Quand on regarde les visages de certains hommes publics nigérians, en particulier les hommes politiques de la première république, on ne peut s’empêcher d’y remarquer quelques signes distinctifs, sous forme de balafres. Lesquelles trahissent leurs appartenances ethniques.
Ces balafres étaient visibles par exemple sur les visages de l'opposant politique sous la première république, Samuel Lakote Akintola, de l'ancien gouverneur de l'Etat de Sokoto au nord-est du Nigeria, Attahiru Bafarawa, ou encore sur le visage de l'ancien sénateur originaire de l'Etat d'Imo au sud-est du pays, Ifanyi Ararume.
Dans bien des cas, ces marques leur ont été faites au visage depuis l'enfance, sans se soucier de la quantité de sang perdue au cours de l'opération et des éventuelles conséquences d'une telle pratique.
Il arrive souvent que ces balafres qui servent à identifier sans difficulté l'origine ethnique de celui qui les porte deviennent source d'embarras pour non seulement celui qui les a au visage mais également pour les autres.
Outre l'identification ethnique, ces scarifications sont infligées, dans certaines communautés ethniques, lors des cérémonies d'initiation ou pendant des cultes tribaux.
Les balafres sont présentes dans l'histoire de l'Afrique depuis des siècles, en particulier à l'époque où il était vital pour l'individu de décliner son appartenance éthique.
Au Nigeria, ce sont les groupes ethniques comme les Yorubas, les Hausas, les Kanuris, les Nupes, les Jarawas des Etats du Plateau et l'Igala qui se distinguent davantage dans ces pratiques avec de grandes scarifications au visage.
Ces balafres vont de trois signes horizontaux sur chacune des joues chez les Oyos à des signes verticaux sur une des joues chez les membres de l'ethnie Ondo.
Chez les Jawaras il s'agit de plusieurs incisions fines qui vont de la tête à la joue, alors que pour les Nupes il s'agit d'une fine barbe de chat au bord des lèvres.
Les balafres, dans le passé, étaient sources de vénération, mais elles sont devenues de plus en plus rares à cause des lois qui les prohibent.
Selon Lanre Olutayo, professeur au département de sociologie de l'université d'Ibadan de Lagos, l'esclave fut la raison principale des marques tribales au Nigeria bien qu'avec le temps elles sont devenues une pratique purement culturelle.
‘'Les balafres étaient nécessaires autrefois à cause notamment des guerres tribales interminables ainsi que l'esclavage des Noirs. En vue de remédier à la perte de vue à jamais d'un membre de sa famille du fait de l'esclavage, les gens procédaient à la scarification des visages des leurs en espérant que cela aidera à maintenir la famille dans l'unité'', a-t-il expliqué.
Ainsi, les balafres servaient, dans un tel contexte, à retrouver le membre d'une tribu quelle que soit la durée de sa captivité.
Professeur Lanre Olutayo a relevé par ailleurs qu'avec le temps les scarifications sont devenues, selon bon nombre de groupes ethniques, des signes de beauté du visage.
Cependant elles sont une gêne pour certaines, voire même un danger fatal pour leur vie. En effet, pendant la guerre civile du Nigeria (1967-1970), les combattants s'appuyaient sur les balafres pour identifier leurs ennemis. Ainsi, de nombreuses personnes firent tuées à cause des marques sur leur visage.
Aujourd'hui peu d'enfants nigérians en portent, grâce à une législation rigoureuse dans certains Etats du pays.
Dans l'Etat d'Oyo, par exemple, la scarification d'un enfant est passible d'une amende de 5.000 nairas ou d'une peine d'emprisonnement d'un an.
‘'Il est formellement interdit de tatouer ou faire une quelconque scarification sur le visage d'un enfant'', stipule le texte de la Child Rights Act (la loi de la défense des enfants).
M. Akeem Olagoke qui porte une scarification de la tribu Yoruba a confirmé les effets psychologiques de ses marques tribales.
Selon le Dr Abiodun Awulosi, le médecin chef de l'hôpital national d'Abuja ceux qui pratiquent les scarifications devraient le faire avec des instruments stérilisés en vue de minimiser les risques d'infections, à défaut d'abandonner pareille pratique.
Pour certains il s'agit tout simplement d'une affaire de culture.
Pour sa part la Commission nigériane des droits humains (NHRC) a exigé l'adoption par les 36 Etats du Nigeria de la loi interdisant les scarifications en vue d'assurer la protection des droits des enfants.
Le secrétaire exécutif de la commission, Pr Bem Angwe, a relevé qu'ils étaient résolus à faire en sorte que chaque enfant nigérian jouisse de la vie et de la liberté de son choix.
Selon Angwe, l'adoption de la loi par chaque Etat permettra de mettre à l'abri les enfants contre des abus comme les balafres, les tatouages, le travail, les accusations de sorcellerie, etc.
La culture, souligne-t-il, est dynamique et toute pratique culturelle qui n'est pas en phase avec les réalités du moment devrait être bannie.
9 Commentaires
Edv
En Juin, 2013 (17:43 PM)Nimporte_quoi
En Juin, 2013 (18:29 PM)Noura
En Juin, 2013 (18:53 PM)Adidas Ivoirien
En Juin, 2013 (00:24 AM)Le Prince Noir
En Juin, 2013 (02:12 AM)Il ne sait pas ce qu'il est au fond, il ignore son histoire.
Nigeriaa
En Juin, 2013 (09:59 AM)Youbi
En Juin, 2013 (15:33 PM)Abdourrahmane
En Juin, 2013 (07:13 AM)Balakk
En Juin, 2013 (11:14 AM)Quest ce qui a emmené le genocide rwandais? Sinon que d'avoir embobiné l'ethnie tutsi en leur faisant croire kils ressemblaient plus au blanc avec leur visage maigre et leur nez droit!
Ce qui se passe en occident est different,labas on n'arrive plus a dire qui vient d'ou et qui est qui! Chez nous on a encorela chance d'avoir des sous races,ethnies,langues diverses,dialectes,traditions etc preservons les!
Maintenant vu que nos legislations ont ete modellees a l'occidental,certaines pratiques se voient qualifiées d'actesbarbares,tortures et autres. Revoyons ces lois ou laissons les comme tel...mais ne participons pas a la diabolisation de ce que nous avions de propre et de sacré.
Moi j'appelle prostitution intellectuelle cette propension a rejetter tout ce qui fait notre africanite pour des sous,une integration ou une autorisation de sejour accordés par le blanc.
Pour en revenir aux balafres...ceux ki les pratiquent sont libres et doivent decider d'eux meme pour voir l'opportunité, la teneur culturelle, lavantage ,linconvenient ,sil ya lieu de reduire le nombre, la taille.
C'estpas encore un petit reporter anglais,us ou french qui apres un documentaire monté et fomenté va engendrer le debat.
Ailleurs jinterpelle les sociétés africaines sur ces soi disant documentaires a travers lesquels on croirait k'en afrique ya encore la chasse,la ceuillette,les cimes des arbres comme maisons etc...
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