Après trois ans de surveillance renforcée par le Groupe d’action financière (GAFI), le Sénégal s’apprête à sortir de la liste grise de cet organisme chargé de préserver l’intégrité du système financier mondial. Cette perspective est le fruit de « progrès significatifs » réalisés par le pays en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Selon Mamadou Ndiaye, conseiller technique au ministère des Finances et du Budget, « notre pays est désormais entré dans la dernière étape du processus de sortie de la liste grise du GAFI ». Cette déclaration a été faite en marge du forum sur la conformité bancaire organisé à Dakar du 4 au 6 septembre.
Cette évolution promet de renforcer la confiance des investisseurs et de réduire les risques liés à la perception du crédit et aux flux financiers internationaux, jusqu’ici entravés par la présence du Sénégal sur cette liste. Le moment coïncide avec des changements structurels dans le secteur bancaire ouest-africain, qui jouent un rôle clé dans la consolidation de la stabilité financière.
Un secteur bancaire en forte progression
Le dynamisme du secteur bancaire dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) constitue un autre levier important dans cette démarche. Lors de la réunion du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), tenue le 1er septembre à Dakar, Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la BCEAO, a mis en lumière la solidité de ce secteur. Il explique que « le secteur bancaire dans l'Union est dynamique, rentable et joue son rôle : mobiliser l'épargne et financer les acteurs, les opérateurs, le secteur privé ainsi que le secteur public ». Avec 135 banques recensées dans l’UEMOA, le secteur se distingue par une augmentation des crédits à l’économie, prévus en hausse de 8 % pour l’année 2024.
Cette progression est également marquée par un changement dans l’allocation des crédits, où une part croissante est destinée aux prêts à moyen terme, ce qui apporte un soutien plus durable à l’activité économique. « Plus de la moitié des crédits accordés sont à moyen terme, c'est-à-dire d'une durée de deux à dix ans, ce qui signifie un soutien accru à l'activité économique. Les crédits à court terme, entre zéro et deux ans, complètent cette dynamique. », a évoqué Jean-Claude Kassi Brou, qui insiste également sur la solidité des indicateurs bancaires, en particulier les ratios de solvabilité et de liquidité qui dépassent les standards internationaux.
Modernisation et réformes bancaires
Ce dynamisme est renforcé par l’adoption d’une nouvelle loi bancaire en 2023, visant à moderniser le cadre juridique du secteur. Cette réforme répond aux nouveaux défis posés par l’émergence d’acteurs comme les établissements de monnaie électronique, et ouvre la voie à un « saut qualitatif » pour les banques ouest-africaines. Parallèlement, une autre décision clé du Conseil des ministres concerne le doublement du capital minimum des banques, qui passe de 10 à 20 milliards de francs CFA, une mesure destinée à accroître la robustesse du système bancaire.
Ces réformes interviennent au moment où la BCEAO, à travers la Commission bancaire, assure un contrôle « rigoureux » des établissements financiers pour garantir leur stabilité. « Il est crucial que les épargnants aient confiance dans le système bancaire », a rappelé le gouverneur de la BCEAO. Il a insisté sur l’importance de surveiller non seulement la qualité du crédit, mais aussi les risques liés à la cybersécurité, un domaine devenu critique face à la multiplication des attaques de hackers qui font des banques leurs cibles de choix.
Lutte contre le blanchiment et perspectives de sortie de la liste grise
La sortie imminente du Sénégal de la liste grise du GAFI s’inscrit dans un cadre plus large de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, un domaine sur lequel la BCEAO et les autorités ouest-africaines se montrent particulièrement intransigeantes. Les banques font régulièrement l’objet de contrôles stricts, et des sanctions sont appliquées en cas de manquements. « Nous sommes extrêmement exigeants sur ce point », a déclaré Jean-Claude Kassi Brou tout en précisant que cette vigilance permet de protéger l’Union des répercussions négatives qu'engendrent ces pratiques sur les investissements et l’épargne.
2 Commentaires
La conquête de notre souveraineté monétaire est capitale car la seule stabilité que le franc cfa garantit aux pays qui l'utilisent sont la mauvaise gouvernance la pauvreté et la corruption !
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