Des progrès ont été faits, c'est évident. Formation, rémunération, participation au marché du travail, l'écart entre les hommes et les femmes se réduit de plus en plus. "Preuve que les aptitudes n'ont pas de sexe", rappelle l'OCDE ce jeudi 5 mars en dévoilant les résultats de son étude sur les inégalités entre filles et garçons à l'école.
Mais, sur les bancs de l'école, force est de constater que filles et garçons ne réussissent pas de la même façon. Compétences en compréhension écrite, mathématiques, sciences, loisirs, temps passé sur les devoirs, comportements des parents et des enseignants, l'OCDE a mené l'enquête pour mieux comprendre les racines de ces inégalités.
Les garçons sont moins performants que les filles à l'école
Tous les trois ans, l'OCDE soumet des élèves de tous les pays membres et non-membres (comme Hong-Kong, Singapour, Shanghaï) à des évaluations PISA (Programme International de Suivi des Acquis des élèves) dans trois domaines : la lecture, les mathématiques et les sciences. La dernière étude PISA a été réalisée en 2012. Ce sont sur ces résultats que l'OCDE s'est basée pour cette nouvelle étude.
À partir des résultats PISA, on peut dire qu'à l'âge de 15 ans, les garçons ont plus tendance que les filles à avoir de mauvais résultats : 14% des garçons (contre 9% de filles) n'ont pas validé leur évaluation PISA dans les trois matières. Les garçons semblent aussi se montrer moins engagés dans l'école et ont plus de risques de sortir du système scolaire sans diplôme et avec un faible niveau de compétences.
Ces différences de résultats se comprennent par des différences de comportements. Les garçons, à cet âge-là, consacrent en moyenne une heure de moins que les filles à leurs devoirs. L'OCDE met aussi en avant (cela ne va pas plaire aux gamers) que "les garçons consacrent plus de temps que les filles aux jeux vidéo, et moins de temps qu’elles à la lecture par plaisir, notamment de textes complexes, tels que les livres de fiction". Or, une bonne compréhension écrite est la base de la réussite dans toutes les autres matières.
Mais les filles ont moins confiance en elles
Après s'être intéressée aux élèves les moins performants, l'OCDE s'est penchée sur les résultats des meilleurs élèves. Parmi lesquels les filles. En mathématiques, dans tous les pays étudiés, les filles ne devancent jamais les garçons en haut du classement. Et cela s'explique principalement par un manque de confiance en elles. Même les meilleures d'entre elles, éprouvent un "fort sentiment d'anxiété" face aux mathématiques.
Ce déficit de confiance se manifeste aussi lorsqu'il s'agit de faire face à un problème de mathématiques ou de sciences qui ne ressemblent pas aux exercices auxquels elles sont habituées. Les filles semblent aussi avoir plus de difficultés à "penser scientifiquement". Selon l'OCDE, cela peut représenter un vrai handicap dans la façon dont les filles abordent les matières scientifiques : "lorsque les élèves ont davantage confiance en eux, ils s’autorisent à échouer, à procéder par tâtonnement, à coup d’essais et d’erreurs, autant de processus essentiels à l’acquisition des connaissances en mathématiques et en sciences". Ainsi, à cet âge-là, en moyenne, moins de 5% des filles envisagent une carrière dans l'ingénierie et l'informatique.
Les garçons finissent par combler leur retard
Malgré ce manque de confiance, les filles se montrent plus ambitieuses que les garçons en l'égard de leur future carrière. Mais, les garçons semblent malgré tout mieux préparés à la vie professionnelle grâce à des stages ou des visites en entreprise plus fréquents. Plus nombreux sont les garçons à dire savoir faire face à un entretien d'embauche à l'inverse des filles. Finalement, le retard que les garçons avaient pu accumuler en particulier en lecture, ils parviennent à le rattraper dans le cadre professionnel quelques années plus tard selon les études menées par l'OCDE sur les adultes.
L'OCDE a aussi interrogé les parents des enfants participant aux études PISA. Ceux attendent plutôt de leur fils de se tourner vers une carrière dans les sciences, la technologie, l'ingénierie ou les mathématiques que leur fille, même quand garçons et filles sont aussi bons en mathématiques.
Cette situation n'est pas définitive. Comme l'explique l'OCDE en conclusion, à Singapour, Hong-Kong ou Shanghaï, les résultats des tests PISA sont différents de la moyenne observée ailleurs. Filles et garçons font jeu égal en mathématiques. Ainsi, les filles de ces pays dont les économies sont parmi les plus performantes du monde, devancent la plupart des garçons des autres pays en mathématiques. Inversement, en compréhension écrite, les garçons de ces pays obtiennent de meilleurs résultats que les filles des autres pays observés.
La faiblesse des garçons en lecture et le manque de confiance des filles en mathématiques n'est donc pas une fatalité. Aux gouvernements, aux enseignants et aux parents de trouver des solutions.
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