Leur procès à peine ouvert, les assassins présumés de quatre touristes français, en décembre 2007, saisissent l'occasion qui leur est offerte pour s'affirmer soldats d'Al-Qaïda et faire du prosélytisme. Mais plaident non coupable.
Certains procès servent de tribune aux accusés qui peuvent y protester publiquement de leur innocence. L'inverse est plus rare, mais cela semble actuellement être le cas en Mauritanie, où les trois assassins présumés de quatre touristes français, le 24 décembre 2007 à l'est de la ville d'Aleg (nord), revendiquent leur appartenance à Al-Qaïda avec une franchise non exempte d'une certaine volonté de propagande.
Dimanche 23 mai, à l'ouverture de leur procès à Nouakchott, Sidi Ould Sidna, Mohamed Ould Chabarnou (arrêtés en janvier 2008 en Guinée-Bissau par la police bissau-guinéenne en coopération avec les services de renseignement français) et Maarouf Ould Haiba (interpellé peu après à Nouakchott) ont donc prétendu être « des soldats d'Al-Qaïda » entraînés dans des camps de la nébuleuse salafiste.
« Je suis soldat d'Al-Qaïda. Je le dis tout haut. J'ai même effectué des entraînements dans ses camps », a déclaré Sidi Ould Sidna. Les trois hommes ont plaidé « non coupable », en présence de leurs avocats. Habillés en boubou mauritanien, ils s'exprimaient en arabe durant leur audition. « Je n'ai pas tué mais j'avoue que cela aurait été un grand honneur pour moi si j'avais tué », a déclaré Ould Maarouf Ould Haiba.
Conditions de sécurité renforcées
Ould Haiba et Mohamed Ould Chabarnou ont déclaré
que leur mission était le jihad (guerre sainte) ». Quant à Ould Sidna,
il a accusé la Cour et la Mauritanie d'« apostasie » et les a conviés au
« repentir ». Il s'est en outre présenté comme « un soldat convaincu du
triomphe de l'Islam et de la charia », la loi islamique.
L'audience
de dimanche s'est ouverte dans des conditions de sécurité renforcées.
Toutes les rues menant au palais de justice, dans le centre-ville,
avaient été bouclées par les forces de l'ordre et les entrées filtrées.
La Cour a entendu neuf des dix accusés présents, sur douze. Deux autres
sont en cavale et seront jugés par contumace. Elle a suspendu dimanche
soir l'audience qui reprendra lundi, selon une source judiciaire.
L'audition du 10e prévenu est attendue lundi matin. Le réquisitoire du
parquet est prévu lundi et doit être suivi des plaidoiries des avocats,
selon une source judiciaire.
La Cour criminelle de Nouakchott a
entamé ses travaux le 16 mai pour juger un total de 21 personnes dans le
cadre d'affaires liées au terrorisme.
Depuis, plusieurs
condamnations ont été prononcées, notamment contre trois hommes,
initialement liés à Al-Qaïda et soupçonnés d'avoir participé à des
braquages. Ils ont écopé de cinq à dix ans de prison. Un prévenu a été
condamné à huit de prison pour l'enlèvement de deux Autrichiens en 2008
en Tunisie. Un autre enfin s'est vu infliger six ans de travaux forcés
pour « actes terroristes ».
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