Serigne Aramine Mbacké : «Il y aura une baisse de 10 à 15% sur le prix de la tonne de ciment»

C’est une exclusivité. La troisième cimenterie, propriété du groupe Dangoté, va démarrer ses activités en mi-novembre 2014. Selon Serigne Aramine Mbacké, Directeur général de ladite structure, ce projet qui va générer 5 000 emplois a englouti 350 milliards de FCfa. Il annonce une baisse de 10 à 15% sur le prix actuel de la tonne de ciment. Selon lui, le groupe va aussi investir dans le sucre, le riz et les hydrocarbures avec la perspective de créer 80 000 emplois. Pour cela, révèle-t-il, un portefeuille de 1 000 milliards de FCfa est déjà disponible.

«Dangoté industrie va produire 1 500 000 tonnes de ciment par an»

 «Nous sommes prêts à investir 2 000 milliards de FCfa, voire plus, dans la filière «Riz» au Sénégal»

«Dangoté est en négociation avancée pour racheter la Sar»

 

Au mois de mars dernier, vous disiez que les essais concernant la centrale électrique sur le site de Pout sont terminés et la production de ciment va démarrer dans trois mois, donc en juin dernier. Pourquoi ce retard ?

Le retard est dû au changement de quelques machines, mais la centrale fonctionne actuellement. Depuis deux mois maintenant, tous les essais sont effectivement terminés. La centrale fonctionne en plein régime.

Quand est-ce que l’usine va démarrer, exactement ?

Puisque les tests sont finis, l’usine va réellement démarrer la production en mi-novembre 2014.

Quel est le montant englouti par ce projet ?

Avec la centrale de 30 mégawatts, on est à 350 milliards de FCfa d’investissements.

Combien d’emplois seront créés par cette cimenterie ?

Il y aura 1 000 à 2 000 emplois directs et 3 000 emplois indirects, soit un total prévisionnel de 5 000 emplois.

Peut-on avoir une idée de la production annuelle escomptée ?

Nous envisageons d’atteindre une production de 3 millions de tonnes par an. Mais nous démarrerons par l’objectif de 1 500 000 tonnes, certainement dans 8 mois, nous doublerons cette production en atteignant notre vitesse de croisière. Au démarrage, nous produirons 4 000 tonnes par jour.

En termes de Responsabilité sociétale d’entreprise (Rse), que compte faire Dangoté Industries pour les populations de Pout ?

Nous n’avons pas attendu de commencer nos activités pour aider les habitants de Pout et Keur Moussa. Depuis 3 ans maintenant, nous faisons beaucoup dans le social. Cette année, on a envoyé 20 personnes à La Mecque, 14 résidents en ont bénéficié l’année dernière et autant en 2012. Puisque les populations vont être délocalisées, nous construisons actuellement des maisons «clés en main» en rechange. Elles bénéficieront également d’un dispensaire, d’une mosquée, d’une école.

Trois cimenteries au Sénégal, ne craignez-vous pas une saturation du marché ?

Ce n’est pas une hypothèse que nous envisageons. Malgré l’existence actuellement de deux cimenteries, l’approvisionnement correct du marché laisse à désirer. Le ciment reste encore très cher au Sénégal et il est difficile parfois d’en trouver. C’est inexplicable. Donc, notre arrivée sur le marché va faire beaucoup de bien aux populations, car le prix sera intéressant et le produit existera sur le marché.

Le prix du ciment va baisser alors au Sénégal ?

C’est inévitable, concurrence oblige. Nous vendrons 10 à 15% moins cher la tonne, par rapport au prix actuel sur le marché.

Comment comptez-vous alors booster l’économie nationale ?

Avec les emplois que nous allons créer, cela apportera forcément un plus à l’économie nationale. 5 000  emplois pour une seule usine, c’est déjà pas mal. En plus, nous produirons aussi du sucre sur 40 000 ha, ce qui fera un nombre d’emplois cumulé d’au moins 80 000.

Justement, Dangoté Industries investit aussi dans les engrais, le sucre, les hydrocarbures, la transformation fruitière…, allez-vous également étendre vos investissements dans ces secteurs d’activité au Sénégal ?

Actuellement, les négociations sont en cours pour aider le pays dans le domaine des hydrocarbures. Nous sommes en train de voir ce qu’on peut faire avec la Société africaine de raffinage (Sar). Nous avons une société qui s’appelle «Mrs» qui va s’occuper des hydrocarbures au Sénégal et qui est en discussion très avancée pour racheter la Sar. Avec l’aide des autorités étatiques, nous aiderons le pays dans plusieurs volets. Nous sommes dans l’importation au niveau des hydrocarbures depuis deux ans maintenant. On envisage aussi d’aider le pays au niveau de la filière «Riz». Cette année-ci, nous avons investi plus de 2 milliards de dollars (environ 2 000 milliards de FCfa) dans cette filière au Nigeria. Nous sommes prêts à investir autant, voire plus, au Sénégal.

Pour avoir beaucoup investi en Afrique, comment jugez-vous l’environnement des affaires au Sénégal ?

Le Sénégal est un hup pour Dangoté industries. C’est un pays stable économiquement, politiquement, un pays émergent qui connaîtra bien des avancées avec la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (Pse). C’est l’avenir de l’Afrique francophone. C’est pourquoi le groupe Dangoté en a fait sa cible privilégiée. Avec l’appui de tous les Sénégalais, Dangoté va investir plus au Sénégal.

Il se dit que des lobbies occidentaux ne veulent pas de votre implantation au Sénégal. Confirmez-vous cette thèse ?

Cela est connu de tous, ce sont les Français qui sont derrière cette funeste entreprise de déstabilisation du groupe Dangoté. Dangoté est un panafricaniste convaincu qui sait que l’Afrique ne peut pas se développer sans les Africains. Il n’investit qu’en Afrique, c’est pourquoi il doit avoir le soutien de tous les Africains. Actuellement, il est en train de construire la plus grande raffinerie d’Afrique qui va produire 400 000 barils de pétrole par jour pour un investissement de 13 milliards de dollars (environ 6 mille 500 milliards de FCfa). C’est le numéro deux de la production mondiale du sucre. Les Africains qui les aident ne travaillent que pour leurs intérêts propres, ils se moquent éperdument des intérêts de l’Afrique. Comment peut-on investir 400 milliards de FCfa dans un pays et laisser les Occidentaux saborder et décourager des Africains qui veulent aider leur continent à se développer !

Un mouvement dénommé «Aar Dangoté» a été mis en place par des jeunes de Rufisque et de Pout. Comment appréciez-vous cette initiative ?

Je ne peux qu’encourager ce mouvement. Au moins ces jeunes ont compris le combat de Dangoté pour le Sénégal et l’Afrique. Personne ne développera l’Afrique à la place des Africains. Ce sont des patriotes qui comprennent la nécessité de protéger Dangoté et de sécuriser ses investissements au Sénégal. Des lobbies ont tenté de les en dissuader, mais ça n’a pas marché. Tous les Sénégalais doivent soutenir de telles initiatives, puisqu’il y va de leurs intérêts.

En quoi le groupe Dangoté va-t-il se différencier de l’existant ?

Je demande aux Sénégalais d’observer et d’écouter, ils verront la différence avec le groupe Dangoté. Il y a des usines et des compagnies dirigées par les Occidentaux qui ont fait 50 ans au Sénégal sans rien changer aux conditions de vie des Sénégalais. Elles rapatrient tout l’argent gagné en Afrique chez elles, il est temps que la tendance s’inverse et que les Africains eux-mêmes assument le développement de leur continent. Dangoté dispose d’un portefeuille de 1 000 milliards de FCfa qu’il est prêt à investir au Sénégal. Nous sommes disposés à accompagner le Président Macky Sall dans la réalisation du Pse. Nous avons de très grands projets dans le pipeline que nous dévoilerons le moment venu.

IBRAHIMA DIAKHABY