Le Secrétaire exécutif de l’agence de coordination et de planification du Nepad, Dr Ibrahim Assane Mayacki, analyse les enjeux de l’élection de Macky Sall au poste de président du comité d’orientation de l’organisation. Il évoque aussi les résultats probants du Nepad dans le domaine des infrastructures, de l’agriculture et de la biotechnologie.
Quel est l’objectif de votre visite au Sénégal ?
«Ma visite au Sénégal s’inscrit dans une démarche de prise de contact avec le président Macky Sall, récemment élu par ses pairs, président du Comité d’orientation du Nepad pour deux ans renouvelables. Je suis donc venu lui présenter le nouveau visage de l’agence et recueillir ses orientations sur nos futures activités. Nous en avons aussi profité pour signer, avec le gouvernement sénégalais, un accord de siège qui institue la mise en place, à Dakar, d’un bureau régional du Nepad pour l’Afrique de l’ouest. En fait, le bureau a démarré ses activités depuis 2005 et l’accord de siège lui donne une existence légale lui permettant de rayonner sur les 15 pays de l’espace Cedeao. L’accord de siège donnera une meilleure visibilité à notre institution et lui permettra d’établir des partenariats avec des organisations internationales.»
Que représente l’élection de Macky Sall au poste de président du Comité d’orientation du Nepad ?
«C’est une bonne nouvelle pour nous compte tenu du pragmatisme du président Macky Sall. Nous tenons à ce qu’il y’ait des activités concrètes du Nepad sur le terrain car une parfaite convergence de vues avec le président Sall va sûrement nous donner des résultats probants. Dans un contexte africain marqué par le déclin de l’aide publique au développement et l’accroissement des ressources internes, nous avons besoin de stratégies très claires pour la mise en place d’infrastructures appropriées dans le domaine des routes, des chemins de fer, de l’énergie, des Tic, etc. Ces progrès vont permettre un développement du commerce intra africain et aider à la constitution d’une véritable classe moyenne africaine. De ce point de vue, la priorité accordée par le président Macky Sall au développement des infrastructures est conforme à notre vision. L’Afrique a déjà établi des partenariats dynamiques avec le G8 et le G20. Le président du Comité d’orientation du Nepad est l’acteur essentiel chargé de dynamiser ces accords au vu du rôle sans cesse important que joue l’Afrique sur la scène mondiale. Le président du Comité d’orientation est appelé à jouer un rôle de défense des intérêts du continent. L’agence du Nepad est chargée de lui fournir les arguments nécessaires pour cette noble mission. La priorité aujourd’hui est liée au financement des infrastructures et le déficit à ce niveau s’évalue annuellement à 60 milliards de dollars. ll faudra impérativement faire appel à des mécanismes de partenariat-public-privé(Ppp) pour combler ce gap. Ce qui nécessite forcément un leadership fort. Le président Sall l’a bien compris car il tient à ce qu’on puisse accomplir la mise en œuvre du programme infrastructurel à travers le continent.»
Certains afro-pessimistes estiment que le Nepad est un mirage avec à la clé des éléphants blancs. Qu’est-ce que vous pensez de cela ?
«Cette appréciation démontre, à suffisance, que nos programmes sont victimes d’un certain déficit de communication. Nous n’avons pas suffisamment communiqué sur nos réalisations et Dieu sait qu’elles sont nombreuses et variées surtout au cours de ces dix dernières années. Dans le cadre de la mise en place du plan d’action à court terme, de concert avec la Bad, nous avons financé des infrastructures pour un montant global de 90 milliards de dollars sur dix ans. Ce plan a permis de dérouler le plan de développement des infrastructures en Afrique(Pida). C’est pour vous dire que, sans le Nepad, l’Afrique n’aurait pas lancé le Pida. Dans le domaine agricole, l’instrument essentiel utilisé par l’ensemble des pays africains, c’est le programme détaillé de développement agricole en Afrique (Pddaa).L’Amérique latine utilise aujourd’hui ce modèle en s’inspirant de notre exemple. Sans le Nepad, il n’y aurait pas eu de Pddaa. C’est très important car le Nepad a changé la face de l’Afrique grâce aux infrastructures et à l’agricole. Nous rappelons qu’à la création du Nepad en 2001, l’Afrique sortait d’un processus d’ajustement structurel avec des taux de croissance très faibles. Grâce à des stratégies continentales innovantes, nous avons pu compter sur la multiplication de nos propres ressources et l’établissement de partenariats en fonction des intérêts du continent dans le cadre global de l’amélioration de la bonne gouvernance. L’illustration majeure, c’est qu’aujourd’hui, les finances publiques africaines sont mieux gérées que celles de l’Europe par exemple. Depuis six ans, les taux de croissance varient, en moyenne, entre 5 et 7 à travers le continent. C’est l’une des conséquences des stratégies dérivées du Nepad.
Le Nepad est l’institution africaine pionnière dans le développement et la régulation des biotechnologies à travers un centre régional basé à Ouagadougou. Nous travaillons dans la mise en œuvre d’un plan pharmaceutique africain en plus d’un programme de renforcement de la lutte contre la pêche illicite. En somme, nous aidons les pays à asseoir un cadre de politique publique visant notamment à réduire la pauvreté. Sur le continent, le Nepad est donc pionnier dans les domaines de l’agriculture, des infrastructures, de la pêche et des biotechnologies. Des facteurs combinés ayant permis des taux de croissance durable et le retour de la confiance. En définitive, nous n’avons plus de raisons de rester dans l’afro-pessimisme du début des années 2000.»
2 Commentaires
Senenmut
En Mars, 2013 (12:42 PM)Coplan-bis
En Mars, 2013 (15:53 PM)Participer à la Discussion