Pour le ministre en charge des questions d’Eau et d’Assainissement au Sénégal, Oumar Guèye, qui a pris part, hier, à la session des ministres du Forum sur l’eau et l’assainissement en Afrique, il faut de la volonté politique au sein des Etats d’Afrique et le soutien des partenaires au développement pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. Pour ce qui est du Sénégal, où l’Etat a décidé d’entamer le combat, il faut des financements conséquents pour régler les problèmes d’eau et d’assainissement.
Vous venez de prendre part à la rencontre des ministres en charge des questions d’Eau et d’Assainissement en Afrique ?
Les problèmes d’eau et d’assainissement sont des problèmes centraux, des préoccupations majeures au niveau de nos Etats. Aujourd’hui, nous sommes en train de nous préparer par rapport à des attentes très importantes des populations en termes d’eau et d’assainissement. Le forum est très important. Il examinera beaucoup d’aspects, relativement au gap qui nous attend en termes de financements de projets et programmes dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Le Sénégal a besoin de plusieurs centaines de milliards pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Et de ce point de vue, le forum est très important. Il y aura une table ronde le jeudi avec les bailleurs de fonds pour examiner ces différents aspects. Nous nous réjouissons également que notre organisation panafricaine s’élargisse. Nous avons aujourd’hui sept pays qui viennent d’adhérer à l’organisation, et nous pensons que c’est un instrument important vers l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement et même les dépasser, puisque l’horizon est pour 2015.
Est-ce que les pays africains seront au rendez-vous en 2015 ?
Ce sera très difficile, mais, pour le Sénégal, en ce qui concerne l’eau, il y a de très fortes chances que nous atteignions les Objectifs du millénaire ; nous sommes optimistes. Il nous faut, par contre beaucoup travailler. Pour l’assainissement, malheureusement, ce sera très difficile, parce que c’est le parent pauvre. Ce qu’il faut faire, c’est redoubler d’efforts et prendre ce secteur très au sérieux. C’est ce qui n’a pas été le cas dans le passé, mais en faisant beaucoup d’efforts, peut-être même si on ne l’obtient pas en 2015, quelques années plus tard, nous allons atteindre les taux indiqués dans les Omd.
La recherche des ressources financières a toujours été le talon d’Achille des politiques en matière d’hydraulique et d’assainissement. Comment allez-vous vous y prendre ?
Pour les ressources, il faut d’abord qu’il y ait une volonté politique très forte au niveau des Etats. Il faut que les Etats acceptent de mettre les ressources qu’il faut au niveau de l’eau et de l’assainissement. Egalement, il faut que les partenaires au développement financent ce secteur. C’est un secteur qui fait l’objet d’une demande sociale très forte. Les populations doivent avoir de l’eau et de la bonne eau, mais également de l’assainissement. L’assainissement, c’est la dignité. C’est la raison pour laquelle il faut un engagement, une volonté très forte des politiques. Ce qui est le cas actuellement au Sénégal. Avec le président de la république, Macky Sall, le premier ministre Abdoul Mbaye, tout le gouvernement est mobilisé autour des questions liées à l’eau, à l’assainissement, à l’énergie, à l’agriculture, y compris tous les secteurs qui sont porteurs de croissance et de développement.
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Ce sont trois fortes recommandations allant dans le sens du renforcement et de la consolidation des actions menées par l’organisation africaine sur l’eau et l’assainissement qui ont sanctionné, hier, la rencontre des ministres en charge de l’Eau et de l’Assainissement en Afrique.
C’est environ près de deux heures d’horloge que les échanges ont duré, hier en fin de matinée, au King Fahd palace, entre les ministres en charge des questions d’Eau et d’Assainissement en Afrique. A l’occasion du point de presse qui a suivi la session des ministres, le président du Conseil, Issoufou Issaka, a tenu à féliciter l’ensemble des ministres et chefs de délégation pour leur participation dans les discussions du forum. Une motion particulière a été adressée à l’endroit des experts des pays dont le travail de qualité a facilité l’adoption des projets de décisions et les recommandations pour le forum par les ministres. Néanmoins, Issoufou Issaka a retenu trois fortes recommandations. Il s’agit, selon lui, de l’impérieuse nécessité d’élaborer une stratégie de coordination entre l’Agence Eaa et l’Association des ministres en charge de l’Eau et de l’Assainissement. Le Conseil a aussi recommandé de rendre opérationnelle les nouvelles structures de l’organisation, notamment la Fondation, l’Agence d’Exécution, le Centre de Recherche et le Comité de consultation.
Il a aussi été recommandé l’indispensable soutien pour les Etats d’accompagner l’organisation à travers la signature de l’accord de siège et la révision des nouveaux membres en acceptant leur adhésion. Le président du Conseil des ministres a remercié les autorités et le peuple sénégalais pour la mobilisation qui a permis la tenue du Forum sur l’eau et l’assainissement. Rappelons que lors de la rencontre des ministres en charge de l’Eau et de l’Assainissement, Oumar Guèye avait souligné qu’à travers le forum, « nous participons tout simplement à la marche inébranlable d’une institution utile et reconnue, donc crédible dans ses domaines de compétences, à savoir la promotion de l’accès durable à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement pour des millions d’africains ayant tant besoin de ces services ».
Il a appelé à la poursuite des réformes institutionnelles entreprises depuis décembre 2011, à travers les instruments et organes de gouvernance qui ont été examinés. « Les défis nous attendent. Ils nous incitent à redoubler d’efforts pour les relever ensemble dans une institution élargie et performante », a-t-il plaidé. Il s’est associé au message de félicitation pour Issaka Issoufou, les participants du Conseil, tous les experts et ceux qui ont œuvré pour faciliter la bonne organisation des travaux.
« Il faut, dans la décentralisation, repositionner les collectivités locales »
Ibn Anass Gaye fait partie du pool de modérateurs qui ont présidé la session sur les initiatives de financement portées par les acteurs gouvernementaux. Il se prononce, dans ce court entretien, sur la problématique des initiatives innovantes de financement.
En quoi consiste la session sur les initiatives innovantes de financement portées par les acteurs gouvernementaux ?
Nous sommes en train de réfléchir sur des alternatives pour trouver des sources de financement. Nous avons toujours compté sur l’aide publique au développement et on s’est rendu compte qu’il y a une raréfaction des ressources financières au niveau mondial. Tout le monde connaît les effets pervers de cette crise financière au niveau international. Donc, l’Afrique, qui est en retard sur l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement, doit trouver des solutions nouvelles. C’est ainsi que la solidarité nord-sud est en train de se manifester, de même que la solidarité sud-sud. Si l’on prend 1% de vos taxes que vous remettez à des communes pauvres, cela veut dire que c’est un effet de solidarité. C’est cela que nous sommes en train de voir.
Comment capitaliser les expériences ?
Il y a une loi française qui a permis de mobiliser 22 millions d’Euros. Alors qu’au regard de l’aide internationale adressée uniquement à ce secteur, c’était 11 millions d’Euros. Cela veut dire que si l’on prend cette simple initiative, où chacun débourse un franc de sa facture eau, les plus riches peuvent aider les plus pauvres. C’est l’approche que nous sommes en train de rechercher mais aussi d’appuyer la coopération décentralisée entre les communes riches et les communes pauvres. Au Sénégal, c’est aussi valable entre les communes riches et les communes pauvres.
Vous avez vraiment espoir que cette stratégie va marcher ?
On a testé ces initiatives décentralisées partout. Aujourd’hui, on ne peut rien faire sans les collectivités locales. Il faut, dans la décentralisation, repositionner les collectivités locales, afin qu’elles assument leur mission. C’est cela qu’il faut. Et dans la coopération décentralisée, elles vont jouer un rôle déterminant. La solidarité, c’est l’effet qu’il faut pour trouver. C’est cela que nous sommes en train de faire. Chacun regarde ce qui se fait ailleurs pour le reproduire chez soi.
3 Commentaires
Maniang Diaw
En Décembre, 2012 (12:24 PM)J'INVITE L'EAT DU SENEGAL A METTRE LES MOYENS
Vbn
En Décembre, 2012 (15:23 PM)Aliou
En Décembre, 2012 (12:38 PM)Participer à la Discussion