A l’occasion des Assises de son organisation, qui s’ouvrent aujourd’hui à Saly, le président de l’Onecca a bien voulu faire avec Le Quotidien, un tour d’horizon assez rapide des questions qui agitent le pays à propos de l’implication de son ordre dans les faits de l’actualité, sur sa vision de la situation économique du pays, et sur l’importance des Assises qui s’ouvrent ce jour.
Vous êtes à la veille de l’ouverture de vos assises nationales à Saly Portudal. Peut-on connaître le thème de cette année ?
Les
assises ont lieu les 30 et 31 Octobre à Saly et le thème en sera
«L’expert comptable au service de la transparence». En réalité, la
profession décide de continuer à décliner le thème de la transparence.
Vous vous rappelez que les assises de février 2011, étaient consacrées
au thème de la gouvernance de la transparence et de l’accès au crédit
des Pme.
L’objectif, c’est de montrer à quel point la profession joue un rôle central
en matière de promotion de la transparence et de la bonne gouvernance dans l’économie.
Thème
ne pouvait être plus approprié en ce moment où la profession d’expert
comptable est mise en avant, avec la traque des biens mal acquis et
justement, les questions de transparence.Est-ce cette traque la raison qui vous a poussé à choisir ce thème ?
Disons
que les deux coïncident. Il n’y a pas des phénomènes de causalité ou de
lien direct entre les deux événements. Par contre, vous faites bien
d’en parler puisque je crois qu’à la fois dans cette procédure, et d’une
manière générale dans l’environnement, toutes les actions qui ont été
menées au plan public n’ont pas mis au-devant de la scène les experts
comptables. Je pence que c’est plutôt une situation inversée. Il y a eu
quelques situations anecdotiques où un ou deux experts-comptables ont pu
être cités dans des affaires relatives au processus en cours au niveau
judiciaire. Mais ce n’est pas la profession comptable qui a été mise en
avant, parce que, à ce que je sache, en tant que président de l’ordre,
je n’ai jamais été sollicité ni par la Cour de répression de
l’enrichissement illicite, ni par l’Inspection général d’Etat, ni par
aucun corps de contrôle, ni par l’Etat, en matière de processus de
traque des biens mal acquis. Je pense que la profession a un rôle
déterminant à jouer là dedans. Ce rôle, s’il devait le jouer, ce serait
dans la transparence la plus totale, et je pence que notre profession
peut apporter une très grande valeur ajoutée. Maintenant, que le
Tribunal, que la Cour, qu’un corps de contrôle fasse appel à un expert
comptable ne signifie pas qu’il a fait appel à la profession. Ce sont
des choses totalement différentes et c’est important de le souligner.
Vu
le rôle central que jouent ces commissaires aux comptes et ces
experts-comptables dont nous parlons ici, qui sont en train de gérer de
grandes entreprises mises sous administration provisoire, et leur
implication que vous appelez anecdotique, on ne peut comprendre que vous
dites que votre ordre n’ait pas été associé ?
La question
doit être posée plutôt aux institutions qui ont procédé à la fois aux
nominations et qui ont été impliquées dans cette procédure-là. Vraiment,
je peux le dire de manièretout à fait sereine, que ce soit la Cour de
répression de l’enrichissement illicite (Crei), que ce soit les corps de
contrôle, que ce soit les ordres des experts comptables, les ordres des
avocats ou les ordres des experts évaluateurs nous avons tous été créés
par la loi. Quand des institutions ont été créées par la loi, il n’est
pas bon pour la saine administration publique, qu’elles s’ignorent entre
elles. Ces institutions doivent se parler, elles doivent s’approcher.
Que la Crei s’approche de l’Ordre ou sollicite l’Ordre des experts
comptables pour avis, pour échanger sur la façon de faire ne préjuge en
rien et n’influe en rien sur les pouvoirs de la Crei en matière de
nomination. Encore une fois, la Crei nomme qui elle veut, c’est vraiment
sa prérogative la plus haute.
L’Ordre des experts ne peut pas
influer et n’a pas vocation à influer dessus. Par contre, l’Ordre des
experts comptables qui est l’organe de régulation de l’exercice de la
profession d’expert-comptable dans ce pays, aurait pu être sollicité
pour donner avis, pour donner conseil sur la façon de faire, sur la
façon de procéder.
Cela aurait évité des erreurs. Notamment, nous
avons appris qu’il y a même des nominations des personnalités qui ne
sont pas membres de nos ordres, ce qui paraît très surprenant en regard
du fait que nos Ordres sont quand même les garants du bon exercice et
nos Ordres peuvent répondre des activités de leurs membres, puisque nous
sommes les seuls habilités à sanctionner parfois lorsqu’un confrère se
retrouve dans une situation où les mauvaises pratiques qui lui sont
reprochées correspondraient à des fautes avérées. A ce moment-là,
l’ordre a un pouvoir disciplinaire, un pouvoir de sanction. Les ordres
professionnels créés par la loi, sont les seules institutions à avoir ce
niveau de garantie vis-à-vis de l’activité de leurs membres. Donc,
faire appel à des personnalités qui ne sont pas membres des Ordres,
paraît très surprenant. Peut-être que ces personnes sont plus
compétentes, ou la Cour a estimé que ces personnes sont plus compétentes
que les experts comptables membres de l’ordre. Je pense quand même que
parmi 150 experts comptables inscrits au tableau aujourd’hui et 70
sociétés d’expertises comptables et d’audit, il y avait largement où
faire le choix pour procéder à ces nominations. Mais encore une fois, il
ne nous appartient pas de remettre en cause le pouvoir de décision d’un
Tribunal, d’un juge ou d’une Cour.
Mais n’avez-vous pas
de voie de recours, si vous trouvez que ces personnes ou ces structures
choisies ne répondent pas à certains critères de probité ou
d’engagement moral ?
Nous nous en sommes ouverts aux
autorités, nous ne sommes pas restés les bras croisés. Nous sommes une
profession qui n’aime pas les joutes publiques, les invectives. Nous
préférons agir dans la discrétion, mais dans le respect total de nos
droits et obligations mais également des institutions républicaines.
Nous avons saisi les autorités pour leur faire part de ces pratiques qui
ne nous paraissent pas conformes au respect que se doivent les
institutions judiciaires et les ordres professionnels puisque nous
sommes totalement partenaires. Dans tous les Tribunaux, dans toutes les
Cours du Sénégal, tout à fait régulièrement et de manière très courante,
les experts comptables font des missions entre les parties, à la
demande des juges. Nous apportons les faits aux juges, pour leur
permettre de dire le droit. C’est ça notre vocation. Donc, nous le
faisons de manière régulière, Nous ne comprenons pas que dans le cadre
d’une autre institution nouvelle, il y ait des choses qui se passent
mal. Je ne perds pas espoir, je pense que les autorités non seulement
ont pris conscience de ces choses qui ne sont pas normales. J’ai appris
il n’y a pas longtemps, comme vous d’ailleurs, c’était dans la presse,
qu’il y a des procédures qui avaient été remises en cause. Mais je pense
qu’à un moment donné, tout le monde se rendra compte que ce qui se fait
ne doit pas être fait de cette façon-là et qu’il n’est pas trop tard
pour rectifier le tir. Et les ordres sont là, et notre ordre, l’Ordre
des experts comptables est là pour appuyer et assister les autorités
dans la promotion de la transparence et de la bonne gouvernance.
Au
sein de l’Ordre même, quand l’un des vos membres est mis au-devant de
la scène pour des actes répréhensibles, y a-t-il des procédures de
sanction, de blâme ou autres ?
Lorsqu’il y a faute où
lorsqu’il y a plainte, les personnes qui se sentent mal servies ou qui
se sentent en situation de subir un préjudice de la part d’un de nos
membres ont toute facilité et vraiment tout accès au Conseil de l’ordre
pour se plaindre.Et lorsqu’ils se plaignent, nous sommes une institution
dotée de ce qu’on appelle une chambre de discipline. Cette chambre de
discipline, elle est présidée par un magistrat. Et ce magistrat est le
président de la première chambre correctionnelle de la Cour d’appel de
Dakar. C’est dire le niveau où la justice professionnelle est placée. Et
ce magistrat est nommé par le Premier président de la Cour d’appel. Ce
n’est même pas nous qui le nommons.
Ce que nous faisons, nous le
faisons assister par deux membres de l’Ordre, deux experts-comptables,
dont le rôle est de l’aider à comprendre les faits. Lorsqu’un expert
comptable commet une mission d’audit de commissariat aux comptes et
qu’une personne se sent lésée et estime que l’expert comptable ou le
commissaire aux comptes a commis des fautes dans l’exercice de sa
mission, en ce moment-là, il demande à ce qu’une investigation soit
ouverte et celle-ci, forcément, ne peut être menée que par des
experts-comptables, qui permettent de dire si, au regard des règles
professionnelles qui nous régissent, le confrère a bien ou mal agi. Et
s’il a mal agi- les fait sont établis bien sûr, c’est une justice
contradictoire- cela permet au président de la Chambre de discipline,
avec les autres membres, de pouvoir se prononcer sur des bases
factuelles et objectives et dire qu’il y a faute, et en fonction de
celle-ci, de dire quelle est la sanction, puisque ces sanctions
également sont prévues dans nos textes.
C’est dire que nous offrons toutes les garanties, par rapport au respect par nos membres, de leur éthique, de
leur déontologie, ainsi que des standards professionnels auxquels nous sommes soumis.
150 membres inscrits au tableau de l’Ordre, cela indique un niveau de croissance important, et également, que la situation économique est très bonne au Sénégal. Est-ce à dire que l’environnement économique est bon pour vous ?
La situation n’est pas mauvaise. La profession comptable est totalement imbriquée et liée à l’activité économique.
En réalité, il n’y a pas une transaction économique qui se fait, de manière significative, sans la présence
de
l’expert comptable. Depuis la création de la société, les augmentations
de capital, les fusions, les acquisitions de sociétés, toutes ces
opérations sont accompagnées, fiabilisées par des experts comptables.
Lorsqu’une entreprise veut en acquérir une autre, l’expert comptable est obligé d’aller contrôler les comptes de
l’entité
à acquérir, pour voir si les chiffres annoncés ne cachent pas des
anomalies ou des surprises pour l’acquéreur. Et donc, nous sécurisons la
personne qui doit procéder à une acquisition d’entreprise. En cas de
fusion également, nous aidons à définir le poids respectif des
entreprises qui doivent fusionner, pour voir comment on établit les
parités dans les cadres des échanges des actions dans la nouvelle entité
à créer. Donc, nous sommes véritablement installés au
coeur de l’économie. Donc, tant qu’il y a de l’activité économique, forcément, les experts comptables trouvent
une activité économique tout-à fait normale. Cette activité se fait en deux volets. Le premier est celui du
conseil et de l’accompagnement. Par la tenue des comptabilités, par la préparation des états financiers, les
conseils, par l’accompagnement des investisseurs. Donc, sur tous ces points, il y a une activité économique
assez correcte et rémunératrice pour la profession. Bien entendu, il appartient aux professionnels de montrer
la valeur ajoutée qu’ils apportent au client. Si le client est satisfait, il est normal que le paiement soit en
conséquence,
donc que nous soyons honorés, puisque nous percevons des honoraires.
Nous n’avons pas de paiement lié aux enjeux des transactions.
Ce
n’est pas parce que le client gagne des milliards que nous allons avoir
un pourcentage de ces milliards. Nous gagnons sur la base du temps de
travail que nous passons, qui est valorisé selon la qualification
des
intervenants dans la mission. Et c’est pareil pour le second volet, qui
est le contrôle. La mission de contrôle comporte deux volets, le
premier est le contrôle légal, que l’on
appelle le Commissariat aux comptes. C’est une exigence de la loi. C’est l’Acte uniforme qui dit que les sociétés
anonymes
doivent faire l’objet d’un contrôle de la part des Commissaires aux
comptes. Leurs comptes annuels doivent faire l’objet d’une
certification, c’est une obligation qui pèse sur les sociétés. A la
création, vous êtes obligés de nommer un Commissaire aux comptes
titulaire et un suppléant qui est censé le remplacer en cas
d’impossibilité ou d’incapacité d’exercer. Le deuxième volet est l’audit
contractuel. Lorsqu’une entité n’est pas soumise au Commissariat aux
comptes, ou bien, bien que soumise au Commissariat aux comptes, estime
qu’elle doit faire des contrôles supplémentaires sur ses comptes, il est
normal qu’elle fasse appel à un professionnel. C’est ce que l’on
appelle l’audit contractuel, où l’on nous demande de venir conforter la
situation et de dire si les comptes sont réguliers et sincères, qu’ils
donnent une image fidèle de la situation de l’entité concernée. Cela est
totalement lié à l’économie, cela rassure, ça conforte le chef
d’entreprise et cela lui permet de prendre une décision sur réguliers et
sincères, qu’ils donnent une image fidèle de la situation de l’entité
concernée. Cela est totalement lié à l’économie, cela rassure, ça
conforte le chef d’entreprise et cela lui permet de prendre une décision
sur une base fiable. Si l’information financière n’est pas fiable, si
elle n’est pas certifiée de manière indépendante, cela peut poser des
problèmes aux chefs d’entreprises.
Pour en revenir à la question, l’activité économique est-elle
suffisamment attrayante pour expliquer cet engouement dans le métier de
Commissaire aux comptes ?
Disons que l’activité économique
de base permet à une population telle que celle que nous avons, de
pouvoir tirer des revenus de manière honorable. mais je pense que
l’activité économique pour le pays, si c’est cette perspective que vous
voulez aborder, doit être relancée très fortement et de manière
volontaire. Si j’avais un avis à donner, mais c’est l’avis d’un simple
contribuable, d’un simple citoyen, c’est de dire qu’il est temps
aujourd’- hui, que l’activité économique reprenne. Nous avons vécu une
année 2011 au cours de laquelle les six derniers mois ont été consacrés à
la politique. Le début de l’année 2012, vous le savez comme moi, a été
également consacrée à l’activité politique, puisqu’il s’agissait de la
période de préparation pour l’élection présidentielle. Et à la suite des
élections présidentielle et législatives, et après les législatives, la
Déclaration de politique générale du Premier ministre [Abdoul Mbaye],
qui a eu lieu au mois de septembre. Si on compte tout cela, ça veut dire
que depuis la moitié de 2011 jusqu’à la fin de 2012, il n’y a pas eu
véritablement de mise en oeuvre d’un plan de relance de l’économie du
Sénégal. 2013, nous ne sentons pas véritablement de frémissement au
niveau des activités économiques. Il y a plutôt ralentissement. Si les
entreprises pouvaient crier, elles seraient en train de hurler sur la
Place de l’indépendance, parce que la situation est très difficile, elle
est même catastrophique. Beaucoup d’entreprises sont sur le point de
déposer le bilan, beaucoup sont dans des difficultés économiques
énormes, et je crois que le gouvernement en est conscient, puisque le
chef de l’Etat a, au cours d’un Conseil des ministres il y a à peu près
un an, demandé le recensement des entreprises en difficulté. Pour faire
l’état des lieux et savoir si le phénomène est réel. La Direction de
l’appui au secteur privé a lancé un recensement, je crois qu’il y a eu
des réponses à cela. J’ai moimême proposé au directeur de l’appui au
secteur privé une coopération entre la profession et le minis Finances
dans le cadre de ce recensement, parce que les experts-comptables
connaissent les maux des entreprises. Nous sommes des médecins de
famille, nous connaissons les petits bobos, et pouvons donc aider à ce
recensement. Et à l’issue de ce recensement, nous pouvons aussi aider au
diagnostic, au dépouillement des résultats des questionnaires, pour
voir s’il y a véritablement des maux, quels sont-ils, où ils sont
situés, et quels remèdes nous pouvons aider à proposer à l’Etat.
J’espère que ce projet va aboutir très prochainement, car cela permettra
certainement de donner un coup de fouet à l’économie. Il y a des
secteurs qui sont totalement sinistrés. Ce serait ne pas rendre service à
l’Etat que de ne pas lui dire qu’aujourd’hui, l’économie est vraiment
au ralenti.
Votre organisation, l’Onecca, a été au centre des audits
lancés il y a douze ans environ par le régime de Wade. Et vous êtes
également aujourd’hui, au coeur de la traque des biens mal acquis. Y a-t-il une comparaison sur la démarche méthodologique, sur les résultats de l’une et de l’autre opération ?
C’est
difficile, sincèrement, de comparer les situations. Les contextes ne
sont pas les mêmes, mais surtout, les approches ne sont pas les mêmes.
Je pense qu’en 2000, il y avait une volonté de faire un état des lieux
mais par contre, au résultat, nous avons été un peu déçus. On a sentis à
la fin que tout cela avait été utilisé, non pas pour redresser, mais
plutôt pour faire de la querelle politicienne, et cela nous a navré
profondément. Je pense que la profession a été choquée par l’utilisation
qui a été faite des résultats de ces audits. Cette fois-ci, il n’y a
pas eu d’audit à proprement parler, la profession n’a pas été mise à
contribution du tout ! Il y a eu des annonces concernant des missions
d’audit à faire auprès des entités publiques, mais à ce jour, la
profession comptable a été totalement exclue de cela. Nous n’avons pas
été invités par l’Etat du Sénégal, à procéder à des missions d’audit. Ce
qui s’est passé, c’est que l’Inspection générale d’Etat (Ige) – puisque
je suppose que c’est à elle qu’a été dévolue la mission de procéder aux
audits a lancé un appel dans un journal, il y a un an, sollicitant des
cabinets pour les agréer. Sans dire exactement pourquoi les agréer. Nous
n’avons pas compris cette procédure, parce que les experts-comptables,
s’ils sont membres de l’Ordre, ont un agrément de par la loi. Dès lors,
il n’y avait pas besoin de les agréer pour quoi que ce soit. Il s’agit
simplement de lancer des manifestations d’intérêt, comme les
recommandent les règles de marché, et que le meilleur gagne. Maintenant,
s’il s’agit d’un mouvement beaucoup plus organisé, structuré, dans
lequel l’Ige estime qu’elle a besoin de la force des experts-comptables
pour l’accompagner dans une mission qui lui est dévolue, cela se serait
passé entre l’Ordre et l’Ige, pour définir les modalités de cette
collaboration. Je pense que c’est la meilleure démarche. J’ai compris
qu’il y aurait eu quelques confrères à qui ont aurait proposé de
réaliser quelques missions ; on leur aurait également dit de répondre en
leur demandant de donner leurs prix, ils auraient fait des offres
financières, mais depuis, à ma connaissance, aucun des cabinets
comptables n’a démarré des missions. Par contre, j’ai appris, dans une
ou deux entités, qu’il y a des «experts», qui sont en train de démarrer
des audits. Mais ces «experts» ne sont pas membres de l’Ordre. Je ne
sais pas où on les a pris, qui les a mandatés, à quel titre, mais ils ne
sont pas membres de notre Ordre, nous n’en répondons pas, nous ne
sommes pas concernés par ce genres de procédures, et si demain ces
personnes posent des actes qui n’ont rien de professionnel, cela ne
pourra pas du tout être reproché à la profession comptable. Et je pense
qu’il est vraiment temps que l’on puisse s’asseoir avec les autorités
publiques, les corps de contrôle,
pour définir ensemble une stratégie
de coopération entre des organes qui, je le rappelle, ont été créés par
la loi. L’Ige, la Cour des comptes, les Cours et Tribunaux, n’ont pas
été créés différemment de l’Onecca.
A vous entendre, vous avez le sentiment que les pouvoirs publics ne comprennent pas le rôle de l’Onecca.
Je ne peux pas dire cela. Si les pouvoirs publics ont créé l’Onecca,
c’est qu’ils sont conscients de l’utilité d’un instrument comme
l’Onecca. Maintenant, est-ce qu’ils profitent suffisamment de
l’instrument qu’ils ont créé, je pense que non. Les autorités publiques
pourraient davantage profiter de ce que représente la profession
comptable. Je vais donner un exemple. Aujourd’hui, nous avons un budget
d’entre 2000 et 2500 milliards environ. Rien que les recettes fiscales
représentent 800 milliards. Environ 1,6 fois le montant du budget en
2000. Les recettes de l’Administration fiscale sont basées sur une
assiette, qui est composée des chiffres d’affaires des entreprises, des
recettes des entreprises, des salaires versés par ces entreprises, et
j’en passe. Mais tous ces chiffres, leur fiabilisation est faite par les
experts-comptables, les Commissaires aux comptes, c’est à dire des
membres de l’Onecca. C’est dire qu’en termes de contribution au
développement économique et au renforcement de l’Etat, la profession
comptable est incontournable. C’est pour cela que l’Etat a créé l’Ordre.
Il lui appartient maintenant de faire en sorte que les différentes
institutions coopèrent mieux entre elles.
Revenons-en à vos Assises du mercredi. Quels en seront les moments forts ?
Les
Assises sur le thème de la transparence, on les a déclinés sur trois
axes. Le premier axe, c’est le secteur non marchand. C’est le secteur
qui regroupe les Organisations non gouvernementales (Ong), les
associations, les projets de développement, bref, tout ce qui touche à
l’activité non marchande d’une manière générale. Sur ce secteur
d’activité, le besoin de présentation d’une information financière
transparente et fiable est d’un intérêt capital. Rien que les Ong, vous
savez qu’ils font appel à… comment dire, aux bienfaiteurs publics. Cet
appel aux bienfaiteurs publics se fait au travers d’institutions qui
sont partout dans le Monde, qui collectent des fonds et les mettent à la
disposition de ces organisations pour les aider à soulager les
difficultés des populations. Par conséquent, il est clair que ces gens
attendent en retour des informations claires sur un secteur qui ne fait
pas suffisamment appel, mais qui a vraiment besoin de la profession
comptable pour l’accompagner de manière indépendante et montrer que la
transparence est bien une préoccupation majeure pour eux. Le second
volet concerne le secteur privé. Nous aurons même la chance d’avoir un
grand banquier de la place de Dakar, qui fera le déplacement à Saly pour
nous délivrer un message sur sa vision de ce que la banque peut faire
pour l’entreprise. Et en face, il yaura les représentants du secteur
privé. La Direction de la comptabilité publique et du Trésor va modérer
ce panel pour nous permettre d’avoir un partenariat très fort entre
l’Etat, le secteur privé et les banques pour dessiner ensemble un
diagnostic et faire des recommandations sur la manière de pousser le
secteur privé à être encore plus performant. Le troisième volet va
concerner le secteur des collectivités locales. C’est un secteur qui a
énormément besoin d’information de qualité, fiable, et de systèmes de
gestion transparente. Au niveau des règles comptables, les collectivités
en étaient encore aux règles de comptabilité publique. Celles-ci sont
en train de changer. Le ministère des Finances a pris des mesures pour
faire muter la comptabilité publique vers les systèmes de comptabilité
privée, adoptant même le Syscoa comme nomenclature et comme règle, pour
que l’Etat puisse présenter une information financière qui soit proche
de l’information que produisent les entreprises privées. C’est une
avancée majeure, et il faut que les collectivités locales puissent en
faire autant, et qu’elles puissent faire l’objet de contrôle pour
vérifier la fiabilité de leurs comptes. En France, il y a eu un
mouvement important de refinancement des collectivités locales par le
secteur bancaire. Cela a permis à des collectivités de faire des
avancées très importantes. Bien sûr, ces financements sont adossés sur
la capacité de ces collectivités de mobiliser des ressources de manière
pérenne à travers les taxes collectées, à travers des services rendus au
niveau local. Mais tout ceci doit pouvoir être réfléchi de manière à
permettre à nos collectivités de faire des plans de développement, de
bâtir des stratégies de développement. Je vois ce que fait la mairie de
Dakar ; on sent un très fort volontarisme dans le développement de
l’agglomération de Dakar. Et je pense que, de manière inéluctable,
toutes les collectivités auront vocation à faire le même saut.
7 Commentaires
Ass
En Octobre, 2013 (14:51 PM)Poufff
En Octobre, 2013 (15:19 PM)Le Vrai Senegalais
En Octobre, 2013 (16:06 PM)Mor Wade
En Octobre, 2013 (18:12 PM)Kothie
En Octobre, 2013 (18:41 PM)Diop
En Octobre, 2013 (18:42 PM)étudiant
En Octobre, 2013 (10:42 AM)MAIS........................
Mr Fall qu'en est-il du concours d'expertise comptable au Sénégal ?
Comment se fait-il qu'on soit dans un pays sous développé et que le concours soit payant à hauteur de 4.000.000 de francs CFA et avec un taux de réussite extrêmement faible ?
Qu'en est-il des diplômes de l'expertise comptable sénégalais venant de pays étrangers ?
Qu'en est-il des équivalences et de l'inscription à l'ordre des experts comptables ?
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