Il fallait s’y attendre. La lâcheté a encore parlé. Elle avait averti, puis menacé avant de passer à l’acte. Aujourd’hui elle a tué, des confrères qui usaient et souvent abusaient de la liberté d’expression dans un pays où droits de l’homme riment, selon certains entendements, avec droit à la provocation, avec liberté d’insulter. Gratuitement.
Pour dire que l’année 2015 commence mal, très mal pour la presse qui perd une douzaine de ses membres en une seule matinée. Des talents et dessinateurs hors-pair qui ne s’imposaient aucune limite quand il s’agit de donner libre cours à leur imagination, quitte à aller loin, très loin dans le délire humoristique devenu insipide chez Charlie, par moments. Oui au droit à la caricature, mais non à cette liberté de la presse qui transgresse, qui accepte voire cautionne des dessins dans lesquels un Prophète est représenté, en tenue d’Adam... Charlie faisait rire, mais pas tout le temps. De la satire, le journal était passé à la provocation et semblait se faire une fixation sur l’islam et son prophète Mahomet devenu la tête de Turc de ses dessinateurs en manque d’inspiration. Cette attitude irresponsable a aujourd’hui été fatale à la presse satirique, à la France et au monde libre qui paie les errements d’un journal qui se croit tout permis et à qui l'autorité a manqué de tenir un langage de vérité.
Au terrorisme médiatique devenu l’apanage de Charlie, leur réponse a été le terrorisme islamique pour soi-disant venger le prophète de l’islam. Mais rien au monde ne saurait justifier cet attentat, un acte lâche qu’il convient de condamner avec vigueur. Car c’est aujourd’hui plus que jamais que le monde doit faire bloc et dire non au fanatisme sous toutes ses formes. Lequel justifie le crime, cultive la haine et plébiscite le meurtre.
A ces 'illuminés' qui veulent maintenir le monde dans un obscurantisme digne de l’époque de la Jahiliah, il faut faire face et ne rien céder. L’attaque de Charlie est un avertissement, une menace à l’endroit de toute personne qui se sert de sa plume pour informer, pour alerter et conscientiser. Mais il faut admettre que l’attentat en soi n’est pas une surprise, l’opinion s’y était préparée même si l’ampleur du carnage soulève moult interrogations. Charlie a joué, Charlie a perdu. Charlie a joué avec le feu et Charlie s'est brûlé la plume. Mais ce n’est pas une raison de céder au fanatisme religieux quel qu'il soit. «La liberté de nous marrer sans aucune retenue», si chère à Charb, change de camp aujourd’hui. Et c’est le terrorisme et les terroristes qui se marrent. Sans retenue, pensant avoir "vengé" le Prophète.
Momar Mbaye
0 Commentaires
Participer à la Discussion