Invité à faire une présentation à la 13ème conférence de l’Association des universités africaines (Aua) qui se tient à Libreville, au Gabon, sur le thème « Pour un système d’enseignement supérieur africain efficient », l’ancien recteur de l’Ucad, le Pr. Abdou Salam Sall, a dégagé des pistes devant faciliter l’employabilité des diplômés africains des institutions d’enseignement supérieur.
Libreville - (Gabon) - L’ancien recteur est formel : l’université doit se rendre utile en agissant pour la société, autrement dit la transmission des connaissances (enseignement) et la production de la connaissance (recherche) doivent être axées sur les problèmes sociaux, les priorités de nos Etats. Ce que le Pr. Pai Obanya, stratège en éducation internationale à l’Université d’Ibadan, au Nigeria, a appelé l’engagement social responsable. Mais comment faire pour que, dans l’imaginaire des Africains, des gouvernants aux populations, en passant par le secteur productif, tous aient recours à l’université pour traiter ces problèmes et les résoudre ? s’est interrogé le Pr. Sall.
A son avis, cela passe nécessairement par la dotation des étudiants de compétences professionnelles, particulièrement dans les sciences, la technologie. Ce qui pourrait assurer l’employabilité de nos diplômés, a-t-il indiqué. Cependant, a affirmé M. Sall, pour régler l’employabilité, il faut d’abord une gouvernance. Tous les segments de la société doivent être représentés dans les conseils d’administration de nos universités où une large place sera aux dirigeants d’entreprises, en particulier les industriels, mais aussi aux diplômés des universités, a-t-il soutenu, tout en se réjouissant de la mutation entamée par certaines institutions. Cette présence du secteur privé doit être effective dans toute la chaîne de gouvernance (Faculté, Ufr, Département, Ecole doctorale…). Toutefois, l’ancien recteur de l’Ucad a précisé que le conseil académique piloté par les enseignants alimentera les sessions du conseil d’administration.
Il faut ensuite une vision holistique de l’éducation, le système étant un tout. Il a insisté sur la qualification des enseignants et leur motivation, tout en leur rappelant leur responsabilité dans une société où le bien le plus précieux devient la ressource humaine. Le Pr. Sall a relevé le paradoxe africain. Le continent est très loin d’avoir 2 % de sa population dans l’enseignement supérieur, pourtant il a du mal à les accueillir (accès), voire les insérer dans la production. Malgré tout, il a apprécié la démarche qualité qui se dessine partout avec l’adoption du système Lmd et surtout la mise en place de structures d’assurance qualité, proposant ainsi une déclinaison dans les 5 régions économiques de l’Afrique pour mettre fin à la dichotomie anglophone, francophone et lusophone.
Abdou Salam Sall a suggéré aux universités, en rapport avec les partenaires, de définir les filières qui offrent un fort potentiel d’absorption des diplômés et de bâtir ensemble des curricula accordant 30 à 50 % des enseignements à la professionnalisation, de doter les universités d’équipements scientifiques lourds. Il a également demandé l’évaluation périodique de l’offre de formation afin de vérifier son efficience, l’utilisation des Tic, l’amélioration du temps de travail (quantum horaire) qui suppose un espace apaisé.
5 paramètres pour développer la recherche
Le Pr. Abdou Salam Sall a proposé l’organisation de la recherche à partir de 5 paramètres : la gouvernance, les écoles doctorales, l’amélioration de l’environnement de recherche et de son financement, les droits de propriété intellectuelle ainsi que sa valorisation. Cette organisation devra reposer sur les 5 régions économiques du continent. Ce qui favorisera la création de collèges doctoraux sur les questions essentielles. Par ailleurs, la mobilité des enseignants des universités devra être la règle. Elle concernera aussi la diaspora scientifique africaine.
Pour M. Sall, l’expérience de l’Institut de mathématiques appliquées, avec l’initiative « Next Einstein » atteste de la disponibilité des scientifiques de haut niveau à aider l’Afrique à participer à l’effort de l’expansion de la science. Selon Abdou Salam Sall, le placement des diplômés n’est pas le seul objectif de l’enseignement supérieur. Il s’agit, en sus, de prendre des dispositions pour une ouverture du marché du travail en l’améliorant et en le sophistiquant. Il faut organiser les étudiants en créateurs d’entreprises, d’emplois et de richesses, non sans reconnaître que plusieurs actions sont menées dans ce domaine. Au Sénégal, on peut citer, entre autres, le challenge entreprendre, les incubateurs. Tout cela vise à asseoir une culture entrepreneuriale. Celle-ci doit être accompagnée par la culture citoyenne, comme le faisait l’Ucad avec les camps citoyens axés sur le reboisement, la campagne sanitaire, l’alphabétisation dans les langues nationales et l’initiation à l’informatique.
Trois sources de financement à explorer
Pour mieux assumer toutes les missions, les universités doivent avoir des ressources financières conséquentes. Le Pr. Sall estime que ces ressources doivent émaner de 3 sources : les fonds publics, les ressources internes et les fonds privés, tant de la société, des partenaires que des fonds compétitifs. Cependant, les établissements publics d’enseignement supérieur doivent rendre compte de la gestion des ressources qui deviennent de plus en plus importantes et générer également des ressources financières. De même, les étudiants devront davantage contribuer à leur formation. « Cette contribution doit se fonder sur l’équité, et aucun apprenant ne doit être éliminé par absence de ressources financières », a-t-il suggéré.
5 Commentaires
Pofesseur
En Mai, 2013 (16:32 PM)Takou
En Mai, 2013 (17:16 PM)Reply_author
En Avril, 2024 (21:14 PM)L
En Mai, 2013 (19:12 PM)Zé
En Mai, 2013 (22:17 PM)Kit
En Mai, 2013 (23:24 PM)Participer à la Discussion