Totalement indisposées par le rythme non stop des concerts qu’abrite la Place de l'Obélisque depuis l'entame du Festival mondial des arts nègres, les populations riveraines du Boulevard Général De Gaulle n'ont qu'un seul souhait aujourd’hui : que les choses finissent. Privées de sommeil par le puissant matériel de sonorisation, elles font également état de problèmes d'insécurité et même d'impossibilité à parler au téléphone, à regarder la télévision ou à écouter la radio.
Contrairement aux nombreuses populations qui tous les soirs se scotchent devant leurs postes téléviseurs pour voir des images défiler sur les chaînes télé et ne rien rater de la prestation des artistes planétaires dont elles ont longtemps entendu parler et qui se produisent à la Place de l'Obélisque, celles riveraines de cet espace de Dakar ne souhaitent qu'une seule chose : la fin des manifestations. Parce que perturbées à tous les niveaux par les concerts qui se déroulent de manière quasi non-stop sur cette place depuis le début du Festival mondial des arts nègres, le 10 décembre dernier. Cela, avec à la clé un matériel de sonorisation d'une puissance jamais vue au Sénégal.
Privées du bonheur de dormir du sommeil du juste la nuit, ces populations riveraines du Boulevard Général De Gaulle et de ses environs, notamment Colobane, Fass et Médina, déplorent également l'insécurité qui prévaut sur les lieux, avec les personnes malintentionnées qui viennent rôder jusque dans leurs maisons, sans parler des difficultés qu'il y a à parler au téléphone, suivre la télévision ou tout simplement écouter la radio, au moment des concerts. Des perturbations qui débutent à partir de 17 heures, moment des tests sonores pour préparer le matériel et qui ne prennent fin que tard dans la nuit, très souvent au-delà de 3 heures du matin.
Rencontré au quartier Colobane, le vieux Alassane Ndiaye, qui confie être malade, martèle : «Notre plus grand souhait aujourd’hui, c’est de voir enfin la fin des activités à la Place de l’Obélisque pour qu’on puisse de nouveau dormir la nuit. Parce que depuis le 11 décembre, on n’a pas fermé l’œil la nuit». Trouvée assise devant la porte de sa maison, Aïssatou Diallo, une femme enceinte, clame tout le dégoût des riverains face au calvaire qu’ils vivent. «Ces concerts à n’en plus finir nous perturbent beaucoup. Mais on n'a pas le choix. C'est vrai que c'est une Place publique où il y a souvent des concerts, mais à cette fréquence, jamais cela n’a été le cas. C’est comme si nous, on ne comptait pas. Mais que peut-on y faire ? On est juste obligés de supporter tout ce vacarme en se disant que bientôt ce sera la fin du Festival».
Les riverains font contre mauvaise fortune, bon coeur
Même constat au niveau de Fass. «On ne dort ni la nuit ni le jour. Parce que le jour, ils font des tests et la nuit, c'est encore pire avec les concerts», peste Viviane Mendy. «Ce Festival n'est vraiment pas intéressant. Car pour parler au téléphone, à partir 19 heures, on se casse la voix en criant. Avant les vacances de Noël, les enfants avaient du mal à dormir. Depuis le début du Festival, on se réveille tous les jours avec des migraines. En plus de cela, il y a de l'insécurité parce que les concerts attirent toutes sortes de personnes. On a vraiment hâte que le Festival finisse et que les choses reviennent à la normale», fulmine-t-elle.
Assise dans la cour de sa maison, Oumou Khaïry Dieng déplore pour sa part le fait que ce matériel sonore les empêche de regarder correctement la télévision. «C'est difficile d'écouter la radio, de parler au téléphone ou encore de suivre un quelconque programme à la télévision le soir. Et une fois au lit, il est difficile de trouver le sommeil parce que vous avez l’impression que c’est dans votre chambre qu’est installé tout ce matériel de sonorisation. On est plus que pressés d’en finir avec ce Festival qui nous pourrit l’existence», lâche cette dame qui habite sur le boulevard Général De Gaulle, à 600 mètres à peine du monument de l’Obélisque.
Mais prenant leur mal en patience, d'autres riverains du podium musical du Festival, quoique perturbés par les décibels que débite tous les soirs la puissante sonorisation installé sur cette Place de l’Obélisque par les organisateurs de ce rendez-vous de la culture nègre, disent supporter tant bien que mal le brouhaha. «On n'a pas le choix. On supporte donc ce bruit qui nous tympanise à longueur de nuit en nous disant que fort heureusement, ce sera bientôt fini parce que le 31 décembre, c’est bientôt», dit Gnilane Faye.
Même son de cloche du côté de Khady Faye, une commerçante établie non loin du monument de l’Obélisque. «Toutes les nuits, depuis le depuis du Festival, je me mets au lit et je les écoute jusqu'à ce qu'ils terminent leurs concerts pour essayer de m’endormir ensuite. Mais c’est parce que nous, ici, on n'a pas d’autre solution que de subir cette pollution sonore que nous imposent nos autorités, alors que c’était à elles de nous protéger. Car même quand on ferme toutes les portes et toutes les fenêtres, ça ne change rien. C’est comme si le concert se tenait dans nos salons et chambres à coucher», se désole-t-elle.
2 Commentaires
Boy Fouta
En Décembre, 2010 (18:44 PM)Laardo
En Janvier, 2011 (13:53 PM)Participer à la Discussion