Le gouvernement sénégalais a récemment fixé le prix du kilogramme d’arachides à 305 FCFA, marquant une hausse de 25 FCFA par rapport à l’année précédente. Cette décision, perçue comme un pas significatif pour soutenir les producteurs, suscite à la fois des éloges et des réserves au sein du monde agricole.
Une avancée inédite selon les producteurs. Pour de nombreux cultivateurs, cette augmentation représente une véritable bouffée d’oxygène. « Depuis l’indépendance en 1960, c’est la première fois que nous voyons un prix aussi élevé », affirme Aliou Ndao, un agriculteur de la région du bassin arachidier.
Cette revalorisation du prix, dans un contexte de hausse constante des coûts de production (engrais, semences), est perçue comme une reconnaissance du rôle central des producteurs dans l’économie nationale. « Avec ce prix, les agriculteurs peuvent espérer améliorer leurs revenus, même si les récoltes n’ont pas été à la hauteur cette année », ajoute Cheikh Tidiane Cissé, secrétaire général des agriculteurs du bassin arachidier.
Des attentes encore insatisfaites
Cependant, certains estiment que cette augmentation reste insuffisante, surtout au regard des mauvaises récoltes causées par des conditions climatiques défavorables. « 305 FCFA, c’est bien, mais nous espérions mieux pour cette campagne », confie un cultivateur.
Par ailleurs, les producteurs craignent que l’application effective de ce prix sur le terrain ne soit compromise. « Nous appelons le gouvernement à veiller scrupuleusement au respect du prix fixé, car certains intermédiaires achètent à des prix inférieurs en contournant les directives officielles », déplore El hadji Babacar Mbaye un agriculteur.
La régulation du marché au cœur des préoccupations. Les agriculteurs plaident pour une limitation de l’accès des acheteurs étrangers, estimant que cela pourrait protéger les intérêts nationaux. « En tant que producteurs, nous recommandons à l’État de privilégier les acteurs locaux comme la SONACOS. Cela garantirait un approvisionnement suffisant pour l’industrie locale et renforcerait l’économie nationale », explique Cheikh Tidiane Cissé.
Cependant, cette mesure doit être accompagnée de garanties financières pour éviter une baisse des prix en cours de campagne. « Si la SONACOS ne dispose pas de fonds suffisants, on pourrait se retrouver dans une situation où les prix chutent, ce qui serait catastrophique pour nous », alerte-t-il.
Malgré les défis, cette hausse du prix de l’arachide est perçue comme un signal positif. Les efforts du gouvernement, notamment la distribution à temps des semences et intrants, sont salués. « Contrairement aux années précédentes, où l’augmentation ne dépassait pas 5 FCFA par kilogramme, cette année marque une avancée significative », note un producteur.
Cependant, pour garantir un développement durable de la filière arachidière, les producteurs insistent sur la nécessité d’améliorer les conditions de production, de protéger leurs revenus et de renforcer la régulation des marchés.Ce prix record de 305 FCFA, bien qu’imparfait, incarne une lueur d’espoir pour les agriculteurs sénégalais, mais aussi une invitation à poursuivre les réformes pour sécuriser et pérenniser ce secteur vital de l’économie rurale.
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