Frère du président Macky Sall, Aliou compte se faire un prénom en briguant et obtenant la mairie de Guédiawaye, la bouillonnante et populaire ville périphérique de Dakar. Mais son apparition sur la scène publique sénégalaise est l’objet de fantasmes, de polémiques et d’accusations de scandales politico-financiers. Venu participer à la sixième édition du forum actions internationales des collectivités locales organisé en France, Aliou Sall a répondu à nos questions. Entretien sans détour avec celui qui s’agace d’être décrit comme l’officieux vice-président du Sénégal.
L’avenir de Guédiawaye est de créer une économie dans notre cité. Dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE), la région de Dakar est en train de se positionner comme un Hub de services. Guédiawaye doit y avoir son rôle. Ceci en tant que pôle universitaire à travers l’érection d’une université arabo-africaine, mais aussi en tant que pôle de commerce. Nous avons pour projet d’aménager la bande des bandes filaos à Guédiawaye. Il y a une négociation avancée avec le ministère de l’environnement. Ce qui va nous permettra d’avoir un peu de foncier pour y ériger un ensemble de projets. La création d’une salle de spectacle de 1200 places est le projet phare. Toutes ses activités feront de Guédiawaye un pôle de services. Nous comptons inverser le regard sur notre ville qui ne sera plus un dortoir. Les Sénégalais vont désormais venir à Guédiawaye pour les services sanitaires, pour l’éducation. C’est un projet qui va démarrer au mois de janvier prochain. La salle sera érigée vers le pont Malibu. L’université arabo africaine sera érigée dans la commune Wakhinane Nimzatt.
Diasporas-News : Quels sont les délais pour l’achèvement des travaux de tous ces projets ?
Il n y a pas de délai pour le développement. Ce sont des projets dont la réalisation demande peut être tout mon mandat et même au delà.
Aliou SALL :Qu’est-ce qui vous lie à Guédiawaye ? Il vous est souvent reproché d’être parachuté
Aliou SALL :Non, ce n’est pas le cas. Je peux même dire que mon parti était contre ma candidature à Guédiawaye. Je me suis parachuté, moi même. Qu’est-ce qui m’a amené à Guédiawaye ? C’est une question à laquelle je ne peux pas répondre. Je ne sais pas ce qui a motivé ma venue dans cette ville. C’est le bon Dieu qui m’a orienté vers cette ville que j’aime.
Diasporas-News: Est-ce le choix de la facilité ?
Aliou SALL :C’est du n’importe quoi… Dans notre parti à Guédiawaye, il y a Racine Talla, ancien fonctionnaire des Nations-Unis, actuel Directeur de Radio Télévision Sénégalaise, Cheikh Awa Balla Fall, actuel directeur de l’École d’administration, qui a occupé beaucoup de hautes fonctions dans l’Etat du Sénégal. Dire que j’ai aimé la facilité, c’est contraire à la vérité. Si j’avais aimé la facilité, j’aurais milité à Fatick. Il m’est 100% plus facile d’être élu maire de Fatick que celui de Guédiawaye. Je n’ai pas l’atout d’y avoir vécu toute mon enfance, d’y avoir beaucoup d’amis, encore moins un vécu politique. Ce que j’avais à Fatick. C’est une ville où les gens ne se laisse pas faire, avec des personnes hyper dynamiques, ce n’était pas cadeau.
Diasporas-News : De votre parcours, quels sont les avantages que vous tirez du fait d’être le frère du président Macky Sall ?
Aliou SALL :Il y a eu des avantages et des inconvénients. Je ne peux pas nier qu’être le frère du président a fait de moi immédiatement un sujet politique intéressant. Si je n’étais pas le frère du président, j’aurais à déployer beaucoup plus d’efforts pour faire ma communication. Etre le frère du président me donne un marketing gratuit. L’inconvénient est lié à l’histoire récente du Sénégal avec l’accusation portée sur Karim et Abdoulaye Wade de vouloir « monarchisé » le pouvoir, d’en faire quelque chose de familiale. Cela a constitué un grand handicap pour moi. Quand j’ai annoncé ma candidature à la mairie de Guédiawaye, les gens ont vite fait de l’assimiler à la démarche que Karim et Abdoulaye Wade avaient voulu mettre en œuvre (Président et vice président du Sénégal, ndlr). Cela a charrié beaucoup de passions pour ne pas dire de haine, beaucoup d’attaques médiatiques y compris même un peu de violence physique. Mais cela a mis en moi une très grande envie de me battre et de démontrer qu’en général, les Sénégalais sont sensés et ils ne se laissent pas bernés par ce que la presse disait par ailleurs. Ce que les médias disent est parfois différent de ce que les populations ressentent. Elles ont sanctionné positivement ma présence politique. La façon de communiquer, d’être sur le terrain, mais aussi notre projet politique, économique ont suscité l’espoir d’avoir un avenir meilleur à Guédiawaye.
Diasporas-News : Quelle est la différence entre le duo Aliou et Macky Sall et celui Abdoulaye et Karim Wade ?
Aliou SALL :D’abord, je dois dire qu’il n y a pas de duo Aliou et Macky Sall. Il ne m’a pas présenté, je peux même dire qu’il n’a pas encouragé ma candidature. Je peux même aller plus loin pour dire qu’il a découragé ma candidature.
Diasporas-News: Pourquoi ?
Aliou SALL :Tout le monde, y compris lui, avait peur que je perde les élections. C’était inimaginable de voir quelqu’un avec tous les handicaps évoqués (plus haut) sortir vainqueur d’une élection locale après l’expérience du cas Karim Wade. C’était une défaite programmée et annoncée pour l’ensemble des acteurs. Mes amis et parents m’ont poussé à ne pas y aller mais je n’ai pas accepté.
Diasporas-News: Qu’est ce qui vous a motivé à aller outre leur avis ?
Aliou SALL :C’est ma conviction profonde qu’en tant que politique. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de la défaite politique. Ce sont les Sénégalais qui votent, c’est à eux de prendre la décision. Il n’y a pas le feu, comme on dit…
Diasporas-News: Que répondez-vous à ceux qui disent qu’au sein de l’appareil d’Etat du Sénégal il y a du népotisme, une forme de gestion familiale ?
Aliou SALL :Ce n’est pas vrai. Les gens qui le disent eux même savent que ce n’est pas vrai. Je suis le frère du président mais aussi, je regrette de le rappeler, un cadre de mon pays. J’ai fréquenté les écoles qu’il fallait. J’ai l’expérience qu’il faut dans la plus haute fonction publique, aujourd’hui je ne travaille dans aucune instance gouvernementale. Aucun décret n’a nommé Aliou Sall. S’il y avait de la gestion familiale, j’aurais été ministre et légitimement. Cela n’existe pas car le président ne veut pas de la gestion familiale. D’autre part, je ne connais pas un seul membre de notre famille qui a été nommé à un poste de responsabilité dans le gouvernement.
Diasporas-News: Maire d’une grande ville, Président de l’Association des Maires du Sénégal (AMS), et de l’Union élus locaux de votre pays, êtes-vous le vice président du Sénégal ?
Aliou SALL :C’est exagéré quand même. C’est ridicule.
Diasporas-News: Quelle est la part de vérité ?
Aliou SALL :Je viens de vous dire que je n’ai aucune fonction publique dans l’Etat, ni de nomination. En tant que Maire de Guédiawaye, j’ai été élu. Président l’AMS, c’est une association qui a porté son choix sur moi. Ce n’est pas un organisme d’Etat. Ce sont des membres qui se sont réunis pour me confier la présidence de cette association. Qu’est-ce que cela à voir avec l’Etat. Et si j’étais ministre ? Je ne suis pas ministre, ni directeur général d’une société publique, je n’ai pas de salaire d’Etat en dehors de mes indemnités de maire. Je ne dispose ni de véhicule, ni de téléphone de l’Etat. C’est totalement ridicule.
Diasporas-News: Est-ce qu’on vous a donné des postes parce que vous êtes le frère du président ?
Aliou SALL :Pour la mairie de Guédiawaye, personne ne m’a mis là bas, on m’en a même dissuadé. Les gens ont voté pour moi avec transparence. Le débat sur le fait d’être frère du président est dépassé. Il aurait été pertinent avant le vote et cela a été posé sur la table. Et cela n’a pas influencé les gens. Karim Wade était le fils du président Wade, il s’est présenté à des élections et n’a pas gagné dans son bureau de vote. Je ne parle même pas de sa localité. Il avait perdu partout.
Diasporas-News : Quels enseignement tirés vous du cas de Karim Wade ?
Aliou SALL :D’abord j’ai une très grande estime pour Karim Wade. Il a assumé des responsabilités et a pu faire des choses. Maintenant on peut avoir des critiques sur son bilan. Aujourd’hui, il a été jugé et condamné. C’est sa responsabilité devant la justice. Cela ne me regarde pas. En revanche Karim Wade a été un homme public, ministre d’Etat du Sénégal. Il en avait le droit en tant que Sénégalais. Il a pu réaliser des choses. A cette personnalité, je dis respect pour ses fonctions de ministres. J’ai vraiment du respect pour Karim. Je lui souhaite d’être le plus tôt possible, libre de ses actions et qu’il puisse assumer ses positions politiques.
Diasporas-News : Avez-vous eu des contacts avec Karim Wade depuis son incarcération ?
Aliou SALL :Malheureusement non. Je disais à un de ses amis que j’aurais bien aimé aller voir Karim Wade (en prison) mais si je le fais toute de suite les médias vont l’interpréter autrement en disant que je suis le médiateur du président (Sall) pour négocier avec lui. Donc j’ai envie d’aller le voir mais je ne peux même pas le faire.
Diasporas-News : Avec du recul comment analyser vous l’affaire Petrotim ?
Aliou SALL :J’ai dépassé cette affaire. On m’a accusé, j’ai répondu. Si une personne au monde a la plus petite preuve que j’ai été actionnaire de Petrotim, elle n’a qu’à la montrer. Je dirai même qu’une seule personne identifie des traces d’argent dans n’importe quel compte au monde, qu’on me montre les preuves.
Diasporas-News : On dit que vous être multimillionnaire… ?
Aliou SALL :J’aurais bien aimé être multimillionnaire. La dernière fois, on m’a prêté la création d’une banque (Banque de Dakar, ndlr), Ce n’est pas vrai mais j’aurais bien aimé en être actionnaire. C’est mon droit.
Diasporas-News : Vous n’avez rien à voir de près ou de loin avec la création de cette banque ?
Aliou SALL :Si, j’ai des amis que j’ai aidés à créer une banque au Sénégal. Ils ont injecté 26 milliards de F Cfa au Sénégal. Je pense, franchement, que je devrais être décoré pour cela. Mais en dehors de cela, je n’ai pas un sou dans une banque. Est-ce que les gens imaginent, en tant que frère du président, ce que cela représente de mettre de l’argent dans une banque ? C’est impossible à cacher. Si on avait dit que j’ai des comptes à Singapour, dans des paradis fiscaux… mais qu’on dise que j’ai une banque au Sénégal c’est pousser la réflexion pas plus loin qu’un mètre. C’est aberrant.
Diasporas-News: Vous êtes en train de nous dire que tous vos comptes sont domiciliés au Sénégal ?
Aliou SALL :(Eclat de rire) Pourquoi tous vos comptes, comme si j’en avais plusieurs…(rires) Bon, j’en n’ai pas un, j’en ai deux, trois ou quatre, je ne sais pas. Mais je n’ai aucune activité financière, pas de virement, pas de compte d’épargne, rien à travers le monde excepté un compte d’assurance où il y a 35 euros qui date de l’époque où j’étais étudiant. Je ne l’ai jamais fermé ce qui me vaut la réception de mails de relance sur sa fermeture. Les gens rêvent et prennent leurs rêves pour réalité.
Diasporas-News: Comment expliquez-vous qu’il ait autant d’accusations portées sur votre personne ?
Aliou SALL :Je ne sais pas, peut être qu’il faut poser la question à ceux qui en sont responsables. Vous savez, nous avons vécu des fantasmes, car je ne connais pas la réalité des choses, en prêtant à Karim Wade d’être multimilliardaire. Quand Karim est parti, il fallait trouver quelqu’un d’autre.
Diasporas-News : Avez-vous des doutes sur le fait que Karim Wade soit multimilliardaire ?
Aliou SALL :Je n’en sais rien.
28 Commentaires
Moise
En Juillet, 2015 (12:59 PM)Xeme
En Juillet, 2015 (13:08 PM)Trop tard, le vin est tiré, il va forcément falloir le boire jusqu'à la lie. Il ne peut y avoir d'estime entre la famille de Wade et celle de Macky Sall. Macky Sall n'a pas su arrêter sa presse de diabolisation à temps. La haine installé au sein du Sénégal par Macky est devenue une haine irréductible.
Trop tard messieurs de la famille Sall. Si la famille Wade cesse d'être une famille du diable, c'est forcément celle de Macky Sall qui sera la famille du diable. C'est le décor que Macky Sall nous a campé. Nous peuple, nous ne serons absolument pas des bambins dont on se joue des sentiments, surtout un jeux jusqu'à mort d'homme.
C'est trop tard messieurs. Gouverner c'est prévoir, et vous n'avez pas su prévoir.
Jail
En Juillet, 2015 (13:43 PM)Tu es trop nombreux.
Trop visible.
Tes casseroles nous tympanisent.
Nous veillons.
Anonyme
En Juillet, 2015 (14:08 PM)Anonyme
En Juillet, 2015 (14:13 PM)Anonyme
En Juillet, 2015 (14:22 PM)Anonyme
En Juillet, 2015 (14:28 PM)Anonyme
En Juillet, 2015 (14:53 PM)Lepou
En Juillet, 2015 (15:14 PM)Anonyme
En Juillet, 2015 (15:42 PM)Doff Bi
En Juillet, 2015 (15:56 PM)Confortable
En Juillet, 2015 (16:01 PM)Il est aussi sincère quand il parle. On croit à ce qu'il vient de dire
Bon courage, cher ami
Remember
En Juillet, 2015 (16:01 PM)Anonyme
En Juillet, 2015 (16:10 PM)Ce n'est pas là où il peut le plus aider. On l'aurait mieux vu dans la relation publique, ou l'appui aux plus démunis qui cherchent appui auprès des pouvoirs publics.
Ce gars est trop ''soft'' pour entrer dans la marre des caïmans.
Ce n'est pas un dur, il ne faut pas l'exposer pour rien: ''à chacun sa meilleure place sur le bateau Sunugal''
Aliou Et Maky Degagez
En Juillet, 2015 (16:41 PM)tu prepares une planque avec 2017 avec karim au palais
Amina Diop
En Juillet, 2015 (16:49 PM)Anonyme
En Juillet, 2015 (16:56 PM)Linpilinpi
En Juillet, 2015 (18:19 PM)Gaz
En Juillet, 2015 (18:24 PM)Laye
En Juillet, 2015 (19:11 PM)Jamm
En Juillet, 2015 (19:42 PM)Niit
En Juillet, 2015 (20:30 PM)Je vous conseille de communiquer essentiellement sur les grandes questions de l'heure et d'éviter des entrevues orientées sur des déclarations politiciennes à mille lieues de notre priorité de réélection de Son Excellence Monsieur le Président de la République au premier tour.
Du courage pour la suite;
Niit
Aziz
En Juillet, 2015 (21:00 PM)C'est la preuve qu'il est un homme assez responsable et qui fait confiance à ses compétences et talents personnels pour se hisser là ou il est.
Son discours contraste de ceux que nous avions connu dans le régime de Wade, où tous les proches étaient des laudateurs.
On sent une hauteur d'esprit, une distance par rapport au Président Macky Sall, un courage personnel qu'il faut apprécier positivement.
Je ne suis ni Aprériste, ni politicien, mais son discours me rappelle celui de Harouna Dia, juste après les résultats de l'élection de Macky Sall...d'ailleurs, il n'a pas été nommé à un poste politique ou gouvernemental...
Le pays a besoin d'hommes de cette trempe, capables de faire la part des choses, et surs de leur trajectoire sans appui quelconque...
Vive la méritocratie...
Tobago Gate
En Juillet, 2015 (07:48 AM)Anonyme
En Juillet, 2015 (09:09 AM)Anonyme
En Juillet, 2015 (10:15 AM)Sisi
En Juillet, 2015 (11:19 AM)jiggen bou baakh moy am doom you baakh.. restez là à insulter.
Anonyme
En Juillet, 2015 (12:15 PM)Participer à la Discussion