Certains l’ont découvert comme gagnant du concours télévisé Danse avec les stars, mais Tayc est depuis quelques années une valeur montante de la scène r'n'b. Son style autoproclamé, l’afrolov, est la clé de sa discographie déjà fournie, avec une demi-douzaine de mixtapes, de multiples featurings et un premier album, Fleur froide, qu’il vient de décliner avec une nouvelle édition, Second état, la cristallisation, 14 nouvelles chansons dont le hit Dodo. Rencontre.
RFI Musique : d’où est venue la dénomination "afrolov" ?
Tayc : C’était début 2019, on était en studio avec mon producteur Nyadjiko et le reste de l’équipe. Je leur ai dit que j’en avais marre d’expliquer quel style je faisais, de dire que j’aimais bien l’afro, mais que c’était aussi du jazz, de la soul, du r'n'b et du gospel, et Nyadjiko a tout bêtement dit : "Mais ce que tu fais, c’est de l’afrolov, mec ! Ton empreinte est à 85% afro, et ce que tu racontes, c’est l’amour". J’ai dit oui, clairement. Et c’est resté. Au début, c’était musical, maintenant, c’est une mentalité, un empire entier.
On retrouve sur Second état, la cristallisation la même équipe de production que sur Fleur froide, avec Nyadjiko, Yannick Peraste, BlackDoe. Pourquoi ?
Pour moi, celui qui t’amène le plus loin, ça n’est pas forcément le meilleur, mais celui qui te connaît le mieux. Comme pour mon coiffeur, mon styliste, mon équipe. Ils me connaissent par cœur. Tu sais que tu peux déléguer, avoir confiance pour une séance photo, une prod… Tu sais que ça va être du bon.
Le titre Haine colorée est un duo avec Christine & The Queens. Ça s’est fait comment ?
On ne l’attendait pas sur mon disque et pourtant, c’est une artiste que j’admire énormément. Elle est dans son monde, et elle fait partie des artistes qui font tellement de bien à la musique française. Comme Laylow, Arma Jackson, Lefa, SCH, qui sont dans leur mood, qui ne cherchent pas la France… C’est la France qui va les chercher. Chris, elle, a défrayé la chronique. J’ai trouvé ça hyper honorable. Et ça s’est fait naturellement. Je pense à elle pour un morceau. Deux jours après, elle m’envoie un DM, Dieu a vraiment bien fait les choses. On ne se connaissait pas, elle me dit "Je viens d’écouter N’y pense plus. J’adore le titre, force à toi. Je ne sais pas ce que tu fais ni d’où tu viens, mais franchement, génial". Je lui dis : "Meuf, je pensais à toi pour un morceau il y a deux jours, complètement dans ton délire", elle me répond : "Tu vois les planètes s’alignent". Deux semaines après, on avait calé une séance.
Ton public est majoritairement féminin. Faut-il forcément être célibataire pour séduire les fans femmes ?
Ça dépend à quel stade de carrière tu es, et de ton image. Un Patrick Bruel qui dit qu’il est marié, ça ne dérangera personne. Moi, mon public est assez jeune, ça peut aller de 6 à 50 ans, avec l’image d’un garçon qui chante l’amour, qui est dans la séduction. Donc forcément, si demain, je dis que j’ai une femme, ça décevra des fans. C’est pour ça que je reste très silencieux sur ma vie privée. Pourquoi pas, à mon quatrième ou cinquième album, quand j’aurai une fan base à la Bruel, je montrerai mes enfants et ma famille… Si famille il y a d’ici là !
Tu passes beaucoup de temps en studio ?
Moi, je dors au studio. Je pleure parce que je n’y arrive pas, j’y retourne le lendemain et j’y arrive, le surlendemain je n’y arrive plus et je m’embrouille avec mes équipes… Je broie beaucoup du noir. Il suffit que je ne trouve pas une rime et je veux arrêter ma carrière. Je suis anxieux à mort. J’ai besoin que tout aille bien.
Est-ce que l’époque impose une obligation de productivité quand on est artiste ?
Sauf si tu as marqué le truc, que tu es un OrelSan, un Nekfeu, un Damso. Mais un Tayc, il ne faut pas partir trop longtemps. Pour l’instant, je n’ai pas encore marqué l’histoire.
Vous considérez-vous comme un artiste "urbain", pour reprendre une dénomination très critiquée ?
Je n’aime pas le terme. Je l’utilise parfois parce que je suis un peu aliéné. Je vois ça dans les médias et sur les réseaux, même dans des discussions et c’est après que je me dis que c’est une forme de ségrégation, ça n’existe pas. Même les gens qui emploient le terme ne pourraient pas dire de quoi ils parlent. Gims est un chanteur urbain ? Non, c’est faux. On ne peut pas plus le mettre dans la case opéra ou variété que dans la case urbaine. Il ne faut pas se référer à un morceau, mais à une carrière, à des capacités. Si demain je fais un morceau de salsa qui explose partout, ça veut dire que je suis un chanteur de salsa ? Aujourd’hui, ce que je fais le plus, c’est de l’afro, ce sont des vibes r'n'b. Donc pourquoi dire urbain ?
Un de vos plus gros singles, c’est Le Temps…
C’est un instru que j’avais depuis plusieurs semaines sur laquelle je n’arrivais pas à écrire. J’étais à la salle (de sport, ndlr) et subitement la mélodie me vient, en plein effort entre deux haltères. Je vais dans les vestiaires et j’enregistre cette mélodie, mais je n’ai pas encore de texte. Après, je me laisse le temps et quelques jours après, je me demande ce qui fait le plus de bien aux êtres humains ? Le temps, c’est la plus belle chose au monde, c’est ce qui soigne, qui fait réfléchir, qui fait progresser. Et je chante cette mélodie, je mets ça sur les réseaux, et c’est une déferlante.
Avec l’Auto-tune, plus besoin de savoir chanter. Ça vous inquiète ?
Pas du tout. Moi je kiffe la musique nouvelle, spéciale et singulière. Un artiste comme Hamza qui utilise beaucoup l’Auto-tune volontairement, je trouve ça agréable. Quand c’est bien fait, je suis pour le renouveau. Je ne vois pas ça comme un danger, comme les taxis avec les Uber. Personne ne me volera mon métier, je suis chanteur et ça s’entend, et je donne tout mon respect aux artistes qui utilisent l’Auto-tune, du moment qu’ils le font bien.
Votre plus grosse déception ?
Je me rappellerai toujours, c’était au Luxembourg. Pendant tout un mois, on m’avait envoyé des vidéos où il y avait une pub énorme qui était faite sur ma venue. J’arrive avec mes gars, habillé, parfumé, pomponné, et il y avait trois meufs assises sur une table dans une espèce de bar bizarre. J’ai chanté mes 10 morceaux devant les filles. À ce moment-là, j’ai pris une grosse claque. Moi qui pensais être Tayc que tout le monde connaissait, que dalle. Mais derrière ça, il y avait quand même un élément motivateur, c’est que les trois filles avaient fait quatre heures de route pour me voir. Elles n’étaient que trois, mais prêtes à beaucoup pour moi. C’était fort. Et j’ai continué.
Tu as chanté avec Manu Dibango Ewondo Ou Ebami il y a trois ans, et Fally Ipupa est sur ton album ainsi que la chanteuse nigériane Tiwa Savage. L’Afrique te tient à cœur…
La musique africaine, c’est le berceau. La vie est une boucle, on revient à la base. Quand tu vois aujourd’hui que la musique, qui est primordiale dans la vie de beaucoup de gens, revient à sa base afro, qui renaît de ses cendres, avec plein d’artistes qui sont en train de lever l’étendard, ça fait du bien. Moi qui suis pro afro, afrolov, comment ne pas être en joie face à l’avancée et à l’excellence de l’Afrique, et ce dans tous les domaines : Virgil Abloh qui nous a quittés il y a quelques jours, paix à son âme, était un des pionniers du mouvement Black Excellence, l’emblème même de la réussite. Les Noirs sont en train d’exceller de plus en plus, dans tous les domaines, et ça fait du bien. Moi, je ne prône pas l’afropessimisme, mais l’excellence, et ça va bien aller. C’est ça ma mentalité.
RFI Musique : d’où est venue la dénomination "afrolov" ?
Tayc : C’était début 2019, on était en studio avec mon producteur Nyadjiko et le reste de l’équipe. Je leur ai dit que j’en avais marre d’expliquer quel style je faisais, de dire que j’aimais bien l’afro, mais que c’était aussi du jazz, de la soul, du r'n'b et du gospel, et Nyadjiko a tout bêtement dit : "Mais ce que tu fais, c’est de l’afrolov, mec ! Ton empreinte est à 85% afro, et ce que tu racontes, c’est l’amour". J’ai dit oui, clairement. Et c’est resté. Au début, c’était musical, maintenant, c’est une mentalité, un empire entier.
On retrouve sur Second état, la cristallisation la même équipe de production que sur Fleur froide, avec Nyadjiko, Yannick Peraste, BlackDoe. Pourquoi ?
Pour moi, celui qui t’amène le plus loin, ça n’est pas forcément le meilleur, mais celui qui te connaît le mieux. Comme pour mon coiffeur, mon styliste, mon équipe. Ils me connaissent par cœur. Tu sais que tu peux déléguer, avoir confiance pour une séance photo, une prod… Tu sais que ça va être du bon.
Le titre Haine colorée est un duo avec Christine & The Queens. Ça s’est fait comment ?
On ne l’attendait pas sur mon disque et pourtant, c’est une artiste que j’admire énormément. Elle est dans son monde, et elle fait partie des artistes qui font tellement de bien à la musique française. Comme Laylow, Arma Jackson, Lefa, SCH, qui sont dans leur mood, qui ne cherchent pas la France… C’est la France qui va les chercher. Chris, elle, a défrayé la chronique. J’ai trouvé ça hyper honorable. Et ça s’est fait naturellement. Je pense à elle pour un morceau. Deux jours après, elle m’envoie un DM, Dieu a vraiment bien fait les choses. On ne se connaissait pas, elle me dit "Je viens d’écouter N’y pense plus. J’adore le titre, force à toi. Je ne sais pas ce que tu fais ni d’où tu viens, mais franchement, génial". Je lui dis : "Meuf, je pensais à toi pour un morceau il y a deux jours, complètement dans ton délire", elle me répond : "Tu vois les planètes s’alignent". Deux semaines après, on avait calé une séance.
Ton public est majoritairement féminin. Faut-il forcément être célibataire pour séduire les fans femmes ?
Ça dépend à quel stade de carrière tu es, et de ton image. Un Patrick Bruel qui dit qu’il est marié, ça ne dérangera personne. Moi, mon public est assez jeune, ça peut aller de 6 à 50 ans, avec l’image d’un garçon qui chante l’amour, qui est dans la séduction. Donc forcément, si demain, je dis que j’ai une femme, ça décevra des fans. C’est pour ça que je reste très silencieux sur ma vie privée. Pourquoi pas, à mon quatrième ou cinquième album, quand j’aurai une fan base à la Bruel, je montrerai mes enfants et ma famille… Si famille il y a d’ici là !
Tu passes beaucoup de temps en studio ?
Moi, je dors au studio. Je pleure parce que je n’y arrive pas, j’y retourne le lendemain et j’y arrive, le surlendemain je n’y arrive plus et je m’embrouille avec mes équipes… Je broie beaucoup du noir. Il suffit que je ne trouve pas une rime et je veux arrêter ma carrière. Je suis anxieux à mort. J’ai besoin que tout aille bien.
Est-ce que l’époque impose une obligation de productivité quand on est artiste ?
Sauf si tu as marqué le truc, que tu es un OrelSan, un Nekfeu, un Damso. Mais un Tayc, il ne faut pas partir trop longtemps. Pour l’instant, je n’ai pas encore marqué l’histoire.
Vous considérez-vous comme un artiste "urbain", pour reprendre une dénomination très critiquée ?
Je n’aime pas le terme. Je l’utilise parfois parce que je suis un peu aliéné. Je vois ça dans les médias et sur les réseaux, même dans des discussions et c’est après que je me dis que c’est une forme de ségrégation, ça n’existe pas. Même les gens qui emploient le terme ne pourraient pas dire de quoi ils parlent. Gims est un chanteur urbain ? Non, c’est faux. On ne peut pas plus le mettre dans la case opéra ou variété que dans la case urbaine. Il ne faut pas se référer à un morceau, mais à une carrière, à des capacités. Si demain je fais un morceau de salsa qui explose partout, ça veut dire que je suis un chanteur de salsa ? Aujourd’hui, ce que je fais le plus, c’est de l’afro, ce sont des vibes r'n'b. Donc pourquoi dire urbain ?
Un de vos plus gros singles, c’est Le Temps…
C’est un instru que j’avais depuis plusieurs semaines sur laquelle je n’arrivais pas à écrire. J’étais à la salle (de sport, ndlr) et subitement la mélodie me vient, en plein effort entre deux haltères. Je vais dans les vestiaires et j’enregistre cette mélodie, mais je n’ai pas encore de texte. Après, je me laisse le temps et quelques jours après, je me demande ce qui fait le plus de bien aux êtres humains ? Le temps, c’est la plus belle chose au monde, c’est ce qui soigne, qui fait réfléchir, qui fait progresser. Et je chante cette mélodie, je mets ça sur les réseaux, et c’est une déferlante.
Avec l’Auto-tune, plus besoin de savoir chanter. Ça vous inquiète ?
Pas du tout. Moi je kiffe la musique nouvelle, spéciale et singulière. Un artiste comme Hamza qui utilise beaucoup l’Auto-tune volontairement, je trouve ça agréable. Quand c’est bien fait, je suis pour le renouveau. Je ne vois pas ça comme un danger, comme les taxis avec les Uber. Personne ne me volera mon métier, je suis chanteur et ça s’entend, et je donne tout mon respect aux artistes qui utilisent l’Auto-tune, du moment qu’ils le font bien.
Votre plus grosse déception ?
Je me rappellerai toujours, c’était au Luxembourg. Pendant tout un mois, on m’avait envoyé des vidéos où il y avait une pub énorme qui était faite sur ma venue. J’arrive avec mes gars, habillé, parfumé, pomponné, et il y avait trois meufs assises sur une table dans une espèce de bar bizarre. J’ai chanté mes 10 morceaux devant les filles. À ce moment-là, j’ai pris une grosse claque. Moi qui pensais être Tayc que tout le monde connaissait, que dalle. Mais derrière ça, il y avait quand même un élément motivateur, c’est que les trois filles avaient fait quatre heures de route pour me voir. Elles n’étaient que trois, mais prêtes à beaucoup pour moi. C’était fort. Et j’ai continué.
Tu as chanté avec Manu Dibango Ewondo Ou Ebami il y a trois ans, et Fally Ipupa est sur ton album ainsi que la chanteuse nigériane Tiwa Savage. L’Afrique te tient à cœur…
La musique africaine, c’est le berceau. La vie est une boucle, on revient à la base. Quand tu vois aujourd’hui que la musique, qui est primordiale dans la vie de beaucoup de gens, revient à sa base afro, qui renaît de ses cendres, avec plein d’artistes qui sont en train de lever l’étendard, ça fait du bien. Moi qui suis pro afro, afrolov, comment ne pas être en joie face à l’avancée et à l’excellence de l’Afrique, et ce dans tous les domaines : Virgil Abloh qui nous a quittés il y a quelques jours, paix à son âme, était un des pionniers du mouvement Black Excellence, l’emblème même de la réussite. Les Noirs sont en train d’exceller de plus en plus, dans tous les domaines, et ça fait du bien. Moi, je ne prône pas l’afropessimisme, mais l’excellence, et ça va bien aller. C’est ça ma mentalité.
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