POLLUTION - Le gouvernement a décidé la mise en place de la circulation alternée à Paris et les départements de la petite couronne lundi à partir de 05h30 pour faire face à une "remontée de la pollution", a annoncé samedi 15 mars Matignon.
Jean-Marc Ayrault assure comprendre les "difficultés que cette mesure risque d'entraîner" mais il la juge "nécessaire" pour faire face à un nouveau pic attendu pour dimanche soir, précise le communiqué. Il a donc décidé la mise en place de la circulation alternée à Paris, en Seine-Saint-Denis, dans les Hauts-de-Seine et dans le Val-de-Marne lundi à partir de 05h30.
Si la circulation alternée était déjà une mesure existante pour les pics de pollution à l'ozone, c'est la première fois qu'elle est appliquée dans le cadre d'une pollution aux particules fines.
Les transports en commun continueront à être gratuits, comme l'a annoncé le président du Stif (transports franciliens), Jean-Paul Huchon, jusqu'à ce que la circulation alternée soit levée.
Ayrault compte sur le civisme des Français
Ce dispositif sera "confirmé lundi matin pour la journée de mardi en fonction de l'évolution de la situation", selon Matignon. La circulation alternée prévoit d'alterner les voitures entre plaques paires et impaires, mais le communiqué de Matignon ne précise pas quelles numéros seraient autorisés lundi.
"Le Premier ministre est conscient des difficultés que cette mesure risque d'entraîner pour la vie quotidienne des Franciliens", assure le communiqué. "Mais cette mesure supplémentaire est nécessaire", ajoute-t-on à Matignon. Jean-Marc Ayrault "fait confiance à l'esprit de responsabilité et de civisme de chacune et de chacun", conclut le communiqué.
Le ministre de l'Ecologie Philippe Martin a déclaré un peu plus tôt dans la journée de samedi que la circulation alternée restait "une des possibilités" pour lutter contre la pollution, même si c'était "une décision lourde". Une décision qui pourrait être assez impopulaire à une semaine des élections municipales. La circulation alternée, qui prévoit d'alterner les voitures entre plaques paires et impaires, a été testée une seule fois, en 1997.
Elle a laissé "des mauvais souvenirs", selon le ministre, alors que selon le président d'Airparif, Jean-Félix Bernard, l'association "avait constaté une diminution assez nette" de la pollution et la mesure avait été "bien reçue". Dans une interview à Libération samedi, Philippe Martin a déclaré travailler à des mesures pérennes avec les collectivités territoriales qui se traduiront par l'annonce d'ici l'été d'un plan de protection de l'atmosphère des zones les plus touchées.
Le seuil d'alerte maximal aux particules était toujours dépassé samedi pour la cinquième journée consécutive dans plusieurs régions, principalement du nord de la France, mais la situation s'améliorait grâce à un vent plus favorable. En Ile-de-France, vendredi, des pics ont été observés à 180 microgrammes de particules par m3, bien au-delà du seuil d'alerte aux PM10 - poussières émises par les véhicules (diesel), chauffage (fioul et bois) et l'industrie - fixé à 80 microgrammes.
Un sujet très politique
L'association 40 millions de consommateurs a jugé la circulation alternée "inapplicable", "stupide" et "électoraliste" dans ces départements très fréquentés. "Qui va contrôler la circulation ? Comment ?", s'est interrogé son président Pierre Chasseray.
A une semaine du premier tour des municipales, les candidats à la mairie de Paris avaient des réactions contrastées. Anne Hidalgo (PS) a prévu dimanche matin une conférence de presse, annoncée avant la mise en place de la circulation alternée. Le dissident UMP Charles Beigbeder a décidé d'aller distribuer des masques de protection dimanche matin dans les 8e et le 17e arrondissements.
Le candidat écologiste, Christophe Najdovski (EELV), qui depuis le début de la semaine, n'a cessé d'appeler à des mesures nouvelles, a salué la décision du gouvernement. Il a toutefois estimé qu'elle était "extrêmement tardive" et ne réglerait "rien sur le fond". Pour lui, il faut engager "la sortie du diesel". Même satisfaction chez la candidate du Front de gauche, Danielle Simonnet, qui a réclamé aussi la sortie du diesel. Wallerand de Saint-Just, candidat du Front national, a vilipendé pour sa part une "punition" infligée par le gouvernement.
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