Cogitant beaucoup ces temps - ci, plus que de coutume, comme tout le monde du
reste, en cette période de pandémie, qui secoue le monde entier, je ne peux m’empêcher,
en tant que citoyen sénégalais, voire en tant que croyant, pour ne pas dire en tant qu’être
humain doué de raison, contrairement à l’animal, de me prononcer, voire d’apporter ma
modeste contribution à la lutte contre ce fléau, qui est en train de décimer l’humanité.
« Charité bien ordonnée commence par soi – même. » dit le proverbe, mais aussi « Qui aime
bien châtie bien ». Quels enseignements avons-nous tiré de l’apparition du CORONAVIRUS à
nos jours ? Quel devrait être le comportement idoine du citoyen sénégalais, et partant de la
personne humaine, face à cet ennemi commun ?
Le CORONAVIRUS ou « COVID - 19 » née en Chine, il y a trois mois, qui asphyxie la
personne humaine, par l’atteinte des poumons, poursuit concomitamment son chemin, en
en faisant autant pour l’économie de tous les pays du monde. Fermeture de frontières, des
écoles, universités, des hôtels, restaurants, lieux de distractions, stades, etc, sont autant
d’actes apeurant, corrélés un cortège de morts, sans distinction de zones géographiques, de
couleurs de la peau, de races, d’ethnies, de religions, qui propagent la peur suscitant
réflexions de l’élite intellectuelle, de gouvernants, de religieux, de toutes corporations et de
recherches de la communauté scientifique, en vue d’arrêter cette machine de la mort qui
avance inexorablement, phagocytant tout sur son passage.
Normal que nous ayons peur de cette peur qui nous apeure davantage pour
paraphraser Maxime GORKI ! Une simple prise de conscience de quelque bord que l’on
puisse être, - citoyens de tous pays -, induit, tout d’abord, une introspection, pour situer sa
responsabilité personnelle, dès lors que nous vivons en communauté, dans les méandres de
cette hécatombe.
On me dira qu’il y en a eu de similaires dans l’histoire des peuples : 1930,
1938, 1944… C’est vrai. Mais cela ne nous absous point de crever l’abcès, en disant ce que
nous pensons, sous l’angle de notre posture citoyenne, de ce que devrait être notre
comportement. Car, l’atteinte de nos objectifs est toujours tributaire de méthodologies sous
– tendues de règles disciplinaires, articulées aux programmes bien définis, certes, jalonnés
de paramètres, mais sous – jacents à nos réussites et échecs antérieurs, pour ne pas dire la
somme de nos expériences.
Au demeurant, « Sénégalais debout ! » : ces deux vocables pleins de sens, figurant
dans notre hymne national, laissent parler leurs contenus, en ce moment, eu égard à notre
cher Sénégal, car force est de reconnaître que toute la République est debout. Debout pour
faire corps face à l’envahisseur, debout pour s’unir et faire montre de la réalité de notre
union, debout pour exorciser les démons de l’engin de la mort qui attaque et massacre
l’espèce humaine.
Dans son premier message à la Nation, le 06 Septembre 1960, le
Président SENGHOR ne disait – il pas : « Les Sénégalais ont prouvé, au monde étonné, qu’ils
savaient, à l’heure du péril national, communié dans un COMMUN – VOULOIR – DE – VIE -
COMMUNE, en oubliant les querelles sous le baobab. »
Oui, « Sénégalais debout », cette expression qui vit et survit au temps,
subséquemment à ses vicissitudes, épouse le cheminement de la Nation dès lors qu’elle se sent menacée. Oui, en bon visionnaire, le président poète a eu raison de la glisser dans notre
hymne national. Et, je ne peux, dans ce sillage, m’empêcher, en rédigeant ces modestes
mots, de penser aussi au président Kéba MBAYE, dont la leçon inaugurale sur le thème :
« L’éthique aujourd’hui », administrée à la communauté universitaire en 2005, réveille en
moi un souvenir exaltant. « Dans les moments d’interrogation, il ne faut non les chanter,
mais les murmurer du fond du cœur, à chaque instant et leur obéir, ces deux mots
sont : Sénégalais debout. ». Dixit le père Kéba, dans un speech au français si châtié, ponctué
d’humour, et pleins d’enseignements appropriés au contexte de l’époque, comme pour
rappeler au sénégalais lambda sa responsabilité dans le mal - être national. Permettez que je
rende un vibrant hommage à ces deux anciens, ces deux sages, ces deux éminents
Sénégalais.
Que la terre leur soit légère !
Aujourd’hui, dans le combat qui nous oppose au COVID – 19, nul n’a le droit de se
soustraire à la démarche empruntée par les pouvoirs publics. Aussi, me semble-t-il que cela
est bien compris par les Sénégalais. Le cas de la classe politique en est un exemple patent. À
l’unanimité, avec force propositions, elle fait corps, en ce moment, avec le Président de la
République, dans les stratégiques prises de décisions afférentes à cette lutte. Cela est plus
que salutaire ! Et c’est l’occasion de lui tirer le chapeau pour cette posture de grandeur et de
patriotisme. Le Sénégal est un et indivisible. Après l’éclatement de la Fédération du Mali, le
premier Président de notre République, fulminait dans son deuxième message à la Nation, le
31 Décembre 1960 : « Quelques brebis se sont éloignées du troupeau dans la fameuse nuit.
Elles se sont égarées. », - comprenez qu’il parle de la nuit du 19 au 20 Aout 1960 -, je dirai,
qu’aujourd’hui, tout le troupeau est ensemble et prêt à faire face quelle que soit l’adversité.
Ce qui me fait laisser entendre que le peuple sénégalais est un grand peuple. Il l’a prouvé
dans le passé. Parce qu’aussi, ses hommes politiques en sont un échantillon.
En tenant un Conseil présidentiel qui a servi ces mesures audacieuses et courageuses,
cette prise de responsabilité du Pouvoir est, - osons le dire -, venue à son heure. Le monde
évolue, le Sénégal avec. Sans faiblesse aucune, le Président décide, décrète et communique.
Les ministres concernés, aussi, suivent en jouant leur partition. La communication officielle
est réelle. C’est le moment où, plus que jamais, le Chef de l’État doit faire montre de cette
potentialité, j’allais dire de chef, à diriger le pays. Et c’est heureux que ses décisions, dans
l’intérêt de la communauté nationale, soient appliquées avec rigueur, du moins pour
l’instant. Or, « Qui aime bien, châtie bien. », avons-nous rappelé supra. Aucune défaillance
ne devrait être tolérée eu égard à cette batterie de mesures indispensables au bien - être de
notre peuple. Le glaive de la sanction devrait être impitoyable pour peu que l’on s’amusât à
enfreindre ces règles. C’est aussi cela la République.
Comment comprendre qu’un Sénégalais puisse – t – il être si irresponsable et si
inconscient, au point de lancer que cette pandémie n’existe pas dans notre pays. La machine
judiciaire doit être intolérable à ce niveau.
Pas d’excuses ! La vie humaine est sacrée ! Autant
dire que la désinformation afférente à cette calamité est synonyme de délit gravissime, voire
de crime, qui devrait être assorti de sanctions très sévères, fussent-elles à l’endroit de
proches du pouvoir politique, spirituel ou que sais – je. Sans discipline, sans ordre, sans
sanction, nous ne réussirons rien, absolument rien ! C’est ça la vérité ! En dépit de toute volonté de bien faire, de réussir les challenges, si grandioses et ambitieux fussent – ils, il faut
le dire, à maints égards, notre pays a échoué, voire a marché à reculons du fait de laxisme de
nos autorités, de faiblesses, de cette antipathie du suivi, de la maintenance, de l’évaluation,
et tutti – quanti, si consubstantielle à tout progrès.
Permettez que nous nous autocritiquions, pour nous améliorer.
Nous autocritiquer,
c’est parler de ce qui nous a toujours retardé. C’est un truisme de dire que l’indiscipline y
occupe une place prépondérante. Oui, nous sommes indisciplinés, contrairement aux
asiatiques. Et nous vivons cette indiscipline au jour le jour dans notre pays et les autorités
laissent faire. Que dire de notre comportement dans la circulation routière qui n’en est rien
d’autre que le résumé de notre indiscipline, comme j’ai eu à en faire le titre d’un article que
j’ai publié dans la presse, dans le passé. Pour ma part, l’adage : « À toute chose, malheur est
bon. » trouve pleinement son sens. Le Président de la République, Premier des Sénégalais
devrait donner l’exemple – à l’image de sa manière de saluer par un coup de coude, de la
vidéo où il se laver les mains au savon, de ses prises de décisions draconiennes et j’en passe.
Comme pour rappeler qu’il est le Gardien de la Constitution et chargé de faire appliquer les
lois. Car, l’intérêt supérieur de la Nation prime sur nos intérêts individuels. C‘ est l’occasion
de l’en féliciter.
Nous autocritiquer, c’est aussi remettre en cause notre hygiène, certains de nos
usages, c’est revisiter notre propreté, décrier haut et fort ce que nous avons l’habitude de
dire tout bas, pour éviter de recevoir les foudres de certaines corporations, dignitaires ou
autres.
Nous autocritiquer, c’est décrier ces poignées de mains qui ne sont pas
indispensables aux marques de politesse alors qu’elles charrient une transmission
exponentielle de microbes, de bactéries, virus et autres dès lors que nous ne sommes pas
tous propres ; c’est vrai ! En marchant dans la rue, il est fréquent de voir un quidam, la main
droite au nez, se courber, se moucher et finir par le nettoyer avec ses doigts sans honte, ni
vergogne et prompt à tendre celle - ci au premier venu, en guise de salutations. C’est
dénoncer celui qui déverse vilement ses boules de crachats sur la route asphaltée. C’est
accepter que l’autre ne veuille pas vous tendre la main pour éviter une mutuelle
transmissions de ces machins. C’est dénoncer la manière de laver les légumes au marché. Je
fus sidéré de constater que l’on lave la carotte que nous consommons dans une bassine
remplie d’eau par le martellement des pieds là-dessus. Je dis bien par les plantes du pieds.
Nous autocritiquer, c’est dénoncer la pratique du lavage concomitant de nos mains
dans un même récipient avant de manger et après nous être rassasiés, ajoutant une floppée
de bactéries à notre alimentation. C’est fustiger le fait de voire toute une famille boire de
l’eau avec un seul pot, après le repas. C’est aussi, fustiger l’attitude du travailleur aux mains
imbibées de liquide et ou de taches découlant de ces instruments usuels inhérents à sa
besogne, insouciant, qui tend sa main au premier venu, pour lui dire bonjour. Ou cette
personne, qui, des doigts de sa main droite qu’elle enfonce et tourne dans ses narines, pour
les nettoyer, la tend pour saluer. C’est fustiger l’attitude de ce travailleur qui vient accomplir
sa dévotion à la mosquée en tenue de travail, parfois, truffée de taches de je ne sais quel
liquide, alors qu’il porterait ses habits de lumière pour rencontrer le Président de la
République, comme aimait à le professer dans ses sermons, feu Imam Mouhamadou POUYE
de la grande mosquée de Castors. C’est, entre autres, boire son sachet d’eau et tendre sa
main mouillée à la première rencontre.
C’est, aussi, entrer dans une officine de commerce et
vouloir vaille que vaille serrer la main du vendeur, qui peut reçoit quotidiennement plus
d’une centaine de clients. C’est vouloir, sans réfléchir, coûte que coûte, donner la main à son
vis-à-vis, alors que ce dernier détient des bagages aux siennes – smartphone, clés, chapelet
et autres -, l’obligeant à lui rendre difficilement la politesse. Ce qui est à la limite
inintelligent.
Nous autocritiquer, c’est communiquer sur le fait de respecter les décisions de l’État.
Oui, pour chaque autorité, au niveau de la chaine des responsabilités où elle se trouve. C’est
enjoindre la force publique de veiller au contrôle du respect des normes de sécurité et de
santé publique telles qu’édictées par l’État. C’est dissuader la surcharge dans les bus de
transport en commun et réfléchir sur l’alternative idoine pour résoudre cette problématique
du transport. C’est faire régner la discipline dans tous les secteurs de la vie nationale.
Nous autocritiquer, c’est accepter de communiquer sur la reconnaissance de nos
erreurs, dans l’humilité, dont seules les personnes de valeur, savent faire preuve. C’est
accepter de se repentir dès lors qu’on veuille aller de l’avant. C’est mettre sur la balance ses
forces et ses faiblesses. C’est étudier, en vue de se projeter dans le futur, les opportunités et
menaces, dans le dessein de la réussite de nos projets ; pour ne pas dire l’étude des tableaux
SWOT y afférents. C’est faire du management de la qualité à tous les niveaux. C’est encore
privilégier le bon sens, avant d’agir. C ’est le respect de la hiérarchie. C’est savoir prendre ses
responsabilités sans attendre un quelconque ordre si tant est que le contexte l’impose.
C’est, en un mot, donner le bon exemple quand on est un dirigeant.
Nous autocritiquer, c’est accepter de communiquer sur le fait de se tenir debout à
l’heure du péril, comme c’est le cas en ce moment. C’est accepter la différence, en
reconnaissant l’option de l’autre dans le combat qui est nôtre. C’est écouter les médias et se
conformer aux recommandations officielles de nos autorités, qui s’accroissent au firmament
de l’évolution du fléau ambiant. C’est traduire en justice les récalcitrants : ceux qui disent
que la maladie n’est qu’un leurre, l’imam qui refuse de se plier aux directives de fermeture
de la mosquée qu’il dirige, alors qu’il ne saurait être le plus érudit, le plus croyant, encore
moins le plus exégète de sa localité. C’est le respect du confinement.
Nous autocritiquer, c’est communiquer sur le fait de veiller davantage à l’hygiène
dans nos lieux de culte, à fortiori celle des toilettes qui, pour lesquelles, sous bien des
aspects, sont les parents pauvres de l’hygiène. C’est communiquer sur le manque d’hygiène
noté dans certaines boulangeries de la place, où , il est fréquent de voir un agent de la
structure malaxer la farine sans gangs, sans masque, la sueur au front, de même que les
agents de la chaine de fabrication à la distribution. Je parle de cet agent boulanger qui
transporte le pain dans des sacs de papier sur sa bécane, ou le véhicule vétuste inadapté qui
le transmet au boutiquier. Et ce dernier, à son tour, sans outils de protection, distribue,
subséquemment, au détail pain, eau de javel en grains, sucre en morceaux, oignons, tomate
en pâte, etc.
Nous autocritiquer, c’est dénoncer nos comportements négatifs et essayer de leur
trouver une solution, en vue de tendre vers notre bien - être. La survenue du COVID – 19, est
le mal, par lequel, nous sénégalais, devrions faire notre introspection, extraire de notre
environnement cette pléiade d’usages d’un autre temps.
Ce coup de projecteur sur quelques aspects de nos comportements, - vous le devinez
- n’est que le point de vue d’un citoyen qui a tenté de passer à la loupe quelques-uns de nos
défauts bien sénégalais auxquels nous devons nous départir pour nous mettre dans l’air du
temps. Toutefois, nous saluons le labeur acharné de nos autorités dont on peut citer le
Président de la République et toute son équipe. Quid du corps médical dont l’expertise n’est
point à démontrer dans la communauté scientifique mondiale. C’est pour rappeler le mot du
professeur Daouda NDIAYE, qui disait tantôt qu’il faut que nous croyions en nos capacités. La
presse, les forces de sécurité et de défense sont à confondre dans les mêmes éloges.
Sénégalais debout ! Que Dieu préserve le Sénégal !
Mr TOUNKARA
77 811 70 79
0 Commentaires
Participer à la Discussion