La Maison de la culture Douta Seck a servi de cadre hier à des réalisateurs marocain, burkinabé et sénégalais pour échanger sur leurs expériences du cinéma.Une façon de donner les us et astuces aux jeunes.
Il n’y a pas de secret pour réussir dans le cinéma. C’est la conviction du réalisateur burkinabé Missa Hébié. Il est à Dakar avec la cinéaste marocaine Selma Bargach pour le festival spécial ‘Le meilleur du cinéma’. Hier, lors d’une rencontre organisée en partenariat avec l’Association sénégalaise de la critique cinématographique à Douta Seck, Hébié soutient que ‘ce métier demande du courage’. Ce n’est pas certes facile. Sinon, le jeu n’en vaut pas la chandelle ou ‘la peine de s’engager’. La première des choses est de se former. ‘Vous voulez faire quelque chose, il faut étudier’, martèle-t-il. Le réalisateur du film Le Fauteuil (2009) a débuté dans le cinéma dans les années 80. Le Bac en poche, il fréquente l’Institut africain d’éducation cinématographique de Ouagadougou (Inafec).
En plus des stages de six mois au Canada, en Belgique, il travaille à la télévision, fait des émissions et courts-métrages pour l’audiovisuelle. Il a assisté des cinéastes dont Idrissa Ouédraogo, Pierre Yaméogo. Il a été régisseur sur le film Madame brouette du Sénégalais Moussa Sène Absa. Le cinéaste ne veut pas dissuader les jeunes. Mais plutôt qu’ils ne s’attendent pas qu’on leur offre tout sur un plateau d’or. ‘Soyez durs, n’ayez pas peur de prendre des risques’, explique le réalisateur burkinabé qui révèle avoir financé son premier long-métrage Le Fauteuil avec les bénéfices de sa série télévisée Commissariat de Tampy.
Pour réussir un film, il y a plusieurs étapes à franchir. Il faut être convaincu de ce que l’on veut raconter, du message à faire passer en choisissant un bon thème. Sinon, on passe à côté de la plaque. La deuxième barrière à franchir, c’est le travail du scénario. Il a plus de chance d’être abouti si vous collaborez avec des scénaristes. Car, comme dit la réalisatrice marocaine Selma Bargach, ce n’est pas possible d’être à la fois réalisateur, producteur, scénariste, technicien. C’est pourquoi le cinéaste sénégalais Mansour Sora Wade parle d’un art collectif. Pour lui, la faiblesse de plusieurs films se trouve au niveau du scénario et du montage. Comme la Marocaine il affirme qu’il faut avoir le courage de travailler avec des personnes compétentes dans leurs domaines. Pour son film La 5ème corde (2011), Bargach a fait confiance à sa productrice pour se concentrer sur sa mise en scène, le décor et le jeu d’acteur.
La peur au ventre pour ce premier long-métrage l’a poussé à beaucoup travailler avec des scénaristes lors d’ateliers, de rencontres pour enrichir pendant deux ans l’intrigue, le développement des personnages. Et pour cela, un bon casting permet d’avoir des comédiens et choisir les meilleurs techniciens. ‘J’ai fait appel à des acteurs de la sous-région, deux Maliens, une Ivoirienne, un Sénégalais (Ibrahima Mbaye : Ndlr) pour mon dernier film En Attendant le vote (2011)’, note Missa Hébié invité à Dakar par le groupe Image et vie dans le cadre du Festival spécial ‘Le meilleur du cinéma’. Le réalisateur Ben Diogoye Bèye lui s’attarde sur le support. Il estime que ‘le numérique est fantastique’. Mais cela ne veut pas dire ‘un cinéma facile’. Tout ce travail préliminaire permet d’avoir une idée du boulot à faire par rapport au budget disponible pour ne pas rencontrer de problème à la dernière minute.
…Où l’argent est le nerf de la guerre
Après tout cela, on est juste au début de la course. Hébié vous dira que vous avez juste un outil entre les mains. Il faut chercher les financements. Il paraît que c’est un parcours de combattant au Burkina, car au pays des Hommes intègres, il faut avoir des appuis politiques pour s’en sortir. Même son de cloche au Sénégal. Là, le problème du financement est devenu très grave. Le réalisateur du film Le Prix du pardon (2002) estime que ‘les cinéastes sont quelque part fautifs de la situation’. Il constate que ‘les subventions ont aidé à tuer le cinéma africain’. Les guichets ont disparu ou se sont élargis à d’autres horizons. Le Fonds Sud est devenu Fonds cinéma du monde où pour y accéder, il faut être un dur parmi les durs. Le Fonds Afrique image n’existe plus. Il faut que nos pays africains sachent que le cinéma doit être intégré dans le développement comme cela se passe ailleurs.Si l’on met en pratique ces quelques conseils, on est sûr de réussir son film Même s’il ne fait pas le tour du monde, il fera son bonhomme de chemin.
Fatou K. SENE
2 Commentaires
Joobajubba
En Janvier, 2012 (10:33 AM)Mandrax
En Janvier, 2012 (17:27 PM)Bon courage, jeunes réalisateurs. Ne désarmez point. Prenez votre courage à deux et allez dans le champs qui est vaste, fouillez, bêchez ...
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