En inaugurant ce matin le Centre de conférences qui accueille le prochain sommet de la Francophonie, le président Macky Sall acte ainsi la naissance du premier pôle urbain du Sénégal. Suscitant beaucoup d’espérance quant à cette première réalisation de son plan d’Émergence auquel il manquait la dimension territoriale.
Après la bourse de sécurité familiale et la couverture maladie universelle, Macky Sall passe à la vitesse supérieure. Construit en onze mois, le Centre International des Conférences de Dakar se veut le cheval de Troie de la nouvelle vision économique du président Macky Sall.
En réalité, au-delà du sommet de la Francophonie, qui n’est qu’un prétexte pour donner visibilité et pertinence à ce nouveau projet d’aménagement du territoire, le président de la République semble avoir pris conscience d’une évidence: l’impérieuse nécessité de sortir de l’étouffement économique et social la capitale sénégalaise. C’est la condition du développement national et de la crédibilité du Plan Sénégal Emergent que promeut le régime au pouvoir.
Gangrenée par la spéculation immobilière, asphyxiée par sa boulimie (plus de 80% d’activités y sont concentrées), dévorée par une périphérie à l’urbanisation carnassière, embourbée dans une circulation automobile exponentielle, Dakar n’en peut plus du cauchemar urbain qu’elle est devenue. Sourde à toute vision du développement, Dakar n’est plus qu’une cocotte-minute dont l’implosion est imminente. Un grand rêve colonial en déshérence, à qui il fallait trouver un débouché. Un château de sable que menace régulièrement la vague des inondations. Il urgeait non seulement de la désengorger mais surtout de redonner un nouveau souffle à l’économie et à la société sénégalaise dont les besoins vont croissants.
Si tous les présidents sénégalais ont partagé ce constat, force est de reconnaitre que le président Macky Sall est le premier à dépasser le stade de la vision pour devenir le bâtisseur d’une nouvelle agglomération. Depuis l’Indépendance, c’est l’un des plus grands chantiers immobiliers du Sénégal qui va totalement redessiner le visage du Sénégal du 21ème siècle.
Situé à 30 kilomètres de Dakar, le centre international de conférence flambant neuf (qui abrite le XVe sommet de la Francophonie du 28 au 29 novembre prochain) a été réalisé, et il faut le souligner tant cela est exceptionnel, en exactement onze mois. C’est, à n’en pas douter, dans la supervision directe par le président de la République et dans le professionnalisme et la rigueur de ses deux équipes, du Comité d’organisation du sommet de la Francophonie et de la Délégation générale à la promotion des pôles urbains, qu’il faut chercher les raisons d’une telle réussite.
Première pierre d’une nouvelle ville dont la réalisation est le fruit d’un partenariat entre l’Etat et le secteur privé sénégalais ainsi que des développeurs privés étrangers, dont des groupes marocains et turcs. Cette ville devra comprendre 4 communes d’arrondissement, 38 quartiers, 230 ha d’espaces verts, et quelque 40.000 logements de différents types. Ce pôle qui devra inscrire le Sénégal dans l’émergence, devra abriter également à terme, un pôle industriel et commercial, un hôpital universitaire, des sièges de ministères, une deuxième université de Dakar, 10 universités privées, un stade international, un hippodrome, un golf, deux parcs d’attraction et 10 hôtels entre autres.
Combinant démarche industrielle, préoccupation sociale et harmonisation territoriale, la nouvelle ville suscite d’ores et déjà de nombreuses attentes.
D’abord des millions de jeunes en recherche d’emplois attirés par les promesses d’activités et de développement de la nouvelle cité. Ensuite des propriétaires agricoles expropriés en attente des justes indemnisations promises. Enfin du secteur privé national qui demande, avec raison, une part conséquente dans l’attribution des marchés. A celles-là on peut ajouter les attentes des autres régions dont la frondeuse Casamance à qui un pôle de développement économique est promis.
On le voit, Diamniadio est un atout et un risque. Un atout car si cette ville sort de terre d’ici aux prochaines élections présidentielles, alors le président Macky Sall est assuré de laisser une trace impérissable dans la mémoire des sénégalais. Un risque eu égard aux difficultés à concilier les énormes attentes des populations et la concurrence entre acteurs politiques et différents intervenants économiques et financiers.
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