Professeur de Lettres
Modernes et conteur, le Dr Massamba
Guèye a toujours le mot juste pour mettre à l’aise n’importe quel public avec
des sentences d’où perle une certaine sensualité poétique. Nous l’avons invité à
un match coquin autour des musiciennes. Sa parole se passe de commentaire.
De la sensualité dans le chant ?
« Les arts vivants
traditionnels ont toujours été marqués par la présence de grandes divas dont le
talent a souvent été complété par un style propre reposant sur des artifices de
natures diverses. Dans les séances traditionnelles de « sabar » les oppositions
permettaient aux femmes de mettre en branle tout un arsenal voué à la séduction pour décrocher les
applaudissements et éventuellement des cœurs
disponibles.
La musique moderne sénégalaise a gardé cette forte tendance à la création d’un environnement de sensualité. En effet, plusieurs chanteuses sont caractérisées par l’usage -heureuse ou non- de la démarche sensuelle pour séduire leur public.
Mariama Bâ, la nouvelle coqueluche de la chanson sénégalaise, semble penser que le corps, plus particulièrement la poitrine, doit être mise en exergue dans ses clips. Les plans sur ce que les jeunes appellent son « balcon » se succèdent par deux à trois secondes laissant voir et revoir ses protubérances à dessein. Ses clips ne proposent pas autres choses d’autant plus qu’elle est le personnage principal de ses propres rôles. Cette démarche a des limites évidentes car trop d’images nuisent l’image. Et on ne se concentre pas facilement sur ses textes qui sont très pertinents.
Viviane Chedid est quant à elle la reine des « féem » ou innovations dans ce domaine car elle allie la suggestion et le dévoilement du corps par ses costumes dont la finalité est de laisser deviner le reste et le moule. Elle y ajoute, très souvent, un jeu de lèvres surmontées de plissement des yeux. Appelant de cette sorte à la rencontre. Viviane use aussi de sa féminité comme instrument principal accompagnant sa voix. En plus de cela, cette chanteuse, dont les textes sont toujours portés par des sous textes liés à l’intimité conjugale, sait se dandiner sur scène pour accrocher ses fans. C’est pourquoi beaucoup de jeunes filles voient en elle, la sensualité incarnée alors que certains hommes l’adorent parce qu’elle serait ce que leurs compagnes ne sont pas. Viviane Chedid a une certaine maîtrise de cet environnement et ne laisse pas indifférent.
Dans une autre démarche, Titi
pourrait être la reine du « biiñ » ou de
la sensualité du visage nostalgique. L’arme principale dont elle use est le
visage. Titi essaie de toujours faire effet à partir de son regard pour amener,
par un mouvement de tête, à faire admirer son sourire taquin. Elle réussit à
entourer cet artifice d’un voile de pudeur et de fausse timidité. Elle a
l’avantage de ne pas sur jouer.
Sur un autre tableau, il y a la
sensualité raffinée de Coumba Gawlo Seck dont la démarche est de faire jouer
l’authentique naturel de son corps maîtrisé. Dans son rapport à la sensualité,
elle s’installe de plus en plus dans le dévoilement du corps. Elle a chanté «
bine-bine » mais n’exhibe pas ses perles même si elle fait perler des notes
sensuelles dans sa musique par ses mises en scènes nocturnes dans ses clips. La
sensualité de Coumba Gawlo est un alliage de son héritage familial et de
l’apport fécond de sa carrière mondiale. Elle est une synthèse maîtrise de
cette sensualité de l’universel. A son image, elle reste juste dans sa démarche
: la classe qu’elle essaie d’incarner !
Dans une autre catégorie, on
peut regrouper la reine du ngewele ou le griotisme de dames comme Ndiolé, Ngoné Ndiaye Guéwel et Fatou
laobé dont les costumes, les maquillages et les scènes dansées essaient de
passer par les « fers, les dialdiali, les beecoo et autres atours de chambre
pour toucher le public. En griottes qui se veulent authentiques, elles sont restées
dans l’ambiance des baptêmes et des
mariages. Ces reines du défar ba mu baax ne sont pas dans la logique du
showbizz occidental mais sont plutôt tournées vers la sensualité de chambre.
Elles plaisent beaucoup plus aux femmes mariées qui puisent dans leurs
démarches des secrets pour « dompter » leurs hommes.
Une dernière diva marque la rupture : Fatou Guéwel Diouf ! Sa sensualité vocale est complétée par son rythme de drianké. Elle est posée et est toujours entièrement drapée dans ses ndokettes. Son corps n’est support que par un sourire suggestif. Cette chanteuse sait parfaitement comment manipuler son public de samba Linguère et de grandes dames.
Quel apport au niveau de leur
musique et sur les fans ?
Les artifices corporels de
sensualité qu’utilisent ses chanteuses n’ont certes aucune influence sur la
qualité de leur composition musicale mais détonnent carrément dans leurs clips
et leurs prestations scéniques. Ndiolé, Ngoné Ndiaye Guéwel, Viviane, Titi,
Coumba Gawlo tout comme Fatou Guéwel, Fatou Laobé et Mariama Bâ ne réussissent
pas toutes de la même façon à capter leurs fans et à les envouter avec le même
résultat mais elles sont arrivées à créer des stéréotypes dont elles doivent se
départir pour enrichir leur palette ou à défaut tomber dans le syndrome du
cliché « Lady Gaga ».
La musique ce n’est pas que le
corps c’est une composition originale, une voix qui sait porter des textes, un
corps qui sait devenir une bête de scène sans prostituer son image. Une
pulpeuse poitrine ne suffit pas à faire une chanteuse. »
8 Commentaires
Sooninke
En Avril, 2012 (11:14 AM)OU EST LA VALEUR TRAVAIL, RESPECT, ISLAM ???
Yaccc
En Avril, 2012 (11:18 AM)Thieye Sénégal!
Clavieriste
En Avril, 2012 (11:24 AM)Repugnant
En Avril, 2012 (13:35 PM)Kankuran
En Avril, 2012 (14:37 PM)Terminale L1a
En Avril, 2012 (15:09 PM)Boroom Bi
En Avril, 2012 (16:06 PM)Ancien Eleve
En Avril, 2012 (03:50 AM)Il fut un bon prof quand meme j'avoue!!!!!!!!!!!
bonne continuation dans la culture
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