Pour expliquer les résultats jugés satisfaisants dans ce contexte de Covid-19, Cheikh Mbow le directeur exécutif de la Cosydep a identifié trois points : la posture des acteurs, les conditions d’apprentissage et la stabilisation d’un protocole pédagogique.
Les résultats du baccalauréat 2020 ont été meilleurs que ceux des années précédentes. A titre illustratif, le taux réussite au premier tour se situe à 24% environs. Or en 2017, 2018 et 2019, les candidats admis d’office représentaient respectivement de 12,5%, 15,7% et 14,95%. L’amélioration est donc nette. Une curiosité si l’on sait que les enseignements ont été fortement perturbés par la pandémie de Covid-19.
Directeur exécutif de la Cosydep, Cheikh Mbow pense qu’il y a 3 facteurs explicatifs qui ont été décisifs. « Nous pouvons noter trois points forts qui ont milité en faveur des résultats. La première est la détermination de la chaine des acteurs. Tout le monde s’était solidarisé autour de la reprise du 25 juin, des apprenants qui ont accepté de se soumettre à l’exercice, sous la pluie, dans des conditions difficiles », souligne Cheikh Mbow.
On peut aussi ajouter, toujours dans ce premier point, des enseignants qui, malgré un convoyage difficile et un réseau scolaire pas toujours approprié pour fonctionner en période hivernale, ont répondu présent «avec une forte générosité pour accompagner les apprenants ». Sans oublier les parents qui, de l’avis de Mbow, se sont convertis en enseignants depuis la fermeture des écoles.
Le deuxième, dit-il, est lié à la maîtrise des effectifs fortement réduits, ce qui est un gage de qualité. « Avec la Covid, on était à un enseignant pour 20 élèves. Ça veut dire qu’on n’avait pas uniquement un enseignant pour chaque classe, mais aussi un enseignant pour chaque élève, puisque vous avez la possibilité de suivre chaque élève, d’accompagner chacun d’eux dans ses difficultés. Cela peut aussi impacter positivement les résultats », fait-il remarquer.
Le troisième et dernier point renvoie, d’après lui, à la stabilisation d’un protocole pédagogique, avec des seuils minimaux de compétence. « Nous avions dit que les épreuves doivent être fondées sur ce protocole pédagogique, en considérant qu’on ne peut pas évaluer les enfants sur ce qu’ils n’ont pas appris. Cela peut aussi justifier ces résultats ».
Malgré cette amélioration, Cheikh Mbow pense que les résultats pourraient être encore meilleurs si certaines contraintes étaient jugulées. Il s’agit de l’insuffisance des enseignants dans certaines disciplines, de la reprise des cours durant l’hivernage, mais aussi du renfoncement de la vigilance dans le choix, l’administration et la correction des épreuves.
Le directeur exécutif de la Cosydep s’inquiète également de l’inexistence de dispositions pour l’accompagnement des candidats exemptés de reprise et devant subir la session de remplacement. « Il faut un dispositif d’accompagnement conséquent pour qu’ils soient préparés pour la session de remplacement », suggère-t-il.
Par ailleurs, même si Cheikh Mbow espère de bons résultats du second tour pour mieux booster le global de réussite, il n’en demeure pas moins convaincu que le Sénégal doit dépasser un taux d’échec de 60 à 70% au baccalauréat.
« Notre pays devra se battre pour être aux normes standard de qualité qui veulent que 80% des candidats réussissent aux examens. Depuis des décennies, nous sommes entre 30 et 40%. Il est essentiel qu’on soit plus ambitieux pour faire des résultats meilleurs », lance-t-il.