Union africaine en remplacement de la Sud-africaine Nkosana Dlamini Zuma qui vient de passer la main.
Ces pirouettes diplomatiques ternissent fortement l’image et le leadership du Sénégal tant au plan continental qu’auprès de ses amis occidentaux. Car, même la France qui sponsorise le président Sall semble approuver la résolution introduite par notre pays contre Israël mais, dans les coulisses, c’est l’un des plus grands soutiens de l’Etat hébreu qui va jusqu’à punir de sanctions pénales ses propres citoyens qui commettent l’imprudence de faire référence à la Shoah. Cette France-là est celle de l’hypocrisie, celle qui poursuit Nicolas Anelka pour une simple quenelle mais c’est aussi la même France qui joue dans le politiquement correct en incitant ses «amis» à condamner diplomatiquement les excès d’Israël. Il faudra donc que le Sénégal assume tout seul les conséquences de ses revirements.
Mamadou Faye
Directeur de Publication Journal 24H
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