
Libération offre une tribune à quatre activistes africains. Ils racontent leurs combats, sans attendre les négociations internationales où ils sont « souvent oubliés ». Deux femmes, deux hommes : il y a d’abord Hindou Oumarou Ibrahim, elle à 30 ans, elle est tchadienne. Elle veut porter la voix de la communauté peule, 300 000 âmes qui vivent de la transhumance, « une culture dépendante de l’environnement ». Ses solutions : sécuriser les parcours des nomades, impliquer les communautés locales, multiplier les installations hydrauliques.
« Fatalistes, passez votre chemin » : Maman Zakara, 35 ans, malien, pense qu’il faut se servir de « notre première ressource, le soleil ». Avec son ONG, il multiplie les microprojets. Des boutiques énergétiques fournissent de l’électricité dans des villages, des soudeurs ont enfin du courant en continu.
Il y a encore Zenabou Segda, Burkinabè de 44 ans. Elle se bat pour un meilleur accès des femmes à la terre, à l’instruction agricole, et donc à la sécurité alimentaire. Et enfin le Nigérien Moutari Abdoul Madjid. Dans son pays, le désert avance. Il pleut de moins en moins. Il raconte que dans son village, il n’y a « même plus de crocodiles dans les mares ». Alors il désherbe les cours d’eau, cultive des arbres fruitiers, plus résistants, il sensibilise par des sketches à la radio. Sans attendre l’aide des pays du Nord, pour éviter l’exil : 52 migrants partis de son village sont morts entre le Niger et la Libye.
Drame dans le drame
La Libye au centre de ces tragédies qui se terminent souvent en Méditerranée. Après la disparition de centaines de personnes dimanche dernier au large de l’Italie, article dans Le Parisien Aujourd’hui en France au sujet des passeurs et de leur « business ultraviolent ». Agissements barbares, et « méthodes modernes ». Ces marchands de rêve utilisent les réseaux sociaux pour vendre leurs services. Désormais ils n’attendent plus le printemps, lorsque la météo est plus favorable. Ils vont jusqu’à menacer les garde-côtes pour récupérer leurs rafiots et les réutiliser.
La presse relate également le drame dans le drame : témoignage dans Le Figaro de rescapés chrétiens agressés par des compagnons d’infortune. Des musulmans qui auraient précipité par dessus-bord neuf Ghanéens et trois Nigérians. Hamed, Nigérian chrétien, raconte la bagarre générale sur le canot pneumatique : « ils voulaient nous jeter à l’eau parce que nous étions en train de prier Dieu et non Allah ».
Plan outrageusement modeste
Face au racisme et à l’antisémitisme, le plan de Manuel Valls est assez mal accueilli dans la presse française. « Réformer le droit, cadrer le numérique, impliquer l’école est tentant », écrit Didier Rose dans les Dernières Nouvelles d’Alsace. Mais « la rancœur naît également de la crise. La peur de perdre son travail, l’impression que certains abusent des prestations sociales, le sentiment de payer trop d’impôts participent à la construction d’un ennemi intérieur, si possible différent de soi-même. Pour affaiblir l’idéologie qui alimente le rejet, il faut se battre pour l’emploi, la justice sociale, la solidarité, l’urbanisation. C’est plus long que de lancer un plan à 100 millions » sur trois ans. « Un plan outrageusement modeste », nous dit La Charente Libre.
« Il faut être lucide », confirme l’éditorial du Journal de la Haute Marne, « on ne fait pas reculer la haine de l’autre en quelques mois ou quelques années. Les extrémistes de tout bord font leur miel de toute stigmatisation ».
« A-t-on vraiment pris la mesure de ce qu’était devenu ce phénomène, en ce début du XXIe siècle », se demande la République des Pyrénées. « Les traits physiques ont été substitués par une fixation sur les religions ou sur les différences culturelles. L’antiracisme de notre époque reste à inventer ».
Tuer le père
La guerre intestine au Front National, par médias interposés, est commentée dans La Croix. Bruno Frappat, dans son éditorial, analyse d’un point de vue psychologique l’éviction programmée de Jean-Marie Le Pen par sa fille Marine. « Comme dans une famille, il a fallu couper le cordon, sanctionner les délires du papa, requérir une sorte d’ambulance médiatique pour le placer en lieu sûr. Rien à voir avec le meurtre du père, mais un lent effacement à visée tactique. L’originalité est que cela ait été le fait d’une fille. En général, c’est aux fils qu’il incombe de tuer le père. Mais Jean-Marie Le Pen n’a que des filles. Marine a fait un travail d’homme ».
Inoxydable optimisme
François Hollande, qui va parler pendant deux heures demain dimanche à la télévision, reste « enlisé dans l’impopularité ». Résultat d’un sondage Opinion Way publié par Le Figaro. Près de 8 français sur 10 sont mécontents ou très mécontents de l’action du chef de l’Etat. Malgré son « inoxydable optimisme », « la baraka ne suffira pas », estime le quotidien sans guère de concession. Le bilan de ces premières années de quinquennat : « le chômage a flambé et les impôts aussi ». Le journal se demande : « est-il vraiment utile d’y consacrer deux heures un dimanche de printemps ? »
La vraie bataille commence
Le Figaro est aussi allé à la rencontre des salariés de Radio France. « Grévistes et non-grévistes sortent épuisés » d’un mois de bras de fer et de programmes très musicaux. « Angoisse » des salariés des différentes antennes du groupe audiovisuel public, dont RFI, on le rappelle, ne fait pas partie. « A quoi aura servi cette grève ? », se demande un salarié, puisque rien n’est réglé. Les restrictions budgétaires et le plan de départs volontaires prévus par le PDG restent d’actualité. « La vraie bataille commence », dit un syndicat. Le Figaro écrit que les vacances de Pâques, qui débutent aujourd’hui, seront « quelques jours de respiration pour oublier un peu ce conflit ».
Audace visionnaire
Une frégate partout ce matin à la hune, cette plate-forme intermédiaire dans les mâts des navires. Partout la photo de ce bateau fabuleux, de ces voiles gonflées par le vent. La réplique de celui qui emmena La Fayette au secours des indépendantistes américains. Cap sur l’Amérique. Ce qui inspire cette réflexion lyrique dans Sud-Ouest. « L’engouement populaire déjà perceptible outre-Atlantique devrait raviver notre mémoire sur l’engagement fondateur d’un jeune aristocrate à l’audace visionnaire dans le combat pour la liberté ».
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