Il est presque 23 heures dans la salle du Ciné Burkina. On entend retentir une salve d’applaudissements. Les premiers cinéphiles du Fespaco 2015 acclament à tout rompre. Ils venaient de finir de voir la projection du film Paulin Soumanou Vieyra, le précurseur oublié. C’est par cette œuvre que les organisateurs du Fespaco 2015 ont souhaité rendre hommage à tous les cinéastes et réalisateurs décédés entre 2013 et 2015.
Datant de 2013, ce court-métrage de 25 minutes revient sur le parcours et la vie de ce véritable pionnier du cinéma sénégalais, contemporain, ami et collègue du plus médiatisé et connu que lui, Sembène Ousmane, à qui il donna l’envie de faire du cinéma. Le film s’offre comme une rencontre intime entre Paulin SoumanouVieyra et les cinéphiles. D’autant qu’il revient non seulement sur sa vie, mas surtout il offre à voir les premiers balbutiements du cinéma africain.
On y retrouve avec fierté, les interventions de Sembène Ousmane, Tata Annette Mbaye D’Erneville et bien d’autres figures historiques qui ont croisé le chemin de l’illustre cinéaste, à l’instar de Léopold Sédar Senghor qui a fait de lui le premier directeur des Affaires cinématographiques ou encore Thomas Sankara, dont l’image apparue à l’écran a été très ovationnée par le public. Cette œuvre de Mona Makki révèle en somme que Paulin Soumanou Vieyra, bien qu’ayant été l’artisan de la naissance du septième art sur le continent africain, est resté injustement méconnu du grand public. Son documentaire répare donc à juste titre, cette erreur tout en partageant cette histoire presque inconnue de ce personnage. Né en 1925 au Dahomey devenu le Bénin après l’indépendance, Paulin SoumanouVieyra quitte son pays natal à l’âge de 10 ans afin de poursuivre sa scolarité en France. Des années plus tard, il sera le premier Africain diplômé de l’Institut français des hautes études cinématographiques (Idhec). Débute alors une vie dédiée à filmer l’Afrique, à œuvrer pour l’émergence de talents, et à signer les premiers textes africains de critique cinématographique. Stéphane Vieyra, fils du cinéaste, très ému, a fait un témoignage symbolique sur son défunt pater.
La cérémonie des libations
Dimanche matin, place des cinéastes, une cérémonie des libations et d’hommage aux cinéastes disparus a également drainé du monde. Elle a consisté à faire trois fois le tour de la place des cinéastes en se tenant les mains, donner des témoignages sur les disparus et parler des perspectives du cinéma africain.«Aux cinéastes qui ont disparu, nous sommes venus prier pour eux. Pour nous, les morts ne sont pas morts», a déclaré le cinéaste burkinabè Gaston Kaboré. Sur la place sont posés de géants posters des cinéastes décédés. Parmi eux, la défunte réalisatrice sénégalaise Khady Sylla et le regretté Momar Thiam. Plus tard dans la journée d’hier, une rue a été baptisée au nom de Sotigui Kouyaté, l’illustre cinéaste burkinabè disparu le 17 avril 2010.
0 Commentaires
Participer à la Discussion