La rentrée des élèves n’a pas été effective hier, dans la banlieue dakaroise. Dans la commune de Keur Massar (département de Pikine), les apprenants et leurs parents n’ont pas répondu présent dans les établissements scolaires.
La rentrée scolaire des élèves n’a pas été une réalité dans beaucoup d’écoles. Prévue hier, elle n’a été que de nom. Les parents et leurs enfants ont brillé par leur absence. Dans toutes les écoles visitées, la situation est pareille. Les élèves semblent être toujours en vacances. Beaucoup craignaient la non-effectivité de la rentrée des classes à cause des inondations et des herbes qui envahissent les écoles.
A l’école élémentaire de l’Unité 3 des Parcelles Assainies de Keur Massar, l’ambiance est peu animée en cette matinée du mercredi, jour de rentrée. Quelques dizaines d’enfants sont dans la cour en train de jouer en chantant et en dansant. Quelques parents aussi sont présents pour régler des problèmes de transfert. Quant aux enseignants, ils sont regroupés sous l’ombre de l’un des bâtiments en étage. Ils sont prêts pour servir de même que la direction de l’école, mais les enfants, maillon essentiel de la chaîne, ne sont pas au rendez-vous. Selon le directeur Monsieur Ngom, tout le personnel est disponible et son établissement est fonctionnel, mais impossible de démarrer les enseignements faute d’apprenants. ‘’Officiellement, la rentrée est effective. Mais le blocage se situe au niveau des parents d’élèves car même ceux qui sont présents sont venus sans fourniture’’, explique-t-il.
Contrairement aux années où la rentrée était un grand événement avec les enfants qui venaient à l’école accompagnés de leurs parents et vêtus de leurs plus beaux habits, elle est cette fois un non-événement. L’enthousiasme qui entourait ‘’le jour de la rentrée’’ comme l’écrivaient les auteurs du manuel scolaire Sidi et Rama, est à son plus bas niveau. Comme la précédente école, celle de l’Unité 5 affiche le même visage. Malgré la disponibilité des instituteurs et les salles de classe, le « Ubbi tey jang tey » n’a pas pu être une réalité.
‘’La rentrée n’est pas effective’’, lance le directeur Abdou Diaw. Trouvé dans son bureau, il affirme que tous les enseignants sont sur place mais ils n’ont même pas la moitié des effectifs. Par contre, sur le plan didactique, il y a des manquements. ‘’Nous n’avons pas encore de craie’’, conclut-il.
Le CEM Keur Massar 1 situé à quelques centaines de mètres ne fait pas l’exception. Sa cour très boisée est presque désertique ce matin. Ici, rien ne montre qu’on est au jour de la rentrée des élèves. Selon le principal Magatte Diaw, même pour les inscriptions et réinscriptions, les enfants et leurs parents viennent au compte-gouttes malgré leur démarrage depuis le mois de septembre. ‘’Mais ce n’est pas un facteur bloquant car on peut commencer les cours et après, remplir les formalités administratives. C’est pour cela que nous avons décidé de démarrer les enseignements le lundi prochain, quels que soient les effectifs présents’’, rassure-t-il. Il explique le problème (absence des élèves) par un manque d’argent des parents notamment à cause de la fête de Tabaski.
La crainte de beaucoup de parents et acteurs du système éducatif de voir le démarrage de l’année retardé à cause des inondations et du désherbage est aussi une réalité dans certains établissements scolaires. L’école élémentaire de l’Unité 11 des Parcelles assainies de Keur Massar en est un exemple patent. Situé dans une zone frappée de plein fouet par les inondations, la cour est envahie à 95% par les eaux et les herbes, au grand bonheur du bétail du quartier qui vient brouter sur le site. Ici non seulement les élèves n’ont pas répondu présent, mais la cour et les bâtiments sont inutilisables. Le directeur adjoint Babacar Diouf est installé dans un coin à l’entrée de la cour non clôturée.
Des blocs de reçus sur une table-banc, il reçoit les visiteurs et les inscriptions se font sur place. ‘’Quelques élèves étaient là, mais ils sont partis car on ne peut pas les retenir, vu la situation de l’école’’, informe-t-il. Un enseignant d’ajouter : ‘’Il y a même du poisson dans les eaux. Demandez aux habitants du quartier ; certains viennent ici faire la pêche.’’ Concernant le désherbage et l’évacuation des eaux, le directeur soutient que les parents d’élèves et les autorités municipales n’ont encore rien fait. Vu la situation des écoles et le comportement des apprenants, le ‘’Ubbi tey jang tey’’ restera un vœu pieux pour cette année.
5 Commentaires
Anonyme
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