D’année en année, la Senelec entretient de moins en moins bien son outil de production, ce qui pourrait expliquer la recrudescence des coupures de courant ces derniers temps. Les chiffres données par un spécialiste de contrôle laissent peu de doute.
Le réseau de la Senelec souffrirait entre autres, d’un grave défaut d’entretien. Et, au moment où les coupures de courant ont repris de l’ampleur, il est permis de se demander dans quelle mesure ce manque d’entretien ne contribuerait-il pas à la situation que vivent les Sénégalais actuellement. Cette information émane d’un ingénieur de la société Apave, spécialiste des questions de contrôle, et qui a une trentaine d’expérience dans la profession. En prélude à la cérémonie officielle de remise des diplômes à la première promotion des étudiants de Master en management des infrastructures publiques, formés par la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg), de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), M. François Fatondji, l’un des récipiendaires, a révélé le lundi 19 août dernier que la Senelec néglige de plus en plus les questions de maintenance.
De 53 à 25% en trois ans
Alors qu’en 2010 le taux de maintenance du matériel de production électrique était selon ce spécialiste, de 53%, le chiffre serait passé à 25% en 2012, deux années plus tard. Sans fournir d’explication sur les raisons de ce phénomène, le technicien n’écarte pas que cela soit surtout dû à de la négligence, en faisant noter que souvent et de manière générale, la gestion des infrastructures publiques souffre d’un défaut d’entretien dans la plupart des pays d’Afrique. Il n’empêche que pour la Senelec, cette situation s’ajoute et s’aggrave, selon lui, à cause de la vétusté du matériel de production de la société. Et là où le matériel est moins obsolète, ce sont les coûts de production qui sont prohibitifs, si l’on sait que le coût moyen du Kw/h produit par la Senelec revient à 140 francs, quand la société est obligée du fait des contraintes politiques et socioéconomiques, de vendre son Kw/h à 115francs Cfa en moyenne. Donc, de vendre à perte, ce qui n’améliore pas son déficit.
François Fatondji explique que l’une des causes de ces problèmes de maintenance, est que les gens ne pensent jamais au management lors de la conception et de la mise en œuvre des ouvrages, et par conséquent, ne pensent pas aux charges que ce volet peut entraîner, et qui peuvent même réfléchissent pas à l’efficacité de l’ouvrage en question. Dans un contexte où le Sénégal n’est pas encore totalement parvenu à sécuriser son accès au combustible, et qu’il a besoin d’étendre et d’augmenter ses capacités, la société d’électricité a besoin de régler au plus vite ses problèmes de maintenance. Mais le technicien n’est pas convaincu que les problèmes de fourniture optimale d’électricité puissent être résolus uniquement au niveau national, et préconise que le Sénégal explore encore mieux les possibilités offertes au niveau régional et sous-régional, notamment à travers l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs).
Cette étude de la Senelec a été faite dans le cadre d’un travail comparatif réalisé par les étudiants du Master en management des infrastructures publiques, qui travaillaient sous la direction du doyen de la Faseg, M. Amadou Aly Mbaye.
Outre les questions d’électricité, sur lesquelles ils ont fait une étude comparative entre les expériences de l’Omvs et du Sénégal, avec celle de la République d’Afrique du Sud notamment, ces étudiants, professionnels dans des grandes entreprises pour la plupart, ont aussi travaillé sur d’autres questions.
Master ouvert aux professionnels
C’est ainsi qu’ils ont produit des études sur les questions d’infrastructures routières, pour lesquelles au Sénégal, le Partenariat public privé (Ppp) qui a servi à financer l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio a été évalué. Il y a eu également le contrat de concession de la fourniture d’eau entre la Sde et la Sones qui a été passé au peigne fin. Cela s’explique par le fait que le programme de Master en management des infrastructures publiques est comme indiqué plus haut,destiné à des professionnels déjà opérationnels dans leurs structures, au sein desquelles pour la plupart, ils sont ingénieurs et responsables. Ils allient leur formation avec des stages en entreprise, et proposent souvent, dans le cadre de leurs études, des cas pratiques qui se basent sur dessituations concrètes, comme avec la Senelec.
L’Ucad distinguée
Ce master est financé par le Development bank of Southern Africa (Dbsa) établi en Afrique du Sud, et par l’Industrial Development Corporation (Idc). Il est conduit sur le continent africain, par trois universités bien repartis selon des critères régionaux. Il s’agit de celle de Makerere, en Ouganda, de l’Université de Pretoria, en Afrique du Sud, et de l’Ucad. Chacune de ces institutions, choisies sur la base de critères rigoureux de qualité, est censée polariser des étudiants de sa région. La première promotion de l’Ucad comprend six nationalités d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Le Doyen de la Faseg, M. Mbaye, a voulu, lors de la cérémonie officielle de sortie de promotion, justifier la mise en place de cette formation, en notant que le management des infrastructures pose beaucoup de problèmes aux pays développés, comme à ceux en développement. Ces défis, liés entre autres, aux coûts des études de réalisation, au choix de la localisation, au financement des projets, à leur rentabilité et à leur rentabilité, mettent en avant la nécessité de bons managers, en plus de bons techniciens.
Les sortants de cette première promotion ont la chance d’allier la maîtrise technique à celle des questions de gestion. Ils seront donc en mesure de mieux appréhender les enjeux liés à certains choix d’infrastructures, et à décider en toute connaissance de cause.
1 Commentaires
Xeme
En Août, 2013 (20:56 PM)Participer à la Discussion