
Après le bombardement de Sanaa orchestré par l'Arabie Saoudite, des missiles ont frappé dimanche le territoire saoudien et la province yéménite de Marib.
La coalition arabe formée par l'Arabie saoudite pour combattre les miliciens Houthis et leurs alliés au Yémen a intercepté deux missiles tirés dimanche 9 octobre en direction du territoire saoudien et de la province yéménite de Marib, rapportent ce lundi les médias officiels saoudiens.
Les avions de la coalition ont bombardé les deux bases d'où les missiles avaient été tirés, l'une dans la capitale yéménite Sanaa et l'autre dans la province de Saada, fief des Houthis dans le nord du pays, précise l'agence Saudi Press. L'agence de presse des Houthis, Saba News, affirme que l'un des missiles a atteint sa cible, une base de l'armée de l'air saoudienne près de la ville de Taëf, et provoqué une « énorme explosion ».
Ces missiles ont été tirés au lendemain du bombardement par les avions de la coalition saoudienne d'un bâtiment de Sanaa dans lequel se déroulait une veillée funéraire et qui a fait jusqu'à 140 morts et 525 blessés, selon l'estimation d'une agence de l'Onu. Une attaque à laquelle la coalition arabe emmenée par Ryad se disait étrangère.
Un cessez-le-feu compromis
Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a fait part dimanche à son homologue saoudien, Adel al Djoubeïr, et au prince héritier Mohamed ben Salman de la « vive préoccupation » de Washington et appelé Ryad à faire en sorte « qu'un tel incident ne se reproduise pas ».
Pourtant, la perspective d'un cessez-le-feu immédiat « a certainement » disparu avec l'attaque de samedi, estime April Alley, spécialiste du Yémen à l'International Crisis Group.
Elle « aura des conséquences à long terme sur la possibilité d'élaborer un plan de paix durable », prévient-elle. Car, souligne cette experte, l'attaque sur la capitale yéménite semble avoir tué « un certain nombre d'hommes politiques du Nord et d'officiers qui travaillaient pour la paix et qui auraient joué un rôle important dans la période post-conflit ».
L'un des bombardements les plus meurtriers
Ces dernières ont immédiatement mis en cause la coalition arabe conduite par Ryad qui a rejeté ces accusations avant d'annoncer une enquête sur ce bombardement, l'un des plus meurtriers depuis le début de l'intervention il y a 18 mois au Yémen.
Cette opération militaire, destinée à rétablir l'autorité du président Abd Rabbo Mansour Hadi sur l'ensemble du Yémen, s'éternise sans qu'une victoire ne se dessine. Non seulement elle coûte des milliards de dollars, mais elle met régulièrement sur la sellette l'Arabie saoudite en raison du nombre élevé de victimes civiles.
Elle embarrasse aussi les Etats-Unis, alliés traditionnels de Ryad. L'attaque de samedi a ainsi provoqué un appel téléphonique inhabituel du secrétaire d'Etat américain John Kerry au vice-prince héritier et ministre de la Défense saoudien, le prince Mohammed ben Salmane.
John Kerry a réitéré la nécessité d'une « cessation immédiate des hostilités »
, tandis que le prince saoudien s'est dit en faveur d'une trêve de 72 heures renouvelable à condition qu'elle soit acceptée par les rebelles.
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