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HISTOIRE GÉNÉRALE: Il était une fois le Sénégal…

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HISTOIRE GÉNÉRALE: Il était une fois le Sénégal…
Considéré au départ comme trop ambitieux, le projet de réécriture de l’histoire du Sénégal, lancé en 2014, avance malgré certaines difficultés. Les 19 premiers volumes ont ouvert la voie à une lecture du passé décomplexée. En attendant les 17 nouveaux ouvrages sur le point d’être publiés.  

Partant du constat que l’histoire du Sénégal, telle que rapportée et enseignée, présentait « des incohérences, des discontinuités et des périodes obscures », il était nécessaire de proposer une lecture autre que celle dérivée des paradigmes occidentaux, explique Mamadou Fall, coordonnateur général de Histoire générale du Sénégal (Hgs).

Selon lui, « l’importance, par exemple, du contrôle des terroirs et des rites dans la définition du pouvoir étant inconnue des Européens, on avait une histoire avec des fractures symboliques, anthropologiques, constitutionnelles et territoriales ». Comme son aîné et prédécesseur Pr Iba Der Thiam, le Pr Fall déplore une lecture « saucissonnée » qui ne tient pas suffisamment compte du contexte et des faits significatifs pour les communautés.

Pour relever le défi de la réécriture de l’histoire du Sénégal dans sa globalité, au départ, Hgs a fait appel à trois écoles historiques « d’égale dignité », selon le défunt Iba Der Thiam. L’historiographie académique de tradition européenne, celle des “massalik”, portée par les foyers religieux de culture musulmane, et celle des traditions anciennes aristocratiques et culturelles. Si cette nouvelle approche porte des fruits, ce n’est pas sans anicroches. Histoire et mémoire à couteaux tirés En septembre 2019, une polémique avait éclaté au Sénégal, après la sortie de l’ouvrage « 1817-1914 les années d’épreuves, de luttes armées, de renouveau religieux et culturel, de refus de la domination et de consolidation du pouvoir colonial ». Des familles religieuses avaient vivement contesté l’authenticité de certaines informations.

« Cet épisode a malheureusement démotivé plusieurs personnes », regrette aujourd’hui le professeur Rokhaya Fall, l’une des rares femmes du projet. Elle est membre du comité scientifique réunissant une quarantaine d’universitaires. Parmi eux, des Sénégalais de renommée, dont Mamadou Diouf et Souleymane Bachir Diagne, ainsi que des chercheurs d’horizons divers (Europe, Amérique, Afrique). L’ancienne cheffe du département d’Histoire de la faculté des Sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) et coordonnatrice générale adjointe de Hgs, estime qu’il y a une sorte de conflit entre histoire et mémoire. « Nous analysons les faits à la lumière des sources tandis que dans les familles, il y a des choses que l’on raconte de génération en génération », dit-elle. Les sources utilisées par Hgs proviennent pour la plupart des Archives du Sénégal, des traditions compilées par des historiens, des récits de voyages des Européens et du patrimoine immatériel, avec les chants par exemple.

Des thèmes parfois inédits ou inattendus

Depuis 2014, 19 volumes ont été publiés : 5 en 2019, 14 en 2023. Ils abordent des thématiques variées, de l’Antiquité à nos jours.

À côté des ouvrages, plutôt attendus, comme ceux consacrés au Sénégal ancien, aux paysages mégalithiques, à Shaykh Ahmadou Bamba, à la Tijaniya au Sénégal, à la grève meurtrière des cheminots en 1938, à Thiès ou encore à « l’émiettement politique du Sénégal », il y en a de plus étonnants. Par exemple, celui sur « les relations historiques et culturelles entre la Sénégambie et la Vallée du Mississippi » ou ceux sur l’électrification du Sénégal. Selon le descriptif, le premier, rédigé par le professeur Ibrahima Seck, démontre la « pertinence du point de mire qu’est la Sénégambie en tant que source principale de la population africaine de la Louisiane au XVIIIe siècle ».

Concernant l’électricité, El Hadj Ibrahima Ndao, l’auteur des deux livres de plus de 400 pages chacun, explique que les premiers services de base ont commencé avec elle. D’après lui, en plus d’avoir été une aventure humaine et technologique extraordinaire, l’électrification a contribué à l’urbanisation de plusieurs zones. « Dès 1887, les rues de Saint-Louis, la première capitale, ont commencé à être éclairées, puis ça a été au tour de Dakar, à partir de 1902 », indique l’ingénieur et docteur en Électronique des solides et des particules, passionné d’histoire.

« C’était avant certaines régions françaises », précise-t-il tandis que beaucoup de Sénégalais s’intéressent plus à notre passé depuis la commémoration des 80 ans du massacre de Thiaroye.

Thiaroye 44, des trajectoires méconnues

Si la commémoration au Sénégal, le 1er décembre 2024, des 80 ans du massacre de Thiaroye a levé un coin du voile sur cette tragédie, elle a aussi ouvert la voie à une quête de la véritable histoire des tirailleurs. Cinq volumes, qui leur sont entièrement consacrés, sont prêts à être publiés. Parmi eux, « Thiaroye 44 : chronique d’un crime de guerre » et « Les Tirailleurs, une autre histoire des peuples colonisés ». Pour Mamadou Fall, il est important d’aborder les questions liées aux tirailleurs sous divers angles. Selon lui, Thiaroye ne se limite pas à un face-à-face entre le Sénégal et la France.

« Pour comprendre la saga des tirailleurs, il faut aussi savoir qui ils étaient et se pencher sur les fractures de notre propre société », défend l’historien. « Les gens qui ont été embarqués comme tirailleurs, on a dit que, pour l’essentiel, c’était des esclaves libérés, mais eux, ils voyaient leur intégration dans l’armée comme un moyen d’ascension sociale, de distanciation par rapport à leur statut de servile » affirme-t-il. Au Sénégal, en décembre dernier, une polémique avait éclaté à cause des déclarations d’un proche collaborateur du président de la République. Celui-ci avait taxé les tirailleurs de traîtres.

Les prochaines publications pourraient permettre de replacer les choses dans leur contexte.

En quête de fonds pour publier de nouveaux ouvrages

Les nouveaux volumes abordent des sujets comme l’histoire du Saalum, avec ses souverains et ses personnages illustres ; le sel dans la configuration de l’espace du Sénégal du 13e au 20e siècle ou encore l’histoire des fédérations sportives. Mais leur avenir est incertain. Soutenue à ses débuts par des démembrements de l’État, la mairie de Dakar et des sociétés privées nationales, Hgs (qui a un statut d’association) bat de l’aile. Peut-être que le salut viendra du chef de l’État. En décembre dernier, Bassirou Diomaye Faye avait demandé une évaluation de Hgs et envisagé un soutien. Les 19 premiers volumes, tirés à 1.000 exemplaires chacun, ont coûté 80 millions de FCfa. Cinq volumes sont épuisés, mais les autres sont disponibles au prix de 10.000 FCfa.

Hormis l’impression des ouvrages, le manque de moyens pose d’autres problèmes. Par exemple, celui de la rémunération des archivistes, documentalistes et bibliothécaires, mobilisés dès le début par le professeur Saliou Mbaye. L’ancien directeur des Archives du Sénégal se souvient de leur implication.

« L’appui des jeunes a été utile, en particulier pour la numérisation et le classement des documents », ajoute-t-il avant de se prononcer sur le travail abattu depuis dix ans : « c’est très important dans un monde où l’histoire est trop souvent falsifiée! »


11 Commentaires

  1. Auteur

    il y a 7 heures (15:25 PM)
    Excellent article, enfin on se soucie de notre histoire !



    Pour les finances, je pense que trop de livres sont édités, il faudrait faire un condensé de tous.

    Merci pour ce travail titanesque qui hélas n'intéresse pas grand monde, la population vit au jour le jour, ses précocupations s'arrêtent à ce qu'elle pourra manger, un travail ou une sécurité sanitaire.
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  2. Auteur

    il y a 7 heures (15:25 PM)
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    Auteur

    il y a 7 heures (16:02 PM)
    Nul ne peut prostituer l'histoire du Sénégal. Il y a une toute nouvelle noblesse qui veut travestir le réel en voulant se tailler un manteau d'acteurs dynamiques de la prnetration de l'islam au Sénégal et son implantation dans le territoire national. Le Gaabu, le Gidimaaxa, le Fuuta avaient connu l'islam plusieurs siècles avant 1850.

    La manipulation ne passera pas, le trafic d'influence ne réussira pas.
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    • Auteur

      Reply_author

      il y a 2 heures (20:47 PM)
      De grâce accrochez vous à l'histoire. Nous on est dans la réalité de l'action.
      Nous sommes en train d'écrire l'histoire pour les générations futures.
      #al_madhrabu_saafii
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    Auteur

    Ahmadou Gueye

    il y a 6 heures (16:42 PM)
    Trés bon article
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    Auteur

    il y a 6 heures (17:09 PM)
    Le rebasage du PIB est une opération qui consiste à mettre à jour la base de calcul du Produit Intérieur Brut (PIB) d’un pays en tenant compte de l’évolution structurelle de son économie. Cela implique souvent de changer l’année de référence utilisée pour mesurer la croissance économique et d’incorporer de nouvelles méthodologies, sources de données et secteurs économiques.



    Pourquoi effectuer un rebasage du PIB ?



    1. Mise à jour de la structure économique : Certaines activités économiques qui n’étaient pas bien prises en compte auparavant (économie numérique, secteur informel, nouvelles industries) sont mieux intégrées.





    2. Amélioration de la précision statistique : Les méthodes de calcul s’améliorent et les nouvelles données permettent d’obtenir une image plus fidèle de la performance économique.





    3. Attractivité pour les investisseurs : Un PIB réévalué peut influencer les décisions des investisseurs en montrant une économie plus dynamique et diversifiée.





    4. Impact sur les indicateurs macroéconomiques : Le ratio dette/PIB, le déficit budgétaire en pourcentage du PIB et d’autres indicateurs peuvent être modifiés après le rebasage.







    Effets du rebasage sur l'économie



    Augmentation du PIB nominal : Dans la plupart des cas, le PIB est revu à la hausse après un rebasage.



    Changement dans le classement économique du pays : Un pays peut voir sa position améliorée au niveau régional ou mondial.



    Impact sur les politiques économiques : Une réévaluation du PIB peut influencer les politiques publiques, notamment en matière de fiscalité, d’endettement et d’aide internationale.





    Exemples de rebasage du PIB en Afrique



    Nigeria (2014) : Rebasage qui a fait passer le PIB de 270 milliards à 510 milliards de dollars, faisant du Nigeria la première économie d'Afrique devant l'Afrique du Sud.



    Ghana (2010 et 2018) : Après son rebasage, le PIB a augmenté de près de 60 %, révélant un secteur informel plus important que prévu.



    Sénégal (2018) : Le rebasage a montré une augmentation du PIB d’environ 30 %, intégrant mieux les nouvelles activités économiques.





    Conclusion



    Le rebasage du PIB est une procédure essentielle pour avoir une mesure plus réaliste de l'économie d’un pays. Cependant, il ne signifie pas nécessairement une amélioration réelle des conditions économiques des citoyens ; c'est avant tout une mise à jour statistique qui donne une vision plus précise de l’économie.



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    Auteur

    il y a 5 heures (17:36 PM)
    lancé en 2014
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    Auteur

    il y a 4 heures (18:54 PM)
    Travail mémorable à saluer et a encourager. Cette collection doit absolument être disponible sur le numérique et vulgarisée publiquement et gratuitement afin que tout le monde puisse se l'approprier. Beaucoup de sénégalais n'ont pas les moyens de débourser 10.000 F pour s'offrir cet collection, encore moins pour disposer d'un bibliothèque ou l'installer.

    Dons diffusez ces documents sur le numérique afin que tout le monde puisse en bénéficier.

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    Auteur

    Alpha De Paname

    il y a 3 heures (19:52 PM)
    C'est très intéressant que nous récrivions et apprenions notre histoire au lieu que les occident nous l'apprennent.

    Ça va être compliqué car chacun va essayer de tailler la part du lion : mon grand-père a fait ceci, il a été ceci.

    Bon courage !!!

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    Auteur

    il y a 3 heures (19:58 PM)
    Gorée est un lieu de passage.On a pas dis qu on a parqué un miĺion de personne en même temps ds cet île mais que des millions d individus y sont passés.Il est vraiment tordu. Qu on lui foute du sparadrap sur la bouche pour qu il ns foute la paix.
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    Auteur

    il y a 2 heures (20:26 PM)
    Dites aux guineens ndering peuls fouteu ndering k ils ne font pas partie du peuple senegalais
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    Auteur

    il y a 2 heures (20:29 PM)
    Pour moi on a une histoire et l'Europe a une Histoire avec un H majuscule.

    Depuis 15 siècles, ils ont construits et laissé des milliers de châteaux. Nous rien ne reste de nos cases royales en paille.A part quelques petits tatas du 19e siecle.
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