PARIS (France) : En cette fin de mois d’avril 2014 les pluies sont abondantes dans la capitale française. Elles sont soutenues par un vent glacial qui ne donne aucune envie de sortir des appartements chauffés dont certains à cause des effluves d’encens made in Sénégal. La grisaille et le froid persistent à Paris, mais il en faudrait plus pour décourager le public adepte du « Samba Show ». Hommes, femmes et enfants ont fait le déplacement en grand nombre, souvent en famille, venus de tous les recoins de Paname pour s’offrir une détente hilarante au Cabaret Sauvage avec les graines de stars venues des banlieues françaises. Plus de deux heures de spectacle pour se lâcher et oublier un moment la rude vie dans une si grande capitale européenne. Comme si on était dans un lointain village en Afrique, assis sous un baobab, autour d’un feu de bois, les parisiens ont eu droit à un show sublime avec des contes, de la musique et de belles chorégraphies exécutées dans un grand art par de jeunes français d’origine africaine et asiatique. Ils ont une double culture et le porte fièrement. Le « Samba Show » mobilise un public métisse et toujours plus nombreux à chacune de ses sorties en France. Encore dans le rire, Myriam nous confie : « J’étais à la présentation, l’année dernière, au théâtre de la Folie Bergère. Je m’étais tellement bien amusée que je suis revenue cette année avec un groupe d’amis à qui je fais découvrir ». Quant à Ramata qui rentre fraîchement du Sénégal, elle affirme : « Je ne pouvais rater ce show pour aucun prétexte.
Show nécessaire
C’est
original et ça nous parle, on s’ennuie pas au Samba-Show ».
L’initiateur Samba Kanté se réjouit de la fidélité du public, car «
malgré le concert au même moment de Justin Timberlake au stade de France
et le mauvais temps, les gens sont venus nombreux nous soutenir. C’est
touchant mais en même temps, ça prouve aussi que c’est un bon show,
nécessaire ». C’est Kamini qui a ouvert le show avec un sketch sur la «
bizarrerie » des prénoms africains. Selon l’artiste, les prénoms
africains ont souvent une consonance particulière pouvant provoquer
l’étonnement voire même la peur chez les autres. « Imaginez un Cv avec
un prénom comme Dieudonné, Bienvenue ou alors Mboukaka »,
plaisante-t-il. « Aucune chance pour ces gens-là de trouver un emploi en
France d’un premier coup, quelque que soit leurs compétences ». Avec un
humour subtil alliant gestes et grimaces, Kamini pense que des
personnes avec de tels prénoms sont des « victimes » du délire de leurs
parents qui, de façon involontaire, leur font porter un lourd fardeau
dès la naissance. Après Kamini, c’est Saga Love qui nous fait remarquer
dons son sketch, le regard que poseraient les militants du Front
national sur la communauté "black" de France. Des allusions à la famine,
aux appartenances à un genre animalier quelconque, en passant par les
maladies incurables, tout y passe pour dire dans l’humour qu’une
certaine partie des Français ne porte pas les Noirs dans leur cœur.
Oumar
Diaw et Sabrina Ouazzani quant à eux, ont présentés un extrait de leur
pièce «Amour sur place ou à emporter », pour rire des problèmes de
couples qui découlent souvent d’une frustration de l’une des deux
parties en raison d’un manque récurrent de contact physique. Cette pièce
a eu un grand succès au théâtre et l’extrait choisi par les deux
comédiens pour le retour du « Samba Show » a provoqué des fous rires
dans le public. Rien qu’avec son look, Moussier Tombola affiche d’emblée
sa richesse culturelle franco-africaine.
Identité visuelle
Avec
son bonnet de père noël et ses grosses lunettes de soleil désormais
devenus son identité visuelle, Moussier a fait son entrée sur scène
drapé d’un peignoir blanc avec à l’intérieur, un grand pantalon bouffant
bleu et des babouches blanches décorées avec un fil doré. Pour imiter
son propre père qui donnait en mariage sa fille, Tombola ne pouvait pas
trouver un meilleur look pour incarner le vieux villageois du Fouta qui
s’est occidentalisé après un long séjour en Europe. Dans le classement
des imitateurs français du nouveau millénaire, un jeune sénégalais fait
son ascension lentement mais sûrement. Bayoo, de son vrai nom Ibrahima
Baye Sarr, est un as dans la captation des accents étrangers. Avec une
aisance divine, il manie comme il veut les accents africains, antillais
et arabes. A lui seul, Bayoo peut tenir une discussion à plusieurs
passants sans difficulté, d’un accent à un autre, pour raconter des
histoires sur les parents d’élèves devant les portails des écoles ou
avec les enseignants. Outre Bayoo Sarr et Saga Love qui ont nouvellement
intégré la team du rire, le « Samba Show » réservait d’autres
surprises. L’étonnant Saïdou Abatcha, avec ses contes traduits du pulaar
en français, était lui aussi de la partie en invité de même que Motuss
le magicien, Odah & Dako des rappeurs très francophiles, Joe le
danseur agile aux acrobaties spectaculaires, Jean Claude Muaka le show
man à l’américaine et Kevin Ke le chinois qui en pince pour les
sénégalaises.
En
attendant la diffusion à la télévision du nouveau spectacle de « Samba
show », Samba Kanté et ses protégés ont un seul grand souhait, c’est de
se produire au Sénégal devant leur public d’origine.
correspondant permanent le soleil Ousmane Noël MBAYE
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Devant
En Mai, 2014 (19:45 PM)Participer à la Discussion